La vente de moutons se modernise peu à peu dans les grandes villes en investissant le digital et la grande distribution, mais la vente directe dans les fermes et les souks reste toujours prisée. Une série de mesures du secteur de l'élevage en amont et en aval ont été édictées pour structurer le marché. Des prix stables, un marché mieux structuré et une offre supérieure à la demande. Telles sont les tendances observées par La Vie éco sur le marché d'ovins et de caprins et remontées par des éleveurs à quelques jours de Aid Al Adha. «Les prix sont corrects. Avec un budget allant de 3 000 à 4 000 DH, une famille nombreuse peut se procurer un bon mouton de race Sardi. D'autres aux budgets plus serrés peuvent se payer d'autres races à 1500 DH, voire un peu moins», indique Omar Chafai, éleveur dans la région de Settat, qui s'est appuyé cette année sur un site internet pour mieux vendre. Comme lui, nombre d'éleveurs s'orientent désormais vers le digital pour faire de la publicité en ligne. Sites internet dédiés, sites d'annonces gratuites comme Avito, groupes et pages Facebook…. Toutes ces plateformes les aident à approcher leur clientèle. «Il n'y pas de vente en ligne, mais plutôt une publicité en ligne. Les Marocains préfèrent toujours l'achat physique via le bouche à oreille, dans les souks et auprès de leurs connaissances dans le monde rural», explique-t-il. Tendance récente mais mieux ancrée, la vente de moutons dans les grandes surfaces gagnent du terrain, mais reste limitée, selon un grand éleveur dans la région de Marrakech. A Carrefour Bouskoura – le seul hypermarché du réseau qui propose un espace de moutons, à en croire une source au sein du groupe – , les moutons de race Sardi sont proposés à 51 DH le kilo. Dans certains hypermarchés Marjane, toujours à Casablanca, les prix démarrent à 47 DH. L'offre couvre largement la demande Ailleurs, dans les souks et chez les éleveurs, l'appréciation du prix se fait toujours à l'œil. «C'est le fameux dicton ''Einek mizanek'' (tes yeux sont ta balance) qui prime toujours», soutient l'éleveur de Settat. Dans la région de l'Oriental, à Ain Beni Mathar où se trouve l'un des plus grands souks d'ovins au Maroc et en Afrique du nord, les prix sont relativement bas par rapport à l'année dernière. «Les éleveurs sont pressés de vendre après une campagne moins bonne que la précédente. Du coup, les prix proposés sont très abordables. A moins d'une arrivée massive des MRE qui pourrait stimuler la demande, les prix devront rester stables», nous indique un éleveur de la région connue pour la race Bni Guil. «Dans notre zone qui fournit tout le Maroc en moutons Bni Guil, les prix proposés cette année dépassent rarement 3000 DH. Le fait que le poids moyen de cette race ovine comparativement au Sardi, qui peut dépasser les 100 kg, y est pour beaucoup, au delà de la conjoncture qui fluctue chaque année», conclut-il. L'étau se resserre autour des fraudeurs D'après les derniers chiffres de l'ONSSA, 8 millions d'ovins et de caprins seront identifiés, ce qui veut dire la même offre que l'année dernière. S'agissant de la demande, celle-ci n'a pas encore été dévoilée, mais si l'on se tient aux chiffres de l'année 2018, elle est de 5,45 millions. En clair, l'offre couvre largement la demande et permet théoriquement d'avoir des prix abordables, mais ce n'est pas toujours le cas. «Comme dans toutes les filières agricoles, il y a parfois des intermédiaires et des spéculateurs qui font monter les prix au grand dam du consommateur et de l'éleveur et malgré les efforts du ministère», déplore Omar Chafai, qui recommande aux consommateurs d'acheter leurs moutons à l'avance. A l'instar de l'année dernière, le département de l'agriculture, l'ONSSA et les professionnels du secteur de l'élevage ont engagé une guerre sans merci contre les fraudeurs quelques mois avant la fête d'Al Aid. Il faut dire que tout ce qui pouvait leur servir de moyens (médicaments vétérinaires, fientes de volaille, etc.) pour un engraissement frauduleux est contrôlé. Cela sans compter l'opération d'identification du cheptel et des éleveurs pour assurer une traçabilité à toute épreuve. «Près de 7,4 millions de têtes d'ovins et de caprins ont été identifiés dans le cadre des préparatifs de Aid Al Adha 1440», a indiqué l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), rassurant que l'état sanitaire du cheptel est «satisfaisant». Dans le détail, 236 000 unités d'élevage et d'engraissement ont été enregistrées auprès des services vétérinaires de l'ONSSA, représentant une augmentation de 71% par rapport à l'année dernière, a précisé l'ONSSA dans un communiqué, ajoutant qu'au terme de cette opération, qui devra s'achever cette semaine, il est prévu d'atteindre environ 8 millions d'ovins et de caprins identifiés. Au delà de la traçabilité, d'autres mesures transverses de contrôle ont été édictées dans l'écosystème d'élevage de caprins et de bovins. Contrôle de la qualité de l'eau, contrôle des aliments pour animaux, contrôle des médicaments vétérinaires, contrôle des fientes à la sortie des élevages avicoles et à leur destination….sont autant de mesures mises en place pour couper l'herbe sous les pieds des fraudeurs. Par ailleurs, les contrôles menés récemment par l'office pour traquer les fraudeurs les plus récalcitrants ont été concluants. Jusqu'au vendredi 26 juillet, les services du gendarme de la sécurité sanitaire des aliments ont mené 658 sorties de contrôle, prélevé pour analyse 381 échantillons d'aliments pour animaux, 500 échantillons de viandes et 25 échantillons d'eau et délivré 331 laissez-passer des fientes de volaille. Résultat : 10 procès-verbaux d'infractions ont été dressés et envoyés à la justice, dont 3 cas concernent l'utilisation des fientes de volaille pour l'engraissement des animaux dans les régions de Casablanca et de Rabat et 7 cas liés à la vente de médicaments vétérinaires au niveau des souks hebdomadaires d'origine inconnue ou sans autorisation dans les régions de Marrakech, l'Oriental, Rabat-Salé-Kénitra et Béni Mellal-Khénifra. N'étant pas en reste, le réseau de commercialisation des caprins et des bovins a été renforcé. A ce titre, 30 souks supplémentaires, dont 8 souks nouvellement créés cette année, seront mis en place, en collaboration avec le ministère de l'intérieur. Enfin, des actions pour l'amélioration de l'abattage sont prévues à la veille de l' Aid. En effet, l'ONSSA prévoit le lancement de la campagne «Al gazar diali» qui consiste en la formation et la sensibilisation des bouchers. Mieux encore, une permanence sera assurée par plus de 300 médecins et techniciens vétérinaires, dont la liste sera publiée sur son site web pour répondre aux demandes d'information des citoyens. Le gendarme sanitaire a également mis à la disposition des citoyens un numéro vert (0801003637) pour recevoir les demandes d'informations des consommateurs de 8h à 20h.