Thomas Cook, TUI, FTI, Meeting Point investissent le marché marocain poussés par une demande pour les séjours en famille en All inclusive. Marrakech et Agadir sont les destinations les plus prisées. Certains TO ont racheté des parts dans les chaînes hôtelières locales pour assurer une disponibilité des séjours toute l'année. On les croyait anéantis par la nouvelle tendance des particuliers à organiser seuls leurs voyages touristiques grâce au digital. Mais dans les villes de Marrakech et d'Agadir qui drainent respectivement 60% et 20% de l'activité touristique du pays, les tour-opérateurs internationaux sont toujours aussi présents qu'auparavant. Thomas Cook, TUI, First Choice, Meeting Point et bien d'autres ont posé leurs valises au Maroc et ne comptent pas plier bagage de sitôt. Leur force : ils disposent de sites de réservation en ligne avec une offre très étoffée, de solides contrats avec les chaînes hôtelières -parfois des participations- et, pour certains d'entre-eux, leurs propres compagnies aériennes, sans omettre des regroupements et des rachats de TO leur permettant de gagner en puissance. «Tel est le cas du TO allemand Meeting Point qui a racheté des parts dans la chaîne Atlas Hospitality et exploite des hôtels dédiés à son activité sous l'enseigne Labranda», déclare Faouzi Zemrani, vice-président de la CNT. Autre exemple, le tour-opérateur TUI est toujours très présent à Agadir et Marrakech. D'après son siège en Belgique, TUI présente une offre de 26 hôtels, principalement des établissements de la chaîne hôtelière RIU. En outre, ce TO «investit encore les circuits touristiques avec un voyage de neuf jours permettant de découvrir les villes de Marrakech, Casablanca, Rabat, Meknès, Volubilis, Fès, Beni-Mellal et Afourar», précise le géant qui dispose également de sa propre compagnie aérienne TUI Fly (qui relie la Belgique à 12 villes du Maroc). Par contre, des TO tels que FRAM, Jet Tours et Marmara (racheté par TUI) ont presque disparu du paysage touristique alors qu'ils dominaient le marché avant 2006 grâce à une stratégie commerciale très agressive. Ils écrasent les prix pour élever le taux remplissage «Suite à l'accord Open Sky avec l'Union Européenne entré en vigueur 2006, les TO qui ne maîtrisent pas l'aérien ont battu en retraite car les clients achètent directement leurs billets d'avion chez les compagnies low cost. Pour leur part, les TO qui offrent encore des produits de séjour et de transport aérien survivent», explique M. Zemrani. Du fait d'une demande européenne plus faible pour les circuits, les TO sont dorénavant plus friands des séjours All inclusive en famille. D'après TUI Belgique, la présence des TO au Maroc n'a pas baissé. «Les hôteliers avec qui collabore TUI sont des partenaires de longue date et nous avons des contacts réguliers avec ces hôteliers», précise une source du tour-opérateur. Pour Rachid El Habety, directeur général de Tikida, le groupe hôtelier est en contrat avec TUI pour ses deux hôtels de Marrakech et sept d'Agadir et, dans une moindre mesure, avec l'anglais Thomas Cook, le TO allemand FTI et FRAM. «Aujourd'hui, le tour operating génère une part importante du chiffre d'affaires du groupe. Le marché anglais est en première place chez le groupe Tikida. Il est suivi des marchés allemand, français, belge et luxembourgeois pour une clientèle composée de retraités européens et de golfeurs», fait savoir M. El Habety. Seul bémol, ces TO qui garantissent le remplissage des hôtels toute l'année appliquent des prix bas, à tout le moins en basse saison. A Marrakech, M. El Habety avoue que le prix facturé par l'hôtel est situé entre 40 et 45 euros par personne et par nuit en chambre double en All inclusive. A Agadir, un touriste paiera entre 60 et 70 euros la nuit. La surcapacité à Marrakech a fini par pousser les hôteliers à réduire «drastiquement» leurs prix. Reste que selon Faouzi Zemrani, ces prix ne reflètent pas la réalité de l'offre à Marrakech. «La moyenne des prix des chambres à Marrakech est située entre 1200 et 1 500 DH. Le touriste paiera l'aérien, la chambre en All inclusive et le transfert aéroport hôtel. A ces prix-là, les hôteliers ne pourront pas assurer de prestations adéquates. Au pire, c'est la banqueroute», clame-t-il. En tout cas, les TO ont trouvé la part belle. Une force de frappe décuplée par une stratégie multicanale Ils usent du digital pour augmenter leurs prix en haute saison. «TUI a investi et investit encore considérablement dans le numérique car sa stratégie est multicanale. Non seulement nous disposons d'un réseau d'agences de voyages, d'un centre d'appels téléphoniques mais aussi de sites web et d'applications élaborées pour les voyageurs qui privilégient Internet et les appareils mobiles. Par ailleurs, TUI propose une palette de concepts hôteliers propres inexistants chez la concurrence. Notre objectif est de répondre aux besoins des différents profils de voyageurs mais aussi de pouvoir nous démarquer sur le marché avec des produits uniques», déclare une source de TUI Belgique. Tout ce dispositif permettra d'améliorer les revenus du TO. «Dès que la saison se décale, les prix augmentent. Les TO contrôlent les prix de leurs packages grâce au yield management et sont très actifs sur les sites de réservation en ligne. Leur démarche est classique. Plus le client tarde à réserver, plus le prix de vente est élevé», confirme Mohamed Chérif Alami, directeur international chez Atlas Voyages. Les hôteliers utilisent à leur tour la force du digital pour bénéficier du rush en haute saison. «En haute saison, certains hôteliers préfèrent vendre des chambres à la clientèle marocaine et encaisser directement du cash», dévoile M. Chérif Alami. Une tendance confirmée par le DG de Tikida qui estime que le marché intérieur est très prisé par les hôteliers d'Agadir durant l'été et les vacances scolaires.Une manière de combler, ou de réduire, le manque à gagner.