Nominations: Rahma Bourqia à la tête du CSEFRS, Amina Bouayach maintenue au CNDH    Dans une lettre adressée à Bourita... Le ministre des Affaires étrangères guinéen salue l'initiative du Maroc en faveur des pays africains en transition    Biographie de Rahma Bourqia, nouvelle présidente du Conseil Supérieur de l'Education et de la Recherche Scientifique    Contrôle des marchés : 4.988 opérations sur le terrain, 239.402 kg de produits saisis et 327 contrevenants    Maroc : la facture énergétique diminue de 1,9% à fin février    Industrie: légère baisse des prix à la production en février    Hervé Omva : "Il y a des exemples de réussites africaines dans l'agroalimentaire"    Coupe du Monde 2030 : une émission d'euro-obligations réussie pour le Maroc    Métropolisation : un schéma prospectif de développement avant la Coupe du monde 2030    IBM déploie AskHR, un nouvel outil IA de gestion des ressources humaines    L'OCP : Un Leader Mondial en Phosphate et Pionnier de l'Economie Verte    Un député français dénonce l'emprisonnement de Boualem Sansal et attaque le régime algérien : Un jugement rendu par un Etat voyou    Farhat Mehenni écrit : Sous la dictature algérienne, toutes les libertés démocratiques sont traitées comme des crimes    L'Association d'Amitié Maroco-Azerbaïdjanaise se félicite des résultats de la visite de la délégation du Comité de la diaspora azerbaïdjanaise    Débat à l'Assemblée : L'islamophobie, une fracture française    Soudan : Première baisse du nombre de déplacés internes malgré la persistance de la crise humanitaire (OIM)    L'UE alerte ses citoyens : faites des réserves et préparez-vous à une catastrophe    Le renforcement des relations entre le Maroc et le Liban au centre d'entretiens à Beyrouth    Donald Trump accueille un Iftar à la Maison Blanche    Rugby: Un forum international sur le développement de la discipline en Afrique organisé à Saïdia les 4 et 5 avril    FRMBB: Une AGE le samedi 6 avril    16es / Coupe du Trône: WAC-FUS, lequel va quitter la compétition ce soir ?    Rugby : Abdelatif Benazzi, premier Franco-Marocain à la tête du Tournoi des Six Nations    Mondial féminin 2035 : L'Espagne, le Portugal et le Maroc visent une candidature commune    Marathon international de Rabat 2025 : conférence de presse le 4 avril    Incendie maîtrisé dans la zone de fret de la RAM à l'aéroport Mohammed-V de Casablanca    La Fondation Mohammed VI des sciences et de la santé lance un hub de médecine de précision    Western Sahara : Ahead of Mistura's visit, Polisario reiterates its demands    El Jadida : Impliqué dans une affaire de trafic de stup, l'evadé du tribunal coffré en un temps record !    L'imagerie médicale explore les rêves et les cauchemars    Algeria claims arrest of four Moroccans for drug trafficking    Températures prévues pour le samedi 29 mars 2025    Nuit du Destin à El Jadida : Une Symphonie de Traditions et de Foi    Candlelight s'invite pour la première fois à Marrakech    Fès: Vibrant hommage à des femmes d'exception pour leur leadership    Tindouf: Policías protestan por la falta de pago de sus salarios    Algérie : Arrestation de Marocains après les accusations de Tebboune sur le trafic de drogue    CAN U20 : La CAF attribue les droits d'organisation à l'Egypte    Tindouf : Des policiers protestent contre le non-versement de leurs salaires    Sahara : En attendant la visite de Mistura, le Polisario réitère ses conditions    La diplomatie algérienne dans une nouvelle impasse : l'expulsion du consul marocain reflète la confusion et la tension de « l'autre monde »    Le ministre de la Santé révèle des changements dans le système des marchés publics et met en garde contre la propagation de Bouhamroun    Coupe du Trône: La Renaissance de Berkane bat l'Ittihad de Tanger et va en huitième de finale    Deux Marocains remportent les première et troisième places du prix Katara pour la récitation du Saint Coran    Zohour Alaoui : «Il est impératif de mobiliser la communauté internationale pour faire de l'apprentissage tout au long de la vie une priorité universelle»    «La Zaouia» par Thami El Ouazzani : Le premier roman marocain en arabe    Salim Lahsini : "Le patrimoine culturel sous-marin doit être une priorité égale à celle de la biodiversité marine"    Marseille : La musique marocaine rayonne à Babel Music XP 2025    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Transmission au féminin
Publié dans La Vie éco le 25 - 09 - 2022

L'éducation des filles est la première brèche dans le patriarcat. Un enjeu toujours d'une brûlante actualité, comme le montrent Homeira Qadiri à partir d'Afghanistan et Ahmed Farid Merini à partir du Maroc.
«J'ai l'impression d'être un héros», confie Homeira Qaderi. Dans la lettre à son fils dont elle a été séparée lors de son divorce et à qui son père prétendait qu'elle était morte, l'écrivaine afghane raconte son enfance dans le Herat d'abord en guerre contre les Soviétiques, puis contrôlé par les talibans. «N'importe quoi Homeira, un héros, c'est un homme qui parcourt les montagnes avec un fusil à l'épaule», répond son petit frère. Et pourtant, elle l'est.
Dans ce pays où «il vaut mieux être une pierre qu'une fille», la jeune Homeira refuse le sort qui lui est fait et organise à la mosquée des cours clandestins d'alphabétisation et des ateliers d'écriture. «Danser dans la mosquée» est un récit poignant. Un récit de résistance, ponctuée de scène sidérantes : l'intrusion des talibans en plein cours, obligeant toutes les petites filles à rabattre leur burqa pour cacher leurs cahiers ; les descentes des talibans pour fouiller les maisons et identifier les filles qu'ils «épouseront», comprendre «dont ils feront leurs esclaves, économiques et sexuelles». Homeira Qadiri parle de la peur mais aussi de la colère qui l'anime et qui l'amène à prendre de nombreux risques pour ouvrir des espaces, relatifs et fragiles, de liberté. Elle souligne aussi l'envers de ces régimes implacables, qui laissent la place à tous les abus, à commencer par le harcèlement sexuel et les tentatives de viol. Elle dit la peur dans les familles, quand les hommes sont rendus responsables de ce que font les femmes.
Si elle raconte aussi les ouvertures possibles, comme ce jeune taliban qui devient son élève, elle conclut à la déstructuration psychique totale induite par des sociétés aussi répressives. Grandir sous les talibans, c'est être définitivement exposée aux conséquences d'un discours profondément hostile à l'égalité entre hommes et femmes, laissant le champ libre à tous les abus, et où même des hommes qui se disent ouverts peuvent du jour au lendemain décider de prendre une seconde épouse, car la première leur fait de l'ombre. Et de conclure : «Je veux que mon fils fasse partie des hommes qui croient à l'égalité des genres». On lit ce livre avec une émotion d'autant plus forte que depuis un an les talibans œuvrent de nouveau avec acharnement pour priver les filles d'éducation et d'avenir. Pour les priver de leur droit à exister en tant que personnes. Aujourd'hui installée aux Etats-Unis, Homeira Qadiri poursuit son combat pour la cause des femmes.
Le droit à exister
Fatema Mernissi racontait elle aussi dans «Rêves de femmes», cet enjeu qu'est l'école pour les filles. Pionnière de la sociologie, elle s'est beaucoup intéressée aux savoirs féminins et à leur transmission. C'est ce dont témoigne le psychanalyste Ahmed Farid Merini dans un bref essai en guise d'hommage, «Fatema Mernissi, le fil invisible du féminisme». Il y raconte un travail partagé avec elle et les tisseuses de tapis de Taznakht. Tissage comme broderie sont, rappelle-t-il, une expression féminine, qui se transmet de mère en fille et qui constitue un espace de liberté. La mère de Fatema Mernissi elle-même, refusant les motifs classiques, affirmait avec son style personnel son indépendance et son refus des «hudud du patriarcat».
Entre la sociologue et le psychanalyste se noue une double complicité, celle d'avoir eu une mère «terraza», et d'avoir été initiés ainsi à ce langage du fil, que l'un et l'autre lisent comme une véritable écriture. Entre «khit» et «khatt», «le tissage pour Fatema Mernissi se compose d'un fil visible, qui permet une transmission telle qu'on la conçoit socialement, doublé d'un fil invisible qui lie la femme à son intériorité psychique». Ce petit livre retrace à la fois la dimension sociale, en pleine transformation, de cette pratique du tissage, qui autonomise économiquement les femmes et redéfinit leur place dans la société, et sa dimension symbolique: l'expression de soi. Donc le droit à l'individualité.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.