Le compte des transactions courantes déficitaire de 24 milliards de DH à l'issue des six premiers mois de 2009. Le compte de capital et d'opérations courantes voit son excédent baisser de 21,2 %. Des signes de sortie de crise chez les partenaires étrangers, mais les effets ne seront pas immédiats sur le Maroc. La crise est passée par là, il fallait donc s'y attendre : les comptes extérieurs, qui ont commencé à montrer des signes de fragilité ces deux dernières années, sont désormais…au rouge. La situation des flux économiques et financiers établie par l'Office des changes pour le premier semestre 2009 montre en effet que l'ensemble des postes de la balance des paiements ont dégagé soit des déficits aggravés, soit des excédents en baisse. Résultat : la balance des paiements, sur les six premiers mois de 2009, est déficitaire de 11,7 milliards de DH, contre un excédent de 1,9 milliard à la même période de 2008. Les avoirs extérieurs nets se rétractent en conséquence en tombant à 187,2 milliards de DH contre 196,4 milliards à fin juin 2008, soit une baisse de 4,7%. Et ce sont exclusivement les avoirs extérieurs nets de la banque centrale qui ont chuté (5,1%), en s'établissant à 171,5 milliards de DH contre 180,8 milliards un an auparavant, alors que ceux détenus par les banques sont restés stables à 15,6 milliards de DH. Comme cela ressort des statistiques de l'Office des changes, cet important déficit de la balance des paiements est provoqué par un déficit encore plus important du compte des transactions courantes : 24 milliards de DH au lieu de 15 milliards environ en juin 2008. Et pour une fois, ce n'est pas tant le déficit –structurel- des transactions sur marchandises, en allègement de 4,6 % (63,3 milliards contre 66,4 milliards en juin 2008) qui a aggravé le déficit du compte courant, mais surtout le repli des excédents des échanges de services et des transferts courants et, dans une moindre mesure, l'aggravation du déficit de la rubrique des revenus, comme l'explique l'Office des changes. En d'autres termes, grâce (sic) à la crise économique internationale qui a fait chuter les prix des matières premières, dont celui du pétrole (qui pèse lourdement dans la balance commerciale du Maroc, importateur net de produits énergétiques), les importations ont significativement baissé en revenant de 152,8 milliards de DH à fin juin 2008 à 119,9 milliards à l'issue du premier semestre 2009, soit un repli de 32,9 milliards de DH. A cette précision que la baisse du rythme de croissance des importations a certes quelque peu atténué le déficit du compte courant, et, partant, celui de la balance des paiements, mais, revers de la médaille, elle signe aussi le ralentissement de l'activité économique, ce que confirme le niveau de croissance du PIB hors agriculture qui s'établit à 2,1 % au deuxième trimestre de 2009 contre 5 % à la même période de 2008. En somme, ce que la crise peut permettre ici, elle le reprend là et parfois à un prix plus élevé. Baisse des recettes de voyages et des transferts des MRE En effet, à cause de cette crise, non seulement les exportations ont, elles aussi, baissé (56,6 milliards de DH contre 86,4 milliards un an auparavant), mais surtout les habituels excédents de la balance des services et ceux des transferts courants se sont repliés de manière significative. Ainsi, les excédents des échanges de services qui avaient atteint 23,1 milliards de DH en juin 2008 sont retombés à 16,2 milliards un an après (- 6,9 milliards de DH), essentiellement en raison de la baisse des recettes de voyages : + 21,1 milliards de DH au lieu de + 24,4 milliards en juin 2008, soit une baisse de 13,6% (- 3,3 milliards). Les excédents des transferts courants pour leur part ont baissé de 29,3 milliards de DH à 25,8 milliards (- 3,5 milliards de DH ou – 12%) entre les deux dates. Et ce repli des transferts courants est quasi exclusivement le fait de la chute des transferts des Marocains résidents à l'étranger (MRE) : + 22,5 milliards au lieu de + 25,7 milliards un an auparavant (- 3,2 milliards ou – 12,3 %). Enfin, autre facteur qui a participé à la dégringolade du compte courant, l'aggravation du déficit de la rubrique des revenus qui est de 2,7 milliards contre 1 milliard à la même période de 2008. L'Office des changes explique cette aggravation par la hausse (+ 49 %) des transferts au titre des revenus des investissements privés étrangers (3,9 milliards au lieu de 2,6 milliards), «en raison de l'accroissement des transferts des dividendes» (voir rubrique «En direct»). S'agissant maintenant du «bas» de la balance des paiements, c'est-à-dire le compte de capital et d'opérations financières, bien qu'excédentaire de près de 14,5 milliards de DH, cet excédent demeure malgré tout en baisse par rapport à son niveau de juin 2008 : + 18,4 milliards. Le recul est donc de près de 4 milliards de DH (- 21,2%) que l'Office des changes explique par l'évolution des opérations financières aussi bien du secteur privé que du secteur public. En effet, les opérations financières du secteur privé ont vu leur excédent chuter de + 10,5 milliards de DH en juin 2008 à + 6,9 milliards environ un an plus tard (- 34,3 %). Et ceci sous l'effet essentiellement du recul des recettes au titre des investissements et prêts privés étrangers : + 12,7 milliards de DH au lieu de + 19,4 milliards il y a un an, soit une baisse de 34 % (ou -6,6 milliards de DH). Petite consolation (!), le Maroc accuse, en proportion, le même niveau de recul des investissements étrangers que la moyenne mondiale (voir encadré). Les opérations financières du secteur public, elles aussi, ont dégagé un excédent en légère baisse : + 7,6 milliards contre 7,9 milliards en juin 2008 ; un résultat attribuable à la hausse de 9 % des remboursements en principal au titre de la dette extérieure publique. La question est de savoir quel va être le comportement des deux trimestres qui nous séparent de la clôture de l'actuel exercice. S'il est entendu que les retournements de conjoncture ne sont jamais à exclure, dans un sens positif ou négatif, il est à peu près établi néanmoins qu'un début de sortie de crise se profile chaque jour un peu plus. Du moins dans les économies avancées ; soit l'essentiel des partenaires du Maroc et des lieux d'établissement de la communauté marocaine à l'étranger. Mais comme toujours, la «convalescence» va durer un certain temps, et c'est pourquoi il n'est pas acquis qu'une reprise mondiale se traduise rapidement par une hausse des investissements étrangers, des transferts des MRE ou encore de la demande étrangère adressée au Maroc. C'est sans doute en tenant compte de cette probabilité que le ministère des finances envisage d'augmenter à partir de 2010 le niveau de ses emprunts extérieurs et, parallèlement, d'encourager l'épargne longue. La nécessité d'assurer le financement de l'économie et surtout des investissements le commande.