Des kilomètres de sable fin, 300 jours de soleil par an, un arrière-pays à couper le souffle... Agadir a tous les atouts pour être la plus belle station de tourisme balnéaire et de montagne au Maroc. En ce week-end prolongé du 1er jour de l'année de l'Hégire, les touristes nationaux et internationaux ont afflué à Agadir et Taghazout. Aujourd'hui, c'est la formule all inclusive (tout compris) qui prime. Si celle-ci est huée par les restaurateurs, les bazaristes et les agences qui organisent des excursions dans la région Souss Massa (les touristes ne quittent plus l'hôtel et ne consomment pas à l'extérieur), elle a le mérite d'augmenter le taux d'occupation des établissements classés de la ville. A noter qu'il est passé de 46% entre janvier et juillet 2016 à 51% pendant la même période de 2016. Certains hôtels affichent plus de 60% de taux d'occupation annuel. Russes, Allemands, Français et Polonais forment le plus grand nombre de touristes à visiter Agadir (particulièrement dans le créneau all inclusive). Le partenariat conclu entre le troisième plus important tour-opérateur allemand (FTI) et le groupe hôtelier Atlas Hospitality permet d'attirer 900 clients/semaine. D'autres hôtels ont signé des conventions avec des TO français, russes ou encore polonais. Le groupe Riu (Tikida Beach, Club hôtel Riu Tikida Dunas et hôtel RIU Palace Tikida) a opté pour TUI qui lui permet de garantir l'arrivée de 200 personnes/semaine. «Nous avons également des partenariats avec FRAM, Thomas Cook, Jet Tours... Ces contrats annuels sont renouvelés chaque saison. Le prix par personne est situé entre 60 et 70 euros/semaine en all inclusive», indique Brahim Leafou, directeur de l'hôtel Tikida Beach, 4* réservé strictement aux adultes. Avec l'obligation de s'orienter vers la formule all inclusive, Agadir est désormais une destination de tourisme de masse à l'instar d'Antalya en Turquie qui dispose de 600000 lits ou encore de Sharm Sheikh en Egypte qui se targue d'avoir quelque 65 000 lits. Mais avec sa capacité litière, Agadir ne peut rivaliser avec ces deux destinations mondiales du tourisme de masse. D'après la délégation régionale du tourisme de la région d'Agadir, la capacité litière opérationnelle d'Agadir Ida Outanane est estimée à 31 779 lits (dont les 2 complexes hôteliers de Taghazout et la station Lunja Village à Imi Ouddar). En somme, la ville ne comprend que 10 unités hôtelières 5* qui offrent 4 968 lits et 14 établissements 4* qui proposent une capacité de 7 141 lits. La capacité litière n'est pas à la hauteur des aspirations Le reste est partagé entre hôtels de moindre catégorie, résidences touristiques (7 137 lits) et villages de vacances (7 343 lits). «On est encore en sous-capacité malgré les hôtels construits dans les années 2000, à l'instar de l'hôtel RIU Palace Tikida, Robinson... L'on ressent aussi aujourd'hui le besoin de rehausser le niveau de qualité de certains hôtels par le biais d'une rénovation urgente», déplore Abdelaziz Fetouak, délégué régional du tourisme d'Agadir. Si on exclut les chaînes hôtelières internationales qui s'engagent à réaliser une rénovation complète de leurs établissements tous les 10 ans, d'autres hôtels ont besoin de financement externe pour se mettre à niveau. C'est la raison pour laquelle une société de développement régionale (SDR) verra le jour à Agadir. Son tour de table est composé du Conseil régional de Souss Massa (34%), l'ONMT (30%), la CDG (10%), la Commune urbaine d'Agadir (8%), la Société marocaine d'ingénierie touristique (8%) et enfin La Maison de l'artisan (10%). En plus de réaliser le contrat-programme régional de tourisme, cette SDR a pour objectif de rénover les unités hôtelières mais aussi de développer le tourisme rural. Mais le développement de nouvelles unités hôtelières bute sur le manque de gouvernance. Les terrains restent vagues et le développement d'unités touristiques est lent. Ce qui impacte négativement l'activité touristique à Agadir. Depuis quelques années, elle devient saisonnière faute de lignes aériennes directes vers les marchés émetteurs en hiver. Les scandinaves, qui venaient jadis pendant les mois les plus froids de l'année, ont déserté Agadir faute de vols directs reliant la station balnéaire aux principales villes scandinaves. De nouvelles dessertes aériennes Mais dès novembre 2017, un vol hebdomadaire opéré par TUI Fly Nordic reliera Arlanda-Stockholm, principal aéroport de la capitale suédoise à Agadir. En outre, un avion d'Air Arabia sera basé à Agadir dès le 1er octobre 2017. Il desservira chaque jour une destination européenne. Arlanda-Stockholm et Copenhague Manchester, Cologne, Toulouse, Dublin, et Munich seront reliées directement à Agadir une fois par semaine. D'autres compagnies entrent dans le ciel d'Agadir à l'instar de Germanwings qui reliera Vienne, Munich et Düsseldorf à la station balnéaire. Quant à la Pologne, elle est desservie par la compagnie Wizzair à raison de 2 vols par semaine vers Varsovie. Mais à partir d'octobre 2017, Wizzair connectera Agadir à Budapest à une fréquence de 2 vols par semaine, Wroclaw et Katowice (Pologne), Vilnius (Lituanie) à raison d'un vol par semaine chacune. En outre, depuis le 3 septembre, Lufthansa opère la liaison entre Munich et Agadir pendant deux mois. Dès novembre 2017, Easy Jet va relier Manchester à la station balnéaire du Souss. Ces capacités aériennes supplémentaires permettront sans doute d'augmenter encore plus le nombre d'arrivées de touristes dans la ville. Déjà, à fin août 2017, Agadir a reçu 413 542 touristes internationaux, en hausse de 13% par rapport à la même période de 2016. Le nombre d'arrivées le plus important est composé des Français qui viennent en tête avec 98 255 (en augmentation de 16%) et les Allemands avec 81 136 (en hausse de 55%) à fin août 2017 par rapport à la même période de 2016. Encore faut-il encourager les touristes à revenir à Agadir. Hormis les atouts naturels et le soleil, les attractions touristiques se font rares. La corniche aménagée, les espaces verts, le petit train et le Croco Parc ne suffisent pas à créer de l'attractivité touristique nécessaire à la région qui regorge de potentiels. «Agadir ne dispose même pas d'aquaparc», se désole un professionnel. Pour encourager les touristes à revenir à Agadir, des investissements seront consentis. Si le projet Agadir Land (parc d'attraction et de loisirs avec aquaparc, parc des jeux secs, delphinarium, ladies club, parc naturel, théâtre en plein air, cinéma 7D, labyrinthe végétal, jeu d'échecs géant, outre des cafés et des restaurants et d'autres installations) a été suspendu, un autre, beaucoup moins grandiose, est en cours de réalisation. L'animation et les loisirs laissent à désirer Il s'agit d'un delphinarium développé par un investisseur russe dans le quartier Anza à Agadir, sans omettre un projet de parc animalier en gestation. Outre ces réalisations, Agadir dispose d'un patrimoine historique et culturel à mettre en valeur. La Kasbah Agadir Oufella en est l'exemple. Elle mériterait une attention de la part des autorités. La Kasbah abritait un quartier dynamique très animé avant le séisme de 1960 qui l'a partiellement détruite. Mais l'Etat projette de réhabiliter la Kasbah en respectant la mémoire des défunts ensevelis dans le site. «La Kasbah va être transformée pour lui redonner son statut de monument historique sans omettre une partie animation et restauration et le respect de la mémoire des personnes enterrées. Un investissement de 30 millions de dirhams sera engagé par différents opérateurs, notamment la région Souss Massa, la commune d'Agadir, le ministère de la culture», note Abdelaziz Fetouak. L'avenir d'Agadir s'annonce donc prometteur à condition de développer la capacité hôtelière et l'attractivité touristique de la région.