Le marché britannique s'est littéralement effondré. Des usines ont vu leurs commandes baisser des deux tiers. Les exportations de vêtements confectionnés en janvier 2009 ont baissé de 7%. Pas de surprise en ce début 2009. Comme attendu, les chiffres des exportations du secteur textile ne s'améliorent pas ou alors très peu. C'est en tout cas ce qui ressort des dernières statistiques des échanges extérieurs livrées par l'Office des changes à la fin du mois de février. Ainsi, à fin janvier 2009, on relève que les exportations de vêtements confectionnés ont atteint 1,76 milliard DH contre 1,90 milliard en janvier 2008 soit une baisse de 7%, un écart de 132 MDH. Au même moment, les articles de bonneterie, eux, ont connu une légère amélioration avec des exportations qui ont atteint 632 millions DH contre 613 MDH un an auparavant, soit 18,5 MDH de plus et un taux de croissance de +3%. Hormis ces deux produits phare, les performances des autres filières textiles restent très disparates. Ainsi, les articles confectionnés en tissu ont totalisé en janvier 2009 près de 25,5 MDH d'exportations contre 31,2 MDH en janvier 2008, soit une baisse de -15%. Contre-performance également pour les filières en amont, notamment le tissage. Les exportations de tissus synthétiques et de tissus en coton ont respectivement accusé des baisses de -13 et -41% en janvier 2009 par rapport au même mois de 2008. On notera, enfin, une hausse de +14% pour la filière du linge de maison. Des usines ont vu leurs commandes baisser des deux tiers Quoi qu'il en soit, et même si l'on est à peine en début d'année, auprès de l'Association marocaine des industries textile-habillement (Amith), on s'y attendait. Cela dit, on ne manque pas de s'inquiéter tout de même devant deux phénomènes majeurs. Le premier est «l'effondrement continu du marché britannique». Beaucoup d'entreprises, notamment celles installées à Témara, Rabat et Salé en ont déjà fait les frais. A l'image de cet industriel qui gère trois sites à Salé tournés essentiellement vers le marché anglais et qui a dû depuis le mois de décembre réduire de manière nette le temps de travail dans ses usines. Certes, il y a le problème du taux de change défavorable avec une livre sterling en chute. Mais pas seulement. Aujourd'hui, explique notre interlocuteur, «c'est la demande sur le prêt-à-porter du marché anglais qui s'effondre». La preuve, la commande moyenne qui lui était adressée faisait l'équivalent de 20 000 pièces par semaine environ. Depuis janvier et pendant le mois de février la commande moyenne est descendue à 7 000 pièces seulement, soit une baisse de presque 66%. Les industriels déclarent, toutefois, avoir ressenti une légère reprise sur le marché anglais depuis le début du mois de février. Opportunités à saisir si l'on est réactif Si les problèmes sur le marché anglais sont signalés depuis longtemps, les industriels du textile sont surtout inquiets par l'apparition d'une nouvelle tendance : la baisse de la demande sur le marché espagnol. Le mouvement en est certes à ses débuts mais tout porte à croire qu'il s'aggravera dans les semaines et mois à venir. A l'Amith, en tout cas, on suit de très près l'évolution des indicateurs. Mais on ne se fait pas d'illusion. «Nous ne sommes pas encore dans l'œil du cyclone, la crise ne fait que commencer et les mois de février à juin seront catastrophiques mais il faudra gérer la situation», confie une source à l'association. Cependant, tout n'est pas noir. Car, cette crise présente malgré tout des opportunités pour l'industrie textile marocaine et surtout pour les entreprises qui réussiront à passer le cap dangereux de 2009. C'est du moins le pronostic du Cercle euro-méditerranéen des dirigeants du textile, de l'habillement et des industries de la mode (Cedith). Ce dernier, dans un document récent, note, en effet, que la seule note positive pour les pays méditerranéens est que les distributeurs et donneurs d'ordre européens seront désormais contraints de faire preuve d'une plus grande prudence dans leurs approvisionnements ce qui, selon l'organisme, se fera au détriment de l'Asie. Face à la baisse de la demande sur les articles vestimentaires et pour éviter de se retrouver avec des stocks importants d'invendus, les distributeurs sont amenés à fractionner leurs commandes et à opter pour des commandes de petites quantités, livrables rapidement et donc à se tourner forcément vers les fournisseurs de proximité notamment méditerranéens, dont le Maroc. Le tout maintenant est de savoir si les industriels marocains, le plan de soutien du gouvernement aidant, arriveront à saisir cette opportunité. Et pour le faire, il n'y a pas de recette miracle : ils devront faire preuve de réactivité, de rigueur dans le respect des délais et de flexibilité pour la production de petites séries.