Lors de sa dernière déclaration, à la suite de la réunion du conseil, le porte-parole du gouvernement a livré une information importante au sujet du stock de blé tendre dont dispose le Maroc et qui, selon le ministre, est estimé aujourd'hui à l'équivalent de cinq mois de consommation nationale. Il y a quelques semaines, ce niveau de stock de sécurité était quasiment le même. Ce qui veut dire que malgré le flux de consommation déjà élevé et qui s'est probablement amplifié avec le mois de Ramadan, le Maroc n'a pas entamé ses précieuses réserves de sécurité ou du moins les a reconstituées rapidement. Cela n'est pas du tout anodin, surtout en pareille conjoncture internationale. La récolte des deux plus grands producteurs de blé tendre et fournisseurs du Maroc pour cette matière, que sont la Russie et l'Ukraine, est définitivement compromise, et ce pour au moins deux années. Avec un tel manque d'offre sur les marchés internationaux, un double effet immédiat ne s'est pas fait attendre : la rareté et, comme conséquence directe, une flambée des prix. Le déclenchement de ce mécanisme est tout aussi valable pour d'autres denrées, notamment les engrais, les hydrocarbures, le gaz ou encore d'autres matières premières comme les minerais, sans oublier les produits d'équipement et industriels. Mais dans le cas du blé, la situation est particulièrement compliquée, voire explosive, parce qu'il s'agit d'une denrée alimentaire vitale pour le monde entier, ou presque. Beaucoup de pays, en Afrique notamment, font déjà état de situations de début de famine, car ils n'ont pas pu s'approvisionner, soit pour des raisons de prix exorbitants, soit simplement à cause de la pénurie. Il faut dire que la pénurie de produits alimentaires ou la flambée de leurs prix ont déjà commencé à dégénérer socialement dans certains pays. Même de grandes institutions internationales, comme le programme alimentaire mondial, pourtant l'émanation de l'ONU, se sont trouvées elles aussi impuissantes et désarmées face à une telle situation. Les ménages marocains, quant à eux, connus pour être parmi les plus grands consommateurs de pain au monde, et malgré, en plus, la forte hausse de la demande du mois de Ramadan, ont pu acheter leur pain et leur blé sans s'inquiéter des prix, encore moins de pénurie. Comparé à la détresse et situations désastreuses vues ailleurs, un tel confort même relatif est tout de même rassurant et gagnerait à être préservé...