Les gros œuvres coûtent entre 1 000 DH et 1 300 DH le m2. Le foncier représente jusqu'à 50 % de l'investissement initialement prévu. Les marges bénéficiaires des promoteurs immobiliers avoisinent les 40 %. De plus en plus de petits épargnants et de particuliers, par leurs moyens propres, suite à un héritage ou encore en s'appuyant sur un crédit bancaire, décident de se lancer dans la promotion immobilière, de manière occasionnelle. La manne financière rapportée par l'opération de départs volontaires, dont ont bénéficié près de 39 000 fonctionnaires, a également accentué ce rush vers le secteur. Selon William Simoncelli, directeur général de Carré Immobilier Maroc, agence conseil en immobilier, ce sont les professions libérales qui arrivent en tête de ces «promoteurs occasionnels». «Ils sont tous motivés par l'attrait financier et l'appât du gain rapide que représente ce secteur», soutient-il. Mais beaucoup de ces éventuels promoteurs immobiliers n'ont pas encore franchi le pas. Nombreux sont ceux qui attendent toujours qu'une opportunité se présente. Mais combien cette petite aventure pourrait-elle leur coûter ? Le calcul est tout simple. D'abord, tout dépend du standing choisi. Trois catégories sont grosso modo distinguées par les promoteurs immobiliers. Economique, moyen ou haut standing : les finitions font la différence Il s'agit en premier lieu de l'habitat économique dont le coût de revient est de 1 600 DH le m2 couvert (hors coût du foncier). La seconde catégorie de construction comporte tout ce qui est moyen standing qui, elle, revient entre 2 300 DH et 2 500 DH le m2. Pour ce qui est du haut standing, troisième catégorie, son coût de revient se situe entre 3 000 DH et 3 800 DH le m2. Pour Driss Nokta, promoteur immobilier et membre du bureau de la Fédération nationale de la promotion immobilière (FNPI), le coût des gros œuvres est quasiment le même quel que soit le standing de l'immeuble à construire. « Pour un R+5, par exemple, le coût des gros œuvres se situerait entre 1 000 DH et 1 300 DH le m2 couvert. Mais comme depuis quelques années les promoteurs immobiliers sont obligés de construire en respectant les normes parasismiques, la facture augmente de 15 %», explique-t-il. Ce qui fait la différence entre habitat économique, moyen ou haut standing, c'est évidemment la qualité des finitions. Utiliser un carrelage d'entrée de gamme, dont le mètre carré coûte entre 60 DH et 70 DH ou au contraire daller le sol, les murs des salles de bains et de la cuisine de carrelage d'importation dont le mètre carré dépasse les 300 DH ? Une question de choix et de quartier dans lequel se trouve l'immeuble à bâtir. «Le même critère entre en compte dans le choix du sanitaire. Prenons l'exemple de la salle de bains. Le prix d'une douche revient moins cher que celui d'une salle de bains en bonne et due forme composée de baignoire, bidet et grand lavabo avec dallage en marbre. La différence de prix peut aller de 150 DH pour le simple receveur de douche à 1 000 DH pour une baignoire d'entrée de gamme », explique Aziz Hammoudou, promoteur casablancais. Idem pour les toilettes par exemple. La différence est grande entre un siège à la turque dont le prix, au gros bien évidemment, tourne autour de 60 DH et un siège à l'européenne qui démarre à partir de 900 DH. Pour Fouad Akalay, architecte, ce ne sont pas les gros œuvres qui font la différence mais la qualité de la finition. «Il ne suffit pas non plus de voir la qualité du marbre, du carrelage ou du sanitaire pour distinguer un immeuble moyen d'un autre haut standing. D'autres critères entrent en lice et ne sont parfois pas visibles à l'œil nu», souligne-t-il. L'architecte donne ainsi l'exemple de la qualité des séparations ainsi que de l'isolation thermique et phonique dont dispose le logement. «Pour beaucoup de personnes, s'installer dans un logement suppose un minimum de confort. Un logement de haut standing par exemple est censé éviter à son propriétaire d'entendre les bruits du voisin ou de devoir condamner plusieurs chambres l'été ou l'hiver à cause des conditions de ventilation ou d'aération», précise M. Akalay. Mais combien coûtent justement ces finitions de haute facture ? «Pas grand-chose», explique M. Nokta qui avance une fourchette de 250 DH à 300 DH/m2 pour les moyens d'isolation thermique et phonique. «Il faudrait cependant signaler que plusieurs types ou degrés d'isolation existent. Cela dépend par exemple de la proximité d'une artère très fréquentée ou de toute autre source de bruit stressant ou alors de la proximité de la mer. Dans tous les cas, les conseils d'un architecte sont toujours les bienvenus», commente-t-il. Les nouvelles tendances vont vers les portes blindées, les jacuzzis ainsi que les accessoires de design Les promoteurs doivent également faire face à un autre type de clientèle qui, elle, tient parfois, par plaisir ou par exigence, à aménager son chez-soi. C'est pour cela que les promoteurs immobiliers, essentiellement ceux qui se lancent dans le très haut standing, accordent une attention particulière à cet aspect. La recherche du luxe peut cependant frôler la démesure. C'est ainsi que le nec plus ultra des salles de bains aménagées n'est autre que le jacuzzi, un petit artifice de détente au prix minimum de 40 000 DH. Pour les peintures des murs, la tendance est au tadellaket, cet enduit traditionnel marrakchi à même de transformer l'intérieur d'un appartement urbain en riad des Mille et une nuits. Pour ce qui est des poignets, quincaillerie, luminaires, accessoires de cuisines et de salles de bains, l'effet design est de mise. Quelques-uns des plus grands designers marocains s'y sont ainsi mis pour offrir un mélange de fonctionnalité, de modernité et d'authenticité, à des prix très abordables dans la majorité des cas. En matière de sécurité, un produit fait de plus en plus d'adeptes, il s'agit des portes blindées qui sont commercialisées au prix moyen de 7 000 DH l'unité. Terrains : jusqu'à 25 000 DH le mètre carré Mais attention, souligne Driss Nokta, à ces coûts de revient, il faudrait ajouter le prix du foncier généralement exorbitant dans les grandes villes. Au centre-ville de Casablanca ou Rabat, par exemple, le coût du terrain peut représenter jusqu'à 50 % du coût global du projet. A 25 000 DH le m2, par exemple, le prix d'une parcelle de terrain de 400 m2 au Mâarif, Gauthier ou encore Racine, se monte à 10 MDH. Et encore, il s'agit le plus souvent d'une ancienne villa qu'il faut démolir, moyennant finances. Toujours est-il que le choix de la finition, en plus du coût du foncier, sont deux critères qui décident du budget de toute opération. La différence influe forcément sur le coût de revient supporté par le promoteur, et donc, indéniablement sur le prix de vente qui se situe pour l'habitat économique aux environs de 3 700 DH le m2, les différentes conventions signées avec le gouvernement obligent les promoteurs qui en produisent de vendre ce type d'habitat (54 m2 en moyenne) à 200 000 DH. Pour ce qui est du moyen standing, le prix avoisine les 8 000 DH alors que le prix de vente du m2 en haut standing peut dépasser les 15 000 DH. «Dans ces fourchettes de prix, le client a droit à un logement climatisé ainsi qu'à un chauffage central en plus de l'utilisation de matériaux de construction de premier choix. Il est évident que la promotion immobilière est un secteur qui rapporte beaucoup d'argent, avec des marges bénéficiaires record par rapport à d'autres secteurs économiques», souligne M. Hammoudou. A ceci s'ajoute une fiscalité qui est relativement clémente. «Tout ce que le promoteur doit payer est un impôt sur les sociétés, selon les lois en vigueur ainsi que quelques taxes au moment de l'éclatement du titre foncier de la propriété pour les besoins de copropriété», explique pour sa part Fayçal Benjelloun, notaire à Casablanca (voir encadré). Ainsi, construire un immeuble est une entreprise qui pourrait rapporter gros. Seulement, s'entourer de professionnels du secteur, architectes, ingénieurs et une force de vente percutante seraient un atout supplémentaire. C'est qu'en parallèle à l'augmentation de la demande, cette dernière est devenue de plus en plus exigeante, aussi bien pour la qualité technique de la construction que pour son aspect extérieur et son ergonomie. Fiscalité Ce que paie le promoteur immobilier à l'Etat Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la majorité des frais et des taxes dus à l'Etat, suite à une transaction immobilière, sont payés par l'acquéreur. Il s'agit d'un total de 2,5% du prix de vente déclaré. Un taux devenu unique en cas d'achat d'un logement ou d'un local commercial et qui représente les frais de conservation foncière, la taxe sur les actes et les conventions ainsi que les honoraires du notaire. Quant au promoteur, deux options se présentent pour lui. La première suppose que le promoteur immobilier a initié son opération en son propre nom. Dans ce cas, il devra payer l'Impôt sur le revenu en fonction du bénéfice déclaré. Dans le second cas de figure, le promoteur crée une société au nom de laquelle l'opération de promotion immobilière est effectuée. Pour encourager le secteur, l'Etat a exonéré ces sociétés immobilières de patente ainsi que de taxes urbaines. Elles se doivent cependant de s'acquitter de l'IS, à hauteur de 35%. Pour ce qui est de la TVA, le législateur impose aux sociétés qui déclarent un bénéfice supérieur à 1 MDH de la payer mensuellement. En deçà, elle est perçue tous les trois mois. Le promoteur pourrait bien évidemment en déduire la TVA payée en amont pour l'achat des matériaux de construction par exemple.