La visite de Christopher Ross à Laâyoune et Smara a été l'occasion idoine pour les partisans du Polisario de descendre dans la rue. L'intervention des forces de l'ordre les a amplement aidées dans leur revendication d'élargir le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme au Sahara. Laâyoune a renoué avec la tension. Pendant deux jours, samedi et dimanche, la ville a connu des manifestations et des marches des sympathisants du Polisario. L'arrivée de Christopher Ross dans la capitale du Sahara a stimulé les partisans de la solution de l'autodétermination. Les forces de l'ordre sont intervenues, non sans violence, contre les manifestants. Une intervention qui est allé jusqu'à la perquisition des maisons à la recherche de «perturbateurs», terme utilisé par le communiqué de la wilaya de Laâyoune pour désigner les contestataires. Un cadeau pour les partisans de l'élargissement du mandat de la Minurso Hier, l'AMDH a dressé un bilan provisoire des affrontements de samedi. L'ONG parle de blessés dans les rangs des pro-Polisario, transportés à l'hôpital central de la ville. Elle a fait état, également, d'un déploiement massif des forces de sûreté dans le quartier Maâtallah, un des bastions des indépendantistes à Laâyoune. L'AMDH avance que les habitants auraient été privés d'électricité durant la nuit de samedi à dimanche. Les mesures prises par les autorités locales avaient un seul objectif : empêcher les manifestants de battre le pavé pendant la visite de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental, en vain. Pire en ayant recours à la matraque, ils ont donné des arguments nouveaux et au Polisario et à ses alliés, Etats, institutions élues et associations, dans leurs demandes d'élargir le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme dans la région. La version des autorités de Laâyoune Quelques heures après que l'AMDH ait rendu son bilan provisoire, la wilaya de Laâyoune a réagi. «Quelque 400 individus, constituants des groupes de 20 à 80 personnes, ont tenté, dans la soirée de samedi à différents endroits de la ville de Laâyoune, de s'attrouper sur la voie publique sans autorisation et commencé à jeter des pierres et des cocktails Molotov et utilisé des pneus en flamme pour dresser des barrages dans certaines rues et perturber la circulation», souligne un communiqué. Le texte des services de Khalil Dkhil, rejette certaines informations faisant état de participation de «personnes en civil» aux côté des forces de l'ordre. Il «dément catégoriquement ces allégations colportées par certains éléments, de mauvaise foi», menaçant que «toute violation de la loi par les forces de l'ordre sera sévèrement sanctionnée». Le communiqué des autorités locales parle de cinq blessés parmi les policiers. Tension à Smara, également La ville de Smara a constitué la deuxième étape de la tournée de Christopher Ross au Sahara. Là aussi, la présence du médiateur américain a encouragé les composantes d'une coordination, constituée il y a une semaine, à initier, dimanche, des marches. L'une d'elle a tourné en un affrontement direct entre des jeunes et les forces de l'ordre, notamment dans les quartiers des Imarates et Tan Tan. A Smara, Ross s'est réuni, hier, avec une délégation des familles des détenus sahraouis. L'envoyé de l'ONU au Sahara devra présenter, dans les semaines à venir, ses conclusions sur la situation au Sahara occidental, au conseil de sécurité. Bien avant cette date, le mardi 22 octobre à midi, la plénière du parlement européen examinera et votera le rapport de l'eurodéputé Charles Tannock sur le Sahara.