Le solde des transactions courantes de la balance des paiements s'est continuellement dégradé pour la quatrième année consécutive pour atteindre 64,6 milliards de dirhams en 2011, soit une aggravation de près de 30 milliards de DH sur la période. Ainsi, l'alourdissement du déficit commercial (184 milliards de dirhams en 2011) de 35,6 milliards par rapport à 2010, n'a ŽtŽ que partiellement compensé par la relative bonne tenue des services et des transferts courants. Ce déficit structurel des Žchanges de biens est liŽ, notamment, à une concentration de l'offre exportable sur quelques produits et ˆ faible contenu technologique, un faible niveau de diversification des marchés d'exportation d'une part, et, d'autre part ˆ la vulnérabilité de l'économie nationale ˆ la volatilité des cours aussi bien des matières premières que des principales devises de facturation. Contribution des accords de libre échange au déficit commercial La conclusion d'une série d'accords de libre-échange avec nos partenaires privilégiés, tels que l'UE, l'AELE, les pays arabes, les USA et la Turquie visait le développement de nos exportations et la diversification des débouchés tout en bénéficiant des meilleures conditions d'approvisionnement en intrants importés et d'accompagnement des grands programmes d'investissement. Cependant les objectifs en matière d'exportation tardent à se concrétiser. Les fragilités de nos comptes extérieurs, accentuées par la crise, constituent désormais une préoccupation majeure des pouvoirs publics surtout que le déficit du compte courant alourdit nos besoins de financement et pourrait peser sur notre processus de développement. Force est de constater que notre balance commerciale est déficitaire vis-à-vis de nos partenaires signataires d'accord d'association ou de libre-échange. Ces déficits se sont sensiblement creusés avec le début de la crise internationale, avec néanmoins une légère atténuation en 2010, en lien avec la reprise perçue. Celle-ci a cependant été de courte durée et l'année 2011 replonge la zone euro dans la crise, entraînant dans son sillage le ralentissement de l'économie et par là le commerce mondiale. Ainsi, le déficit commercial du Maroc dans le cadre des ALE s'est davantage alourdi en 2011, totalisant 59,1 milliards de dirhams pour représenter 32,1% du déficit commercial global et 57% du déficit réalisé avec les pays signataires des ALE. Ce déficit a été creusé notamment, avec l'UE, lequel a atteint, en 2011, 45,4 milliards de dirhams. A noter qu'en 2011, l'aggravation du déficit, à plus de 5 milliards de dirham par rapport à 2010, a été plus importante avec les Etats-Unis de 1,7 milliard portant le déficit à -7,5 milliards de dirhams et avec la Turquie de 1,3 milliard pour un déficit de 3,2 milliards de dirhams. Par contre, les effets de la crise ne se sont pas répercutés sur les échanges entre le Maroc et l'UE, grâce notamment ) l'amélioration notable des exportations (+34,7%). Les échanges avec l'AELE ont dégagé un solde déficitaire, de 48,1 millions de dirhams, alors qu'ils dégageaient des soldes excédentaires auparavant, suite au repli important des exportations. Les échanges dans le cadre de l'accord d'Agadir ont enregistré un déficit de 3 milliards, en aggravation de 541,6 millions de dirham. Le déficit global dans le cadre des ALE est dû principalement au poids des importations, constituées principalement des demi-produits (31%), des produits finis d'équipement industriel (25,2%) et des produits finis de consommation (22%). Ainsi, près de 57% de nos importations en demi-produits se font dans le cadre des ALE, et, 47,3% de nos achats à l'extérieur des produits finis d'équipements industriel bénéficient des accords. On relèvera par ailleurs, l'importante hausse des importations des biens de consommations en 2011 et, notamment, dans le cadre des ALE qui ont représenté 48,8% du total importé en biens de consommation. Les exportations réalisées dans le cadre des ALE ont connu une amélioration notable. A l'exception de l'UE et des pays du QUAD, près de 70% des exportations, voire plus, se font dans le cadre des ALE. Vis-à-vis de l'UE, l'accord agricole et celui des services en cours, seront de nature à élargir les exportations. Toutefois, les exportations globales restent loin de leur potentiel. Impact de la dépréciation de l'Euro L'évolution de l'euro-dollar n'a pas été sans conséquence sur les échanges commerciaux à travers son impact sur la valeur du dirham. Ce dernier est indexé à un panier constitué de ces deux devises, avec une part importante de l'Euro par rapport au billet vert. Une telle structure permet à la monnaie nationale de conserver une position relativement stable par rapport à la monnaie européenne. Ainsi, entre janvier et mars, le dirham s'est déprécié (apprécié) face à l'euro (dollar). Cette évolution s'est inversée depuis et jusqu'à fin juillet. En août, le dirham s'est légèrement déprécié à l'égard de l'Euro (- 0,2%) et apprécié face au dollar (+0,8%), en glissement mensuel. Au total, le dirham s'est déprécié, en glissement annuel, sur les huit premiers mois de 2012, de 8,3% à l'égard du dollar et s'est apprécié de 1,7% vis-à-vis de l'euro. Cette évolution aurait engendré, toutes choses égales par ailleurs, une aggravation du déficit commercial du Maroc d'environ 4,9 milliards de dirhams au cours des huit premiers mois de 2012 du fait de l'effet change. Ce déficit est dû à une hausse de la valeur des importations d'environ 8 milliards de dirhams, contre une amélioration de celle des exportations de plus de 3 milliards. Les produits d'énergie et de lubrifiants représentent à eux seuls 84% environ de l'aggravation de ce déficit, en lien avec une hausse de la valeur de leurs importations de 4,3 milliards de dirhams. L'aggravation du déficit commercial est attribuée également aux produits alimentaires, dont le solde commercial s'est détérioré de 1,2 milliards de dirhams, celui les produits finis de consommation de 1 milliard de dirhams et des biens d'équipement de 551 millions de dirhams. Inversement, les exportations des phosphates et dérivés se sont renchéries de près de 2 milliards de dirhams suite à l'appréciation du dollar.