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Rachid Benali, Comader: «La réduction de l'offre n'explique pas, à elle seule, la hausse des prix»
Publié dans La Vie éco le 05 - 04 - 2023

Le président de la Comader revient sur cette envolée vertigineuse des prix des fruits et légumes tout en décortiquant le circuit de production et de commercialisation.
Fraîchement élu à la tête de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural (COMADER), Rachid Benali estime que près de 90% du prix du produit final sont formés exclusivement par les marges d'intermédiaires. Ces derniers arrivent à monopoliser près de 50% des produits agricoles vendus sur le marché, avant la fin du cycle de production. Ce connaisseur de l'agriculture et du monde rural considère nécessaire de travailler sur l'agrégation.
Depuis l'année dernière, les barrages ont servi à satisfaire les besoins en eau potable plutôt qu'à l'agriculture. Cette situation devra-t-elle durer ?
En effet. C'est la conséquence de la gestion hydrique du Maroc ces dix dernières années. Plusieurs barrages étaient prévus mais aucun n'a encore vu le jour. Je cite à titre d'exemple le barrage de Mdez, situé entre Boulmane et Sefrou et destiné à irriguer la plaine de Saïss sur 35.000 hectares. Alors que l'achèvement était prévu en 2019, il a été reporté à 2022 puis à 2024.
Il faudra aussi attendre une année pour son remplissage. Donc, il sera opérationnel en 2025, dans le meilleur des cas. Cette situation a fait que lorsque le gouvernement avait besoin d'eau potable, il s'est rabattu sur les barrages destinés à l'agriculture. Même la station de dessalement d'Agadir, destinée initialement à l'agriculture, est mobilisée à hauteur de 50% à l'eau potable. Ces barrages ont certes sauvé les besoins en eau potable, mais ont causé un sérieux problème pour les plantations qui se trouvent dans les périmètres irrigués.
Actuellement, les plantations de deux grandes zones, à savoir Tadla et Marrakech El-Haouz, sont compromises, les vergers desséchés et les agriculteurs ont même arraché certaines de leurs cultures par manque d'eau justement. La situation devrait certainement se poursuivre, puisque malheureusement le problème est toujours d'actualité. Encore pire que Tadla et Marrakech, Chaouia et Doukkala souffrent tellement que l'irrigation est à l'arrêt.
Comment les cultures survivent-elles dans ce cas ?
Deux cas se présentent dans ce contexte de manque flagrant de ressources hydriques: soit les agriculteurs disposent de puits et exploitent la nappe phréatique, qui continue elle aussi de souffrir. Soit ceux qui irriguent leurs cultures à partir des barrages sont contraints d'arrêter, ou de réduire la superficie de leurs cultures. D'où ce manque de produits agricoles sur les marchés et notamment les cultures maraîchères.
Justement, est-ce que cette réduction de l'offre pourrait expliquer à elle seule les niveaux de prix atteints par les produits agricoles ?
Pas seulement. Plusieurs facteurs rentrent en considération dans la hausse des prix, dont la baisse de l'offre certes, mais aussi le prix élevé des intrants qui est, en soi, une composante de la baisse de la production, et finalement les intermédiaires. Si l'on prend la réduction des quantités mises sur le marché, cet élément est lui-même le fait de deux facteurs. Le 1er tient à l'effet climatique (sécheresse, manque d'eau, températures anormalement élevées au début de la saison du printemps…). Le second, lui, est lié au manque de ressources financières chez l'agriculteur, surtout à la sortie d'une année de sécheresse. Et maintenant que le taux directeur a doublé en quelques mois, l'agriculteur va voir sa capacité d'endettement s'effriter, vu la hausse des taux d'intérêts bancaires qui va s'ensuivre. Ce qui va miner davantage son pouvoir d'achat, sa capacité à investir et, de facto, sa production. Et pour ne rien arranger, les prix des intrants ont augmenté. Je vous donne un exemple pour illustrer l'impact de l'augmentation du coût de revient. Il est passé de 50.000DH en 2019 pour un hectare de pommes de terre à 110.000 DH en 2022. Avec 500.000DH par exemple, un agriculteur ne peut plus cultiver que 5 hectares, contre 10 ha à peine trois années auparavant. Ce qui contribue alors à la réduction des superficies plantées et donc de la production.
Revenons aux intermédiaires. A quel point contribuent-ils à cette ébullition des prix ?
En fait, ils ont toujours existé. Mais leur force de frappe est devenue encore plus vigoureuse, avec l'aspect communication. Chaque fois qu'on évoque l'envolée des prix, ils gardent la mainmise sur les marchandises, ne serait-ce que pour préserver le niveau élevé des prix, sinon gratter encore quelques centimes supplémentaires. C'était le cas de l'oignon. Dès qu'on a commencé à évoquer sa cherté, à un prix de 9 DH, un mouvement de stockage a été entrepris, créant donc une pénurie et les prix ont alors grimpé davantage. D'un autre, il faut savoir que plusieurs intermédiaires jouent le rôle de banquier auprès des agriculteurs. Autrement dit, ils achètent la production de chez l'agriculteur, avant son terme, à un prix qui ne vaut généralement pas la valeur de la récolte. Cet achat dit sur pied ou sur champ, l'agriculteur n'en profite pas. En reprenant le modèle de l'oignon, le légume quitte les champs de l'agriculteur à un prix variant entre 1,10 et 1,50 DH. Il est par la suite stocké durant quelques mois par les agriculteurs, commerçants et spéculateurs dans des unités de stockage où, au final, une déperdition du produit de 30 à 35% est notée. A sa sortie du stockage, la marchandise coûte environ 6 DH et en passant à travers moult intermédiaires, elle est vendue chez les commerçants et la grande distribution à 16 DH en moyenne. Près de 90% du prix du produit final est formé exclusivement par les intermédiaires.
S'ils existent depuis toujours et devraient continuer à exister, il faudrait au moins limiter leur nombre sur toute la chaîne. Comment peut-on réussir ce pari ?
Plusieurs leviers peuvent être actionnés. En premier lieu, le marché de gros doit se structurer. Il n'est pas normal que ces intermédiaires se positionnent sur toute la chaîne, avant même la sortie du produit de chez l'agriculteur, au client final. Savez-vous que plus de 50% des produits agricoles sont vendus avant la fin du cycle ? Ce qu'il faut, en deuxième lieu, c'est d'encourager l'agriculteur et de lui donner davantage de moyens, pour éviter de commercialiser sa marchandise au premier venu. Et cela pourrait réussir à travers l'agrégation essentiellement. Et dans ce cadre, deux lois ont été adoptées mais ne sont pas vraiment opérationnelles. Il s'agit de la loi 04-12 relative à l'agrégation agricole et la loi 37-21 sur la commercialisation directe des fruits et légumes. Très peu de projets sont agrégés actuellement et ont trait essentiellement au sucre. Si nous arrivons à lancer cette agrégation, dans les fruits et légumes surtout, nous y gagnerons beaucoup en terme de prix et de qualité.
Bank Al-Maghirb, lors de son premier conseil d'administration de cette année, a revu à la baisse la récolte céréalière de cette année. Qu'en pensez-vous ?
Comment a-t-il eu ces chiffres ? Je défie quiconque qui puisse parler de prévisions à cette date, que ce soit au niveau du ministère de l'Agriculture ou tout autre institution ou organisme. Tout peut changer en une fraction de seconde. Avec cette chaleur-là, les effets sont néfastes et on peut perdre 70% de la production. A l'heure actuelle, les grains ne sont apparents qu'à concurrence de 20%. L'épi, lui, est pratiquement vide. Combien de fois la grêle s'est abattue sur les céréales à la fin de la campagne et à trois jours de la récolte, alors que l'épi était plein et les graines complètes ! On ne peut s'aventurer à livrer des chiffres qu'à la fin de la récolte.
Pour ratisser large, où en est la stratégie Génération Green 2020-2030.
Les contrats-programmes sont prêts et devraient être signés lors de la tenue du SIAM. La nouveauté est que les professionnels ont été totalement intégrés dans les feuilles de route, chacun selon son interprofession. A côté, les plantes aromatiques et médicinales (PAM) devraient également avoir leur propre interprofession. Comme je porte aussi la casquette de président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l'olive (Interprolive), je peux vous dire que notre plan d'action vise à limiter l'extension des superficies et se focaliser sur la régénération et la remise en l'état des anciens vergers. L'on devrait également s'atteler à l'application d'une loi datant de 1997 interdisant la vente en vrac de l'huile d'olive.
Vous êtes fraîchement élu à la tête de la Comader. Quel est votre plan d'action ?
Il est toujours en cours de validation, par le bureau. Ce que je peux vous dire est qu'il s'intéresse d'abord à l'agriculteur. Nous représentons 16 millions d'individus dont 40% dans le monde rural. Nous devons les garder dans la campagne tout en améliorant leurs conditions de vie. Nous devons également les fédérer et faire en sorte de créer une vraie synergie entre l'amont et l'aval. Nous allons attaquer aussi les multiples difficultés dont souffre le secteur agricole, comme la commercialisation, l'eau, l'assurance, le financement, les intrants, la mécanisation... Par ailleurs, représenter le Maroc à l'international est aussi parmi les missions que nous nous sommes assignés. Il n'est pas normal que le Maroc ne fasse toujours pas partie de l'Association mondiale des agriculteurs !


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