Un acquis appréciable. Au premier semestre 2010, les exportations de biens progressent plus rapidement que les importations. En effet, selon les dernières statistiques de l'Office des changes, sur les six premiers mois de l'année en cours, les exportations de biens enregistrent une croissance de 16,5% par rapport à la même période de l'année passée, alors que les importations n'enregistrent qu'une hausse de 12,3%. Pour atypique qu'elle soit, cette bonne orientation est redevable à la progression des expéditions de demi-produits et de produits bruts. La première catégorie qui enregistre une progression de 72,6% de ses exportations au 1er semestre 2010, regroupe essentiellement des dérivés phosphatiers dont les expéditions se sont élargies autant en termes de quantité que de valeur du fait du redressement des cours internationaux du phosphate. Ce dernier fait explique également la bonne tenue des exportations de produits bruts en hausse de 52% au 1e semestre. En effet, les produits bruts recouvrent essentiellement le phosphate, dont les ventes à l'étranger ont rapporté 3 milliards de dirhams sur les six premiers mois de l'année, en progression de 25%. Une tendance inquiétante Cependant, si les échanges de biens semblent bien orientés sur le premier semestre 2010, il n'en est pas de même pour les services. Les dépenses extérieures liées aux prestations de voyage, transport, communication et centres d'appel progressent en effet trois fois plus rapidement que les recettes tirées de ces mêmes services. De fait, tout en demeurant en excédent, le solde de la balance des échanges de services a eu tendance à se rétracter, passant de 18 à 16 milliards de dirhams du 1e semestre 2009 à la même période de l'année en cours. Par ailleurs, cette tendance paraît inquiétante, du fait que le bon comportement des recettes de services était jusqu'à présent mis à contribution pour compenser le lourd déficit des échanges de biens. Cependant, même si les exportations de biens progressent plus rapidement que les importations au 1e semestre 2010, la situation nette des échanges ressort déficitaire, du fait que les achats à l'étranger représentent le double des exportations, puisque les premières totalisent au 1e semestre 134,3 milliards de dirhams, tandis que les secondes ne pèsent que 66,7 milliards de dirhams, ce qui fait ressortir un déficit conséquent de près de 68 milliards de dirhams. Considérant tous ces éléments, tout porte à croire que le compte courant des transactions (regroupant et la balance des biens et celle des services) n'est pas prêt de se redresser, prolongeant le scénario observé depuis le début de l'année. Sur les trois premiers mois de 2010, déjà, il enregistrait un déficit de 10,45 milliards de dirhams, selon le dernier état publié par l'Office des changes pour le premier trimestre de l'année en cours, en dépit d'une balance des services excédentaire de 13,5 milliards de dirhams. En cause, donc, le déficit marqué de la balance des biens qui totalise sur la période un solde négatif de 33 milliards de dirhams. Le HCP met en garde Si la situation actuelle devait perdurer, c'est toute la balance des paiements qui risquerait de pâtir pour les mois à venir avec au passage des dommages collatéraux sur les avoirs en devises étrangères (ceux-ci ne couvrent actuellement que 5 mois d'importation). En lien, selon les prévisions du Haut commissariat au plan, le déficit courant de la balance des paiements atteindrait, 5,6% du PIB en 2010, au lieu de 5% par an en 2008-2009 et d'un excédent d'environ 2,6% par an entre 2000 et 2007. Et l'horizon ne semble pas prêt de s'éclaircir selon le HCP. «La reprise de la demande mondiale adressée au Maroc risque d'être atténuée par les difficultés d'endettement caractérisant certains pays de la zone euro, et par conséquent, l'évolution favorable des exportations des biens et services pourrait être limitée», indique-t-on auprès du département de Lahlimi. D'autre part, rien ne plaide pour un ralentissement des importations, qui se font au contraire de plus en plus incompressibles. Partant, le risque est avéré d'assister à une poursuite de l'augmentation structurelle du déficit de la balance courante extérieure. De fait, sans un afflux de capitaux, notamment sous formes d'investissements directs étrangers, le solde global des finances extérieures serait négatif, ce qui signifierait un épuisement des stocks de réserves pour financer les importations et le paiement des revenus des investissements au profit du reste du monde. «La question de la solvabilité de la balance de paiements à moyen terme se pose aujourd'hui avec acuité», conclut donc le HCP.