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Les juges savent, le cas échéant, faire preuve de retenue et de modération
Publié dans La Vie éco le 22 - 01 - 2020

Durant certaines audiences, une vieille dame faisait son apparition dans la salle. Toujours très correctement vêtue, elle s'installait au premier rang, juste derrière le pupitre réservé aux avocats, et suivait attentivement les débats, manifestant de la tête son approbation...ou son désaccord avec le déroulé des séances. Un jour, elle franchit le cap, celui de s'adresser directement à la Cour…
Nous avons abordé récemment la notion d'outrage à magistrat, suite à une affaire qui a défrayé la chronique, et qui a donné lieu à des poursuites judiciaires. Certains ont estimé qu'engager des poursuites sur ce sujet était excessif. Il faut savoir aussi que les magistrats sont souvent confrontés à des situations tendues, dans lesquelles ils doivent affronter le regard des familles des prévenus, le commentaire des journalistes, ainsi que les gros titres de la presse. Mais ces mêmes juges savent, le cas échéant, faire preuve de retenue et de modération, comme en témoigne le cas suivant. Les tribunaux, on le sait, sont une Administration publique, où l'accès est libre. Bien sûr, il y a toujours des agents de police en faction devant les entrées, mais c'est davantage pour assurer la sécurité des lieux et des usagers que pour en interdire l'accès.
Aussi trouve-t-on souvent des touristes en vadrouille, attirés par la beauté architecturale du Tribunal de première instance de Casablanca, qui s'enhardissent à en franchir la porte, dans le but de prendre des photos souvenirs, à l'intérieur, à l'ombre des jardins fleuris et fort bien entretenus du reste. Il y a quelques années, on a assisté à un curieux spectacle, qui s'est répété durant quelques mois. Au Tribunal de Casablanca, il y a la salle d'audience principale, nommée Salle Une, située juste en face de la porte d'accès principale du bâtiment, et où se tiennent quotidiennement des audiences civiles. La salle est grande, avec plafond haut, spacieuse et peut accueillir de nombreux «spectateurs», ces gens mordus des affaires judiciaires, et qui passent leur temps libre à assister à des audiences. Lesquelles, comme le stipule la loi, doivent être publiques, afin de garantir le bon fonctionnement de l'appareil judiciaire. Et donc, durant certaines audiences, une vieille dame faisait son apparition dans la salle. Toujours très correctement vêtue, elle s'installait au premier rang, juste derrière le pupitre réservé aux avocats, et suivait attentivement les débats, manifestant de la tête son approbation...ou son désaccord avec le déroulé des séances.
Un jour, elle franchit le cap, celui de s'adresser directement à la Cour. Ce qui est en principe interdit aux spectateurs, ou qui, à tout le moins, doit répondre à un certain protocole. Cette dame avait suivi le déroulement d'une audience banale, ordinaire, où comparaissaient deux jeunes voleurs à la tire, une espèce de pickpockets. Après les interrogatoires d'usage, vint le tour des réquisitoires du parquet, qui comme à son habitude réclama de fortes peines de prison, afin, disait-il, «de décourager toute vocations futures chez les jeunes». Puis ce fut le tour des avocats de plaider, pour leur part, soit l'acquittement, faute de preuves, soit l'application des circonstances atténuantes, dans le souci de diminuer les peines à venir. Et au moment de donner la parole aux inculpés, comme c'est la règle, qui veut que ces derniers soient les derniers à s'exprimer dans une audience correctionnelle, voilà la dame qui se lève brusquement et s'avança dans le prétoire en direction des juges. Au policer qui s'interposait, le président lui ordonna de laisser faire. Un profond silence régnait dans la salle, car la dame en question était sur le point de commettre un «outrage à magistrat». Elle n'avait pas le droit d'intervenir, ni de se présenter juste devant les juges, n'étant pas concernée par le dossier en cours de traitement. Se plantant devant le président, elle l'apostropha à haute voix (sachant qu'il n'existe pas vraiment de vouvoiement dans la langue arabe): «Et toi, pour qui tu te prends ? Tu es content de toi, dans ton bel habit vert ? (la robe des juges est de couleur verte, ou noire avec des parements verts, selon les grades). Mais moi, je te le dis, ces jeunes-là, ils ont fait quelques bêtises. Mais tu n'en faisais pas autant à leur âge ? Alors ne les envoie pas en prison, et sois gentil avec eux». Puis, tournant le dos aux juges, elle quitta dignement la salle, sous le regard ébahi des personnes présentes, qui s'attendaient à son arrestation immédiate...pour outrage à magistrat. Mais le juge ne broncha pas, se contentant de l'observer, sans dire mot. Puis, une fois qu'elle ait quitté la salle, il se tourna vers le représentant du parquet, expliquant brièvement que c'était une ancienne fonctionnaire du tribunal, ayant quelque peu perdu l'esprit depuis sa mise à la retraite. Et qu'elle venait régulièrement faire «des inspections», afin de s'assurer que la machine judiciaire fonctionnait encore... et correctement !


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