Le holding public a racheté 3 850 ha de chez les domaines à 50 DH le mètre en moyenne. Il les leur vend à 600 DH. Les prix proposés jugés trop élevés par les promoteurs. Al Omrane invoque le coût de la viabilisation. Les premiers signes de désaccord apparaissent déjà entre Al Omrane et les promoteurs privés au sujet des 3 800 hectares devant servir au programme des logements mixtes. Pour encourager les promoteurs immobiliers à adhérer à cet ambitieux programme, le ministère de l'habitat avait signé en février 2009 une convention avec le ministère des finances pour l'acquisition de plus de 3 857 ha précisément auprès de la direction des Domaines publics. Al Omrane avait ensuite lancé des appels d'offres ouverts aux promoteurs immobiliers nationaux et internationaux pour la cession de lots de terrains devant servir à la construction de projets comprenant trois types de logements prévus dans le programme mixte à savoir des logements à 140 000 DH ou à 250 000 DH et les appartements pour la classe moyenne. Cette assiette foncière a coûté près de 2 milliards de DH à Al Omrane, soit près de 25% de l'investissement global du holding public d'aménagement en 2009 (8,5 milliards de DH). Cependant, ce sont les filiales régionales qui doivent la racheter et donc en payer le prix. Eu égard à l'importance du montant, ces filiales avaient alors décidé d'acquérir les terrains au fur et à mesure qu'elles signent des conventions avec les promoteurs pour le démarrage des travaux. Pour les promoteurs, on ne peut faire du logement à 140 000 DH avec de tels niveaux de prix Et c'est là que les problèmes ont commencé à surgir. Certains promoteurs immobiliers se disent, en effet, étonnés, voire scandalisés, par les prix de vente fixés par Al Omrane et ses filiales régionales. «Al Omrane fixe des prix de cession au m2, non négociables, dans les appels d'offres. Les promoteurs sont par conséquent obligés d'accepter ces prix pour pouvoir adhérer à ce programme. De plus, les prix fixés sont de loin plus élevés que les prix d'acquisition auprès des domaines», s'insurge un membre de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI). Pour illustrer ses propos, ce promoteur cite l'exemple d'un terrain à Temara qui a été cédé par la Direction des domaines publics à raison de 60 DH le m2 et qu'Al Omrane veut revendre à 600 DH le m2. «Il ne s'agit pas d'une opération purement commerciale puisque le programme de logements mixtes est destiné, du moins pour les deux tiers, à une population défavorisée. Et si les promoteurs doivent faire des efforts sur les prix des logements, Al Omrane devrait également en faire sur les prix du foncier surtout que ce dernier a été acquis à un prix très faible auprès des Domaines», ajoute la même source. Selon lui, les prix fixés par le holding public augmentent dangereusement la charge foncière dans le coût du logement. Du côté d'Al Omrane, l'heure n'est pas à la polémique. Un responsable souligne que les prix fixés pour la cession des terrains acquis auprès des Domaines ne sont pas du tout excessifs. «Les 3 857 ha acquis auprès des Domaines ne sont pas viabilisés et c'est Al Omrane qui se charge de la viabilisation et parfois même du hors site. Il est donc tout à fait normal pour nous d'intégrer le coût de la viabilisation dans le prix de cession», explique-t-il. De plus, «même avec le surcoût de la viabilisation, les prix de cession demeurent accessibles et les promoteurs peuvent toujours les rentabiliser grâce aux prix de vente des logements de moyen standing», ajoute la même source. Allusion faite à la péréquation dont bénéficient les promoteurs qui construiront, outre les logements à 140 000 DH, des appartements à 250 000 DH et des logements pour la classe moyenne dont le prix devrait varier entre 400 000 et 600 000 DH. Mais l'argument de la viabilisation ne semble pas convaincre les promoteurs immobiliers qui assurent que le coût de ce genre de travaux, y compris le hors site, ne dépasse guère les 300 DH par m2. Signalons que sur la totalité de la superficie en question, près du tiers a déjà été viabilisé et équipé. Les travaux sont en cours pour les deux tiers. N'empêche que, pour le moment, le holding public d'aménagement a déjà signé une vingtaine de conventions avec plusieurs promoteurs pour la construction de près de 20 000 logements à 140 000 DH dans des villes comme Casablanca, Rabat, Meknès, Agadir et Marrakech. Il faut y ajouter près de 45 000 autres lancés depuis le début 2009 «sur des terrains qui appartenaient aux filiales régionales d'Al Omrane», indique-t-on auprès du holding public d'aménagement.