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Accord de libre-échange : le Maroc désarmé face à la déferlante turque
Publié dans La Vie éco le 28 - 01 - 2019

Le déficit commercial augmente d'année en année. Les exportateurs marocains se heurtent à une multiplicité de barrières non tarifaires. Les Turcs contourneraient la suppression des exonérations sur le textile en faisant partie des bateaux de Jordanie et de l'Egypte. Selon des opérateurs, le Maroc a adopté une stratégie défensive face à la Turquie.
Les voitures constituent le tiers des exportations marocaines (2017)
Le constat est alarmant. Du textile et habillement à l'électroménager, en passant par la cosmétique et l'agroalimentaire, les produits d'origine turque sont partout sur le marché marocain. En douze ans, les importations de Turquie ont été multipliées par près de 4. De 5,5 milliards de DH en 2006, elles caracolent à 19,3 milliards en 2017. Sur les neuf premiers mois de l'année, elles totalisaient déjà 15,5 milliards de DH, et devraient égaler ou dépasser le chiffre de l'année précédente.
Dans le sens contraire, le Maroc n'a expédié que 6,9 milliards de DH de marchandises (essentiellement des voitures de tourisme et des matières premières). Il est évident que ses exportations vers l'ancien empire ottoman n'ont cessé de croître depuis 2006. Néanmoins, la balance commerciale a nettement penché du côté de ce dernier. Le Maroc accusait un déficit de 12,4 milliards de DH en 2017 et de 11 milliards à fin septembre (voir graphique). Suffisant pour dire que les Turcs sont les grands gagnants de l'accord de libre-échange signé en 2004 sous le gouvernement Jettou et entré en vigueur le 1er janvier en 2006. Du côté des officiels comme de celui des hommes d'affaires, rares sont ceux qui s'attendaient à une telle domination du partenaire commercial.
Le taux de couverture est tombé à 29% en septembre 2018

Il ne faut pas le nier, dans quelques domaines comme le textile, certains produits de consommation courante et l'électroménager, le consommateur marocain à trouvé son compte dans cette ouverture eu égard à la baisse des prix qu'elle a provoquée. Il importe cependant de s'interroger sur l'incapacité ou les difficultés – c'est selon- des entreprises locales à s'ouvrir sur le marché turc. Offre peut adaptée ? C'est possible. Prospection insuffisante ? On peut le penser. Mauvaise connaissance du marché ? Cela peut aussi être invoqué.
Cependant, d'aucuns considèrent que les Turcs ne jouent pas franchement le jeu.
Selon des entreprises marocaines qui ont l'expérience de ce pays, les barrières non tarifaires sont difficilement franchissables, si ce ne sont pas les douaniers qui font preuve d'un zèle démesuré pour décourager tout nouveau exportateur. Preuve en est, des entreprises d'ameublement marocaines, qui ont participé à un salon international à Istanbul pour l'export vers la sous-région et le Moyen-Orient en 2018, ont vu leurs échantillons bloqués au port malgré une liste de colisage conforme sous prétexte que la marchandise contenait des éléments non déclarés (stylos, bloc-notes et cartes de visite). La situation ne sera rétablie qu'après des interventions multiples des services de douanes marocaines auprès de leurs homologues turcs. Autre exemple : dans le cadre des opérations d'export de l'Association marocaine des exportateurs (Asmex), des marchandises ont été interceptées à la douane turque. Seuls quelques produits du terroir et d'huile d'argane sont passés entre les mailles du filet.
Et quand on arrive à franchir la frontière, la préférence nationale vous relègue au second plan face à un produit local.
Des mesures de sauvegarde contre le textile et l'électroménager
Les exportateurs souffrent et ne manquent jamais de le faire savoir, d'autant plus que l'autre partie ne semble être victime d'aucune entrave. Le cas du textile est le plus marquant. Entre 2013 et 2017, les importations des produits textile turcs ont progressé de 175 %. L'Association marocaine des industriels de textile et de l'habillement (Amith) avait réagi en demandant au ministère du commerce, de l'industrie, de l'investissement et de l'économie numérique de rétablir les droits de douane aux importations de textile en provenance de ce pays. Requête acceptée. Dès janvier 2018, le ministère du commerce extérieur avait finalement levé les exonérations obtenues jusque-là grâce à l'ALE. Elles consistent en un droit additionnel équivalent à 90 % du droit d'importation variant de 2,25% à 22,5% en fonction des différentes positions tarifaires. Ce droit, au début provisoire, sera appliqué de manière définitive jusqu'au 31 décembre 2021. «Nous avons remarqué une diminution conséquente des exportations de textile turc vers le Maroc au fil des mois durant l'année écoulée, mais aussi un ralentissement du programme expansionniste de ces marques dans notre pays», déclare Mohamed Tazi, DG de l'Amith.
Les exportateurs turcs ont accusé le coup mais n'ont pas renoncé. «Nous avons remarqué qu'ils détournent les voies d'expédition des marchandises. Nous avons intercepté des navires qui arrivent de Jordanie ou d'Egypte – des pays avec lesquels nous avons signé l'accord d'Agadir de zone de libre-échange arabe- avec des conteneurs chargés à Izmir. La marchandise, principalement du textile, est déchargée dans les ports marocains sans paiement de droits de douane alors qu'elle y est soumise depuis janvier 2018. Des produits turcs entrent également depuis la zone de Guerguarat dans l'extrême Sud marocain», déplore M. Tazi.
Contrairement au contrôle minutieux et parfois acharné dans les ports turcs (voir encadré sur la tentative d'exportation du groupe Kabbaj vers la Turquie), le Maroc semble montrer moins de hargne. «La Douane s'en tient à ce qui est inscrit sur le connaissement, manifeste qui liste les marchandises que transporte le navire. Dans ce cas, ce manifeste est établi en Jordanie ou en Egypte avec pour destination le Maroc. Pour vérifier la marchandise, le douanier a besoin d'un auxiliaire associé à la justice», explique Najib Cherfaoui, expert maritime. Malgré tout, le DG de l'Amith se félicite du renforcement des services de douane des contrôles sur les importations.
Grand électroménager touché, meubles encore épargnés
Dans le grand électroménager, le fabricant de réfrigérateurs Manar Holding a, à son tour, obtenu l'application d'un droit antidumping de 16,94% sur les importations en provenance de Turquie, de 18,15% de celles venant de Thaïlande et de 27,56% des importations de Chine. Par contre, dans le secteur de l'ameublement, malgré les diverses ouvertures d'enseignes, les opérateurs marocains pâtissent moins des effets des importations turques de meubles qui font maintenant partie du décor. Plusieurs enseignes turques sont maintenant présentes sur la place, en plus des importateurs, structurés ou non. Par exemple, Istikbal aligne maintenant 12 magasins au Maroc. Ozbay furniture, qui a démarré en juillet 2018, tente de percer sur le segment du haut de gamme.
De l'avis de Amine Benkirane, PDG de Kitea, jusque là, l'enseigne marocaine n'a pas ressenti une réelle menace pour le moment. «Mais si le gouvernement turc continue à aider et subventionner les enseignes turques, on aura sûrement des problèmes. On aurait apprécié que le gouvernement marocain nous accompagne également dans nos ouvertures au Sénégal, au Ghana et en Côte d'Ivoire», commente-t-il.
Des assises de l'export à l'étude
«Aujourd'hui, c'est au Maroc de réinventer sa manière de faire le commerce extérieur selon la réglementation en vigueur. Il faudra étudier tous les ALE signés avec les différents pays. Il faut que notre département des affaires étrangères soit outillé pour montrer la voie en matière de recherche de débouchés, que nos consulats et nos ambassades soient réactifs. Disposer d'une flotte de navires propres est incontournable», commente M. Cherfaoui qui estime que les barrières à l'entrée ne sont pas une solution durable. Le produit turc est en effet bien perçu par les Marocains en termes de rapport qualité/prix. «Les Turcs sont rigoureux dans leur processus de fabrication et de contrôle. Leurs produits sont fabriqués aux normes internationales. Le contrôle est strict, notamment dans l'agroalimentaire. En tout cas, le Marocain va directement vers le produit importé au détriment du produit local», déclare Hassan Sentissi, président de l'Asmex qui déplore un ALE Maroc-Turquie mal signé et mal négocié qu'on se doit de réviser.
En tant que membre de l'OMC (Organisation mondiale du commerce), le Maroc n'est pas en droit de prendre des mesures protectionnistes de son propre chef. «Il existe des contre-mesures à prendre. Nous avons proposé au ministère du commerce et de l'industrie d'organiser les assises de l'export qui incluent également les importations. Au demeurant, 99% des ALE signés ont un impact négatif sur l'économie marocaine. Nous craignons l'asphyxie qui mènera notre économie à la crise cardiaque», déplore M. Sentissi. De l'avis d'autres opérateurs, la démarche du Maroc envers la Turquie reste défensive et non proactive. «Pour agir, nous avons besoin d'une démarche structurée. Pour le moment, nous réagissons sur le tas», reconnaît pour sa part M. Tazi. Comme quoi signer un ALE est une chose, en faire bénéficier son économie en est une autre.
1206 marques turques enregistrées du 1er janvier 2014 à fin 2018 (*)
(*) 119 enregistrements de marques à l'Ompic et 1087 marques déposées via le système de Madrid désignant le Maroc.
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