L'échec ne doit pas être perçu comme un drame. Il peut constituer un tremplin pour un nouveau départ. L'histoire regorge d'exemples de leaders qui, par leur opinià¢treté et leur sagesse, ont beaucoup à nous apprendre. La condition pour espérer progresser est de prendre conscience de sa façon de fonctionner. A un certain moment de notre vie professionnelle, on a tous été forcément marqué par un exemple qui a changé notre manière d'agir, de penser ou même nos attitudes et comportements. Peut-être une personne ou une équipe, un projet ambitieux ou une situation de crise, une ambiance de travail… Par ailleurs, nous aurions tous, à un moment, aimé être enseignant, militaire, médecin, pilote ou banquier, tout simplement parce qu'on est séduit par un de ses professeurs, un voisin ou un parent proche. C'est dire que les motivations guidant le choix de telle ou telle voie professionnelle naissent souvent du désir de suivre les traces d'une personne dont la réussite est exemplaire, d'une idole en quelque sorte. Parfois, c'est tout simplement la passion ou les conseils éclairés d'un mentor qui guident nos pas. Le magazine américain Fortune avait publié, dans un récent numéro, une série de témoignages de grands managers, dans lesquels ils évoquaient leur «leçon» de vie. On y apprend, par exemple, qu'un des grands patrons de multinationale retenait consciencieusement les conseils de l'un de ses anciens patrons, à savoir s'entourer de personnes intègres et leur faire confiance en vue de leur permettre de développer leur autonomie. Ou encore cette histoire d'un autre manager, qui ne voulait pas trop vite planifier sa carrière. Pour lui, mieux vaut démontrer ses capacités à chacune des étapes du parcours professionnel et capitaliser pour mieux rebondir. Il n'aurait pas pu appliquer cette règle sans l'intervention d'un de ses supérieurs hiérarchiques qui lui a bien fait savoir que des ambitions trop tôt affichées peuvent être nuisibles pour la suite d'une carrière. N'a-t-on pas déjà vu des numéros deux passés à la moulinette parce qu'ils voulaient très vite devenir «calife à la place du calife». Les échecs peuvent aussi constituer un cas d'école. Abdelhai Lazrak, DG du cabinet Capital Services, en a connu un cuisant. «Le fait de ne pas réussir en tant que chef d'entreprise ne m'a pas découragé. Au contraire, j'ai gagné en assurance». Adil Jabrane, une forte tête, qui a cependant un excellent profil (ingénieur informatique), a failli briser sa carrière parce qu'il ne supportait pas sa hiérarchie. Après deux démissions fracassantes, il s'est assagi et suit, depuis lors, un parcours brillant. Il a compris à temps, et après en avoir discuté avec des proches, qu'on peut progresser normalement, se faire respecter, sans toujours provoquer des conflits. Mohamed B., quant à lui, a vécu l'enfer de la faillite. La société de confiserie qu'il avait reprise, et dont il a «explosé» les ventes en dix ans, a plongé, il y a presque deux ans, à cause d'une opération de croissance externe mal cadrée. «J'ai eu droit à un lynchage de toute part, associés, partenaires externes, et même de ma famille», raconte-t-il. Situation extrême ? Peut-être. Mais révélatrice du caractère implacable de ces défaillances d'entreprises. La peur d'échouer inhibe les initiatives Une faillite, c'est, le plus souvent, un drame pour le manager qui avait la responsabilité de l'entreprise : perte de confiance en soi, qui peut aller jusqu'à la dépression nerveuse… Il faut dire aussi que, dans les mentalités courantes, on ne conçoit pas que prendre des risques, c'est effectivement risquer d'échouer. Et que l'échec n'a rien de honteux ! C'est plutôt un défi capital à relever. Cependant, il ne doit pas être perçu comme un accident que le rétablissement de la situation antérieure suffirait à réparer. Il est bien plutôt la chance d'un nouveau commencement, l'origine d'une nouvelle orientation. En effet, là oà1 les mentalités sont différentes de celles qui prévalent au Maroc, tout le monde considère l'échec comme une expérience enrichissante. Bill Gates a ainsi recruté d'anciens managers de sociétés défaillantes. Sa motivation est significative : «Une entreprise a besoin de gens qui ont commis des erreurs et qui en ont tiré le maximum de leçons.» C'est la voix du bon sens. Une épreuve qui fait grandir, voilà comment les dirigeants qui l'ont vécu analysent a posteriori un échec professionnel. Ceux qui ont le virus de l'entreprenariat dans le sang peuvent donc y trouver de solides bases pour un nouveau départ. Avec parfois même de meilleures chances de réussite. Côté réussite, là aussi il existe tout un panel de bons exemples. L'histoire regorge d'exemples de leaders qui, de par leur opiniâtreté, leur endurance, leur courage, leur sagesse, ont certainement beaucoup à nous apprendre. La route de l'entrepreneur ou du manager est périlleuse. Les modèles de l'histoire sont donc là pour l'édifier et constituent pour lui une source d'inspiration oà1 il puisera des astuces pour bâtir son parcours, asseoir son équipe, son entreprise ou son organisation. Dans certains cas, l'échec est une épreuve qui fait grandir Pour bon nombre de spécialistes, la personnalité prédétermine aussi bien les succès que les échecs. La condition initiale pour espérer progresser est de prendre conscience de notre façon de fonctionner mentalement, en identifiant les traits dominants de notre tempérament et de notre caractère, en vue d'en tirer les conséquences qui s'imposent. Il ne s'agit pas de changer de personnalité ni de simuler un autre personnage, mais bien de compenser certaines lacunes par des efforts sur soi pour tendre vers l'idéal qui consiste à penser et agir comme le ferait un esprit parfaitement éclairé, tout en restant soi-même. Pour cela, tout manager devrait s'approprier un modèle comportemental lui donnant la possibilité de mieux se comprendre, comprendre les autres et se faire comprendre. La capacité de prévoir et l'audace qui permet de prendre des risques calculés, la faculté de mettre en Å"uvre ses projets, l'empathie pour entraà®ner le personnel et séduire ses clients: chacun de nous a une qualité plus marquée par rapport à d'autres et qu'il faut mettre en évidence. Surtout, ne pas oublier qu'on ne doit retenir que le bon côté d'une expérience quelle qu'elle soit. En d'autres termes, il faut capitaliser et passer à l'étape suivante sans culpabiliser.