Le compte courant a enregistré un déficit record de 37,4 milliards DH au terme de 2008. Le solde excédentaire du compte de capital et d'opérations financières a été insuffisant pour combler la différence. Les chiffres de l'Office des changes viennent tout juste de tomber : la balance des paiements pour 2008 est déficitaire de 11,5 milliards DH ; et il faut remonter à l'année 2000 pour retrouver le dernier déficit de cette balance, et encore était-il d'une ampleur nettement moindre. Cela explique que les réserves de change aient baissé en fin d'année, puisqu'il a fallu ponctionner sur ces réserves les 11,5 milliards DH pour financer ce déficit (la balance des paiements étant toujours établie en équilibre). Il faut dire que l'année 2008 a été une année exceptionnelle en termes d'accroissement des importations, en liaison notamment avec l'envolée des prix des matières premières. Avec 302,8 milliards DH d'importations, la balance des biens a été déficitaire de 148,3 milliards DH. La balance des services a certes dégagé un solde excédentaire de 48,8 milliards DH, grâce aux excédents des sous-balances de voyages (+ 46,9 milliards DH), des services aux entreprises (+ 6,3 milliards DH) et des services de communications (+ 3,7 milliards DH); les autres sous-balances de la balance des services étant toutes déficitaires. Les transferts courants, bien qu'en léger repli, ont enregistré un excédent de 68 milliards DH. Mais ces résultats positifs des services et des transferts courants paraissent peu par rapport à l'ampleur du déficit de la balance des biens. D'où le déficit record du compte courant qui a atteint 37,4 milliards DH. L'excédent dégagé par le compte de capital et d'opérations financières (+ 27,3 milliards, provenant en totalité des opérations financières) est donc insuffisant pour couvrir le déficit du compte courant. Le déficit, est-il nécessaire de le rappeler, aurait pu être beaucoup plus important n'eût été la hausse des prix du phosphate, au moins jusqu'en septembre 2008. Mais cette situation, on l'aura deviné, n'est pas propre au Maroc. La Turquie par exemple a enregistré au terme de l'année 2008 un déficit du compte courant de 41,5 milliards de dollars. Et c'est aussi le cas de la Corée du sud (- 6,4 milliards de dollars), du Brésil (- 28,3 milliards de dollars) et de beaucoup d'autres pays, émergents ou développés. Un pays comme l'Espagne, pourtant grand exportateur (et de produits à haute valeur ajoutée) a eu un déficit de son compte courant s'élevant à 153 milliards de dollars. Légère reprise des investissements et prêts privés étrangers Quelle sera la situation en 2009 ? Un quasi-consensus existe désormais sur la poursuite de la crise internationale tout au long de cet exercice. En pareille conjoncture, la demande baisse générant une chute des prix (au point que certains évoquent même le risque d'une déflation). C'est le cas pour le pétrole, bien que sur le premier trimestre de cette année une légère remontée est déjà observée. L'inconvénient en pareille situation, c'est que les importations baissent en valeur certes (et même en volume), mais les exportations aussi. On le voit avec les prix du phosphate brut qui ont chuté de 63% en février 2009 comparativement à leur plus haut niveau de septembre dernier, pour s'établir à 157,5 dollars la tonne, soit le plus bas depuis décembre 2007. D'ailleurs, les indicateurs des échanges extérieurs des deux premiers mois de 2009 montrent bien cette tendance (voir La Vie éco du 3 avril 09,www.lavieeco.com). Et l'ensemble de l'exercice devrait s'inscrire dans cette tendance. Il y a toutefois lieu de noter un léger frémissement en ce qui concerne les investissements et prêts privés étrangers (+ 16,1%) sur janvier et février 2009 ; ce qui expliquerait l'amélioration des avoirs extérieurs nets (+ 2,8%) par rapport à leur niveau de la fin de 2008, au moment où ils ont été ponctionnés de 11,5 milliards pour équilibrer la balance des paiements.