Le début des années 2000 symbolise une forte embellie de la balance des paiements du Maroc. Celle-ci affichait même un excédent (43 Mds de DH en 2001). Aujourd'hui, d'aucuns parlent d'un déficit structurel pour souligner le caractère préoccupant du déséquilibre des comptes extérieurs. Toutefois, les exportations liées aux nouveaux métiers se portent bien. L'échange international s'avère indispensable pour toute économie. La balance des paiements permet d'appréhender l'ensemble des transactions internationales. Par définition, elle est toujours équilibrée. Pourtant, on entend souvent parler du déficit de la balance des paiements au Maroc. Ce qui est un abus de langage, mais qui recouvre une vraie réalité, car le pays est obligé d'emprunter ou de puiser dans ses réserves (140 Mds de DH en 2012) pour assurer l'équilibre de sa balance des paiements. Depuis près de cinq années, on constate un déficit structurel de cette dernière. Mais l'évolution des exportations liée aux nouveaux métiers mondiaux du Maroc (électronique, automobile, aéronautique, chimie, parachimie, etc.) ne cesse de continuer sur un trend haussier. Ces secteurs auxquels certains collent l'étiquette de branches d'avenir pourraient-ils foncièrement contrebalancer la baisse des exportations des produits plus classiques ? D'aucuns estiment que cela est possible, mais qu'il faudrait satisfaire certains prérequis. Evolution en dents de scie Le tissu productif marocain est majoritairement formé de PME, dont les capacités à l'export demeurent limitées. D'une part, le Maroc exporte des produits textiles, ceux de la mer et du phosphate. Ces trois catégories réalisent plus de 50% des recettes d'exportation. L'importation des produits énergétiques (104 Mds de DH en 2012) plombe la balance commerciale. Les produits comme le blé et le sucre appuient ce déficit. En 2001, la balance des paiements était excédentaire de 43,5 milliards de dirhams (année record), ce qui a renforcé les réserves de change qui ont atteint l'équivalent de 11,7 mois d'importations de marchandises. Pendant sept années consécutives (de 2001 à 2007), la balance a enregistré un solde excédentaire, ce qui résulte de l'amélioration du compte des transactions courantes et celui des opérations financières. L'année 2008 marque les prémices du déficit structurel de la balance des paiements (11,5 milliards DH). Il faut remonter à l'année 2000 pour retrouver le dernier déficit de cette dernière. Ainsi, depuis 2008, on observe un accroissement des importations, en liaison avec l'envolée des prix des matières premières. Dans ce même registre, il est important de rappeler qu'en 2012 les exportations totales du Royaume se sont chiffrées à 183 Mds de DH (les phosphates ont représenté 48,2 Mds de DH) et les importations à 357 Mds de DH. D'où l'apparition d'un déficit commercial de 198 Mds de DH, soit une augmentation de 16 Mds de DH par rapport à 2011. Le taux de couverture des importations par les exportations n'est plus que de 48%. Ces chiffres ne peuvent qu'attester d'une aggravation manifeste du déficit des comptes extérieurs. Certains experts estiment que le problème de la balance commerciale découle du fléchissement de l'exportation de certains produits (miniers, agricoles et textiles). D'autres pointent du doigt les accords de libre-échange qui se sont traduits par des importations massives. Et toujours selon eux, le commerce extérieur bat de l'aile à cause des barrières à l'exportation et celles non tarifaires. La non-compétitivité, le nombre réduit de produits exportables et la faiblesse des moyens de promotion sont aussi autant de facteurs qui inhibent l'essor des exportations à leurs yeux. Ce qui semble être confirmé par la perte de parts de marchés des opérateurs nationaux dans leurs bastions traditionnels (passage de 0,25% en 2001 à 0,19% en 2010 dans la zone Euro). A cela s'ajoutent les recettes de voyages qui sont en baisse par rapport à 2011 et les transferts des MRE qui ont reculé de 2,3 Mds de DH par rapport à 2011. Seuls les IDE sont en augmentation (plus de 14%). Devant ce tableau particulièrement sombre de la balance des paiements, l'évolution croissante des exportations des MMM peut être un gage de redynamisation des comptes extérieurs selon certains. Les MMM boostent les exportations Rappelons que les exportations de phosphates (48,2 Mds DH en 2012) occupent toujours une place prépondérante dans l'architecture de la balance commerciale. Mais l'évolution croissante des exportations inhérentes aux nouveaux métiers est spectaculaire à plus d'un titre. Car entre 2009 et 2012, la valeur des exportations des composants automobiles est passée de 12 à 27 milliards de DH. On constate alors, en l'espace de trois années, que la valeur des exportations de ces composants a plus que doublé. Cette évolution croissante des exportations est aussi observée dans le domaine des composants électroniques dont la valeur est passée de 5 à 7 Mds de DH à la même période. Et, enfin, la valeur des exportations liée à l'aéronautique est passée de 4 à 6,4 Mds de DH entre 2009 et 2012. En faisant la pondération de la valeur des exportations de ces trois nouveaux métiers uniquement, on arrive à plus de 40 Mds de DH, ce qui est remarquable. Par ailleurs, certains experts estiment que le Maroc dispose d'un avantage comparatif manifeste dans les nouveaux métiers, comme en témoignent les implantations de Renault et de Bombardier, sans compter l'éventuelle installation de Tata motors et de Nissan. Toutefois, il faut noter que si le pays dispose d'un coût de main-d'œuvre compétitif au niveau international et d'un climat des affaires favorable pour drainer les IDE vers ces nouveaux métiers à forte valeur ajoutée, cela n'empêche pas, pour certains, d'accroître le potentiel des avantages comparatifs dans ces domaines précités. D'où l'extrême nécessité de créer d'autres pôles au niveau national dédiés à la recherche et à la formation car ces nouveaux métiers mobilisent une matière grise importante. Il serait difficile pour certains experts que le Maroc accède au cercle restreint des grands pays exportateurs. Pour cela, il faut qu'il anticipe sur le fait que l'essentiel des échanges internationaux dans les années à venir concerneront pour une grande partie des produits à forte valeur ajoutée. Ces industries sont très capitalistes, vu les besoins en investissements, et surtout en compétences. C'est pourquoi il faut mettre en place un réel plan prospectif tenant compte des véritables enjeux inhérents à ces nouveaux métiers dont le pays pourra tirer profit et assainir, ainsi, ses comptes extérieurs.