Faute de TO national et après l'arrêt de l'opération Kounouz Biladi en 2016, le client marocain se rabat sur les offres des plateformes en ligne. Seule condition pour obtenir le meilleur prix: réserver des mois à l'avance à l'instar des clients américains et européens. «L'hôtel ne fait pas de différence de nationalité». C'est en ces termes que les professionnels veulent casser le mythe du client marocain qui paie sa chambre au prix fort en comparaison avec un client étranger bénéficiant de tarifs très bas grâce aux tours opérateurs internationaux. Les tentatives d'offrir au marocain des tarifs décents ont échoué à l'instar de l'opération Kounouz Biladi de l'ONMT (office national marocain du tourisme) lancé à coup de millions qui sera arrêtée en 2016. Elle offrait aux locaux jusqu'à 50% de réduction sur les prix de nuitées dans les hôtels partenaires de l'opération en période estivale et pendant les vacances scolaires. D'après les agents de voyages, le nouveau management de l'ONMT estime que l'office n'est pas un canal de vente mais de promotion. Il axera désormais 90% de son budget de communication au digital; nerf de la guerre. Le client marocain, qui s'accapare 30% des nuitées de l'hôtellerie nationale devra mettre son mal en patience ou opter, à son tour, pour les sites de réservation en ligne des mois à l'avance. Réserver plus tôt, voir beaucoup plus tôt D'après Mohamed Chérif Alami, directeur international chez Atlas Voyages, depuis l'arrivée des plateformes de réservation en ligne; booking, Expedia, Tripadvisor..., tout le monde est dorénavant logé à la même enseigne. L'hôtelier, qui accorde à ces plateformes 20% de sa capacité en moyenne, change le prix de la nuitée qui sera relayé automatiquement partout dans le monde. La force de ces plateformes qui font participer les voyageurs dans la notation des hôtels est de constamment challenger l'établissement mais aussi lui permettre de rehausser sa qualité de service pour obtenir de meilleurs prix. «Afin de récupérer un demi point sur booking, les hôteliers font un grand effort sur la durée», remarque un professionnel. Les plateformes dictent leur loi certes mais facilitent aux hôteliers l'adaptation de leurs prix selon la loi de l'offre et de la demande. Pour en bénéficier, il faut s'y prendre tôt. «Dans son habitude, le marocain s'y prend toujours à la dernière minute et se retrouve finalement avec des nuitées achetées au prix fort à l'opposé des clients étrangers. C'est une question de mentalité. J'ai actuellement des consultations avec des groupes américains qui souhaitent réserver un séjour au Maroc pour 2020 et 2021. Ils paient une avance et profitent d'un séjour 10 à 15% moins cher», déclare M. Alami. Sur booking.com, il est possible de bénéficier d'offres de dernière minute très alléchantes. Mais cela reste une exception. «Les offres de dernière minute n'offrent pas forcément les meilleurs prix. Cela dépend de la capacité de la ville, de la tenue de congrès et de séminaires, de la stratégie de l'hôtel... Certains hôteliers optent pour une vente à prix réduit pour augmenter le taux de remplissage. D'autres préfèrent que la chambre reste vide évitant ainsi de brader leur prix», explique ce professionnel. En tout cas, plusieurs entreprises locales ont flairé la bonne affaire dans le créneau digital, une commission sur la vente à la clé. Après Atlas Voyage et Monarch Travel (avec Bookit.ma), Royal Air Maroc a lancé nuitée.com, son site de réservation d'hôtels «au grand bonheur» des marocains.