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Laà¢youne : grogne sociale grossie à des fins politiques
Publié dans La Vie éco le 03 - 06 - 2005

La tension sociale due principalement à un taux de chômage élevé dans la région est exploitée par des séparatistes.
Laâyoune, une ville normale jusqu'aux abords du quartier «Maâtallah».
Plutôt que d'une volonté d'indépendance, il s'agit d'un vote-sanction contre l'administration.
Comme à Casablanca, le temps était maussade ce dimanche 29 mai à Laâyoune. Un peu lourd aussi. Première impression : une vie normale comme dans n'importe quelle autre ville. Des personnes déambulent, ici et là, sur les trottoirs. Dans un café, un groupe de jeunes, scotchés devant le poste de télévision branché sur Euronews qui commente en espagnol les résultats de Roland Garros.
Ce n'est qu'à l'entrée du quartier Maâtalah, théâtre des incidents de la semaine dernière, que cette impression de normalité disparaît. Le quartier est quadrillé par les agents des Forces auxiliaires. Toutes les entrées sont contrôlées et plusieurs camions des forces de l'ordre stationnent dans les ruelles du quartier. Une présence qui ne semble nullement déranger les habitants, qui vaquent à leurs occupations. Des gosses s'affrontent dans un match de football. Un peu partout, des femmes se tiennent sur le seuil de leurs maisons. Des jeunes gens circulent et les commerces sont ouverts. Un air de monotonie ordinaire, celle qui caractérise les dimanches.
Mais l'arrivée des équipes de télévision, notamment étrangères, va chambouler l'ambiance. En quelques minutes, un attroupement se forme devant les caméras. Quelques dizaines de personnes, dont une majorité d'enfants et d'ados, se rassemblent, d'abord par curiosité. Soudain, un slogan anti-marocain est lancé, on ne sait d'où, et toute la troupe se met à le scander. Tout dépendra alors du bon vouloir du caméraman et du réalisateur du reportage télé. De l'angle de prise de vue, que l'image soit très cadrée ou que le plan soit le plus large possible, l'impact de l'image ne sera pas la même. Dans le premier cas, l'attroupement prendra les allures d'un large mouvement de contestation, dans le second cas, celui de petits groupes, isolés, de mécontents.
Chômage et corruption, racines du ressentiment
Mécontents tout de même. Les foyers de séparatisme, même réduits, sont là, bien présents à Laâyoune. Moulay Ahmed, la trentaine, en fait partie. Assis dans la pièce principale de la maison, entouré de sa mère, sa sœur et son petit frère, il résume la situation. «Nous demandons le droit à l'autodétermination. L'élite locale ne nous représente pas. Ils construisent leurs villas au moment où nous vivons dans des conditions difficiles psychologiquement et matériellement. Oueld Rachid & Co ne nous représentent pas. Nous avons des problèmes de chômage. Les richesses de la région ne nous profitent pas et la corruption est largement répandue ici», tonne-t-il sans se rendre compte que ce qu'il réclame, finalement, c'est plus de justice sociale seulement, avant de conclure : «Le Maroc va bien. Mais les gens n'en bénéficient pas !»
Le témoignage de ce jeune qui se présente, lui et sa famille, comme un militant du camp des séparatistes, est riche en renseignements. C'est le ras-le-bol de vivre dans la misère qui est le plus perceptible. Un ras-le-bol exploité par certains pour attiser ces poches de contestation.
Car, en fin de compte, les incidents qu'a connus la ville devraient se résumer à un simple fait divers. Des évènements plus graves, par leur intensité mais aussi par le nombre des personnes qu'ils ont mobilisées, ont eu lieu durant la même semaine et n'ont pas bénéficié d'une couverture médiatique aussi large. C'est le cas de la manifestation de colère des habitants de Tamassint, dans le Rif, contre les retards dans le relogement des sinistrés du séisme, qui s'est soldée par des confrontations violentes avec les forces de l'ordre, il y a quelques jours. C'est aussi la grogne de ce village, situé près de Beni Mellal, contre l'administration qui a érigé une clôture contraignant les villageois à marcher plusieurs kilomètres pour atteindre des points d'eau. Tous ces évènements n'ont pas eu droit à des traitements médiatiques aussi larges car ils n'ont pas cette spécificité dont jouissent les régions du Sud.
Une spécificité cultivée par les responsables de ce dossier durant des années, et à laquelle il est très difficile de mettre un terme. Au point que les tentatives de normalisation de la vie dans les villes du Sahara produisent des effets contraires.
«Sa Majesté Hassan II avait décidé d'octroyer une solde de 750 DH à chaque Sahraoui de plus de 15 ans. Aujourd'hui, on nous prive de cet argent », reproche ce jeune étudiant qui se croit en droit de percevoir une rente uniquement parce qu'il est originaire du Sud. Ce jeune fait référence aux «bons» de la Promotion nationale qui étaient remis à des familles de la région et ont été à l'origine de nombreuses magouilles et de malversations, de l'aveu même des autorités locales. Ces dernières ont décidé, depuis quelque temps, de ne plus les octroyer que contre un travail réellement effectué sur le terrain.
Une culture de rente qui rend difficile le retour à la normalité
La région a toujours bénéficié d'une «discrimination positive». Avantages fiscaux, priorités aux jeunes de la région dans les opérations de recrutement, prise en considération des doléances des élites politiques et économiques. Une supra citoyenneté a été cultivée chez les populations locales. Les plus jeunes, qui n'ont pas partagé la vie de nomade de leurs parents, ne mesurent pas à leur juste valeur les sauts qualitatifs de la région, réalisés à coup de sacrifices des autres régions du pays. En quoi cette région est-elle plus prioritaire qu'Errachidia, Kalaât Sraghna ou Benguérir, où les populations vivent une misère encore plus grave ? L'annonce récente de l'intégration dans la fonction publique de «300 jeunes Marocains d'origine sahraouie» ne fait qu'attiser cette différenciation voulue par rapport aux autres régions du pays.
Les évènements de la semaine dernière s'apparentent davantage à un vote sanction contre l'administration centrale. La chaîne de confiance a été brisée depuis longtemps. On n'est pas encore arrivé à la rétablir et ce n'est pas à coup de privilèges, mal interprétés par les habitants du Sud, qu'on y parviendra
Il a suffi que les caméras de télévision étrangères se montrent pour que des attroupements se forment à nouveau.


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