Le Maroc avait lancé un appel d'offres pour importer 300 000 tonnes de blé tendre des Etats-Unis qui est resté sans réponse. Un autre appel est lancé à destination de l'Union européenne et les analystes s'attendent à ce qu'ils subissent le même sort. La sécheresse aux Etats-Unis a perturbé les prix à l'international. Aucune offre n'a été déposée dans le cadre de l'accord de libre-échange conclu entre le Maroc et les Etats-Unis pour l'appel d'offres qu'a lancé l'Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) en juillet dernier portant sur 300 000 tonnes de blé tendre. L'ONICL n'a pas donné de raisons pour l'absence d'offres pour son premier appel d'offres pour le blé mais a prolongé l'échéance de l'appel au 31 décembre 2012. Mais deux importateurs locaux ont précisé dans une déclaration à Reuters que « les termes de l'accord de libre-échange et les prix élevés du blé à l'international laissent de faibles marges… » L'annonce suit un autre appel d'offres lancé mercredi 15 août portant sur la même quantité (300 000 tonnes) mais destiné au marché de l'Union européenne lui aussi dans le cadre de l'accord de libre-échange, pour lequel les traders locaux et étrangers s'attendent au même sort que celui destiné aux Etats-Unis. Flambée et pénurie à cause de la sécheresse Une source de l'ONICL explique la non manifestation d'importateurs pour le marché américain, par le recul de la production céréalière US à cause de la vague de sécheresse qui a sévi dans le pays cette saison. En effet, le pays devrait connaître la plus mauvaise récolte de maïs depuis six ans, selon les prévisions du ministère de l'agriculture américain. Les cultures de soja, elles, devraient produire 12 % de moins que l'an passé. Une autre sécheresse en Russie, au Kazakhistan et en Ukraine a touché les champs de blé dont les cours ont grimpé de 19 % en juillet. Malgré la faiblesse de sa production de blé, la Russie a toutefois rejeté toute idée d'embargo à l'export de cette céréale, à la différence de ce qu'elle avait décrété en 2010. Le Maroc s'est tourné vers l'Europe et dans une moindre mesure, il ferait de même vers l'Australie. Cinq mois de provisions Le Maroc détient actuellement 1,9 million de tonnes de blé tendre dans les stocks. Des provisions qui couvrent cinq mois des besoins domestiques. Le Maroc est susceptible d'importer au moins 4 millions de tonnes de blé tendre dans les 12 mois à venir jusqu'à fin mai 2013, la quantité la plus élevée depuis 1981. Les conditions météorologiques défavorables ont réduit la récolte de céréales du royaume de 8,4 millions de tonnes en 2011 à 5,1 millions de tonnes cette année. Ce chiffre comprend 2,74 millions de tonnes de blé tendre, 1,13 million de tonnes de blé dur et 1,2 million de tonnes d'orge. La récolte de 2011 comprenait 4,17 millions de tonnes de blé tendre, et 1,85 million de tonnes de blé dur. Le Maroc entamant largement ses réserves pour alimenter ses marchés, se retrouve dans une situation de stress d'avant rupture des stocks. Problème mondial Depuis le début de l'été, les prix agricoles inquiètent. Aujourd'hui, la FAO l'atteste. Après 3 mois de baisse, les prix des denrées alimentaires sont bel et bien repartis à la hausse. Ils affichent une progression de 6 % en juillet sur un mois. La FAO émettait un risque important de pénurie alimentaire mondiale de par la brutale hausse des prix cet été. Les céréales sont les produits concernés et l'explication donnée est celle de la sécheresse aux Etats-Unis. Selon les analystes de forxagone « même si on observe une hausse généralisée, elle n'est pas du tout répartie de la même façon et elle demeure la cause de problèmes structurels ». Avant de poursuivre que « le blé connaît ces derniers mois, une hausse assez franche mais il reste encore loin de la pénurie de 2010 causée par la sécheresse estivale en Europe (l'Europe représente 21 % de la production mondiale) et en Russie (6 %). Le cours se situe d'autant plus loin encore du sursaut en 2008 provoqué par une importante fonte des stocks mondiaux. Ici le prix s'accroît rapidement mais n'atteint pas encore des seuils dangereux ». Le risque d'une famine plane toujours sur le monde et la France et les Etats-Unis se sont déclarés d'ores et déjà prêts à réunir au début du mois de septembre le Forum de réaction rapide issu du G20 pour tenter de trouver une solution. * Tweet * *