Un débat houleux que celui qui a eu lieu lors de l'assemblée générale ordinaire de la Fédération nationale du tourisme (FNT) tenue mercredi dernier ! Aujourd'hui, en effet, il s'agit pour les opérateurs de grapiller le maximum d'opportunités possibles et toute concurrence «superflue» allume la mèche de leur colère. Alors que l'un des chantiers cruciaux du secteur, en ces temps de crise, est celui de la réussite du plan Kounouz Biladi, tout le secteur souffre dénonce aujourd'hui la concurrence étrangère sur ce programme dédié à la dynamisation de la demande interne. C'est que les opérateurs marocains critiquent le fait que le site étranger de réservation en ligne, Booking, vienne les concurrencer sur la plateforme de réservation en ligne (kounouzbiladi.ma), lancée il y a quelques jours par l'ONMT (Office national marocain de tourisme) pour permettre aux nationaux de vendre leurs offres et packages. Le message des hôteliers et des voyagistes marocains est clair : donner plus de chances aux opérateurs marocains de développer leurs business en ces temps difficiles. «Booking n'est pas un opérateur marocain alors que l'offre est destinée à des Marocains. Nous contestons l'existence de Booking sur le site kounouzbiladi.ma. Cela permet à celui-ci d'avoir de la visibilité au détriment des opérateurs marocains. Nous avons demandé à l'ONMT de faire un nettoyage de la plateforme et de mettre fin à ces aberrations», a lancé l'un des opérateurs présents à l'assemblée générale de la fédération. A priori, cette doléance n'aurait toujours pas trouvé satisfaction auprès de l'ONMT. Les ventes groupées coupables aussi «Ce problème remonte à deux années plus tôt, lors du lancement du site visitmorocco.ma. À l'époque, la présence de Booking était un peu justifiée, dans la mesure où de nombreux sites n'avaient pas créé leurs propres plateformes pour être visibles. Actuellement, la donne a changé», a enchaîné cet autre opérateur. Pour le moment, ce dossier est en stand-by. Seulement, il semble que cet attentisme ne pourrait pas trop durer. «Nous voulons revenir à la base, pour voir si nous voulons encore de cette plateforme ou pas. La balle est aujourd'hui dans le camp des hôteliers. C'est à eux de décider», a rétorqué Ali Ghannam, le président de la FNT, qui a tenté de calmer les ardeurs des membres de sa fédération.«Le débat est ouvert. Seulement, il faut positiver, car il s'agit d'un bébé de la FNT et qui est à faire grandir», a-t-il ajouté. Il est à noter qu'à ce jour, 150 offres sont en ligne sur cette plateforme, dont une centaine émanent des hôteliers et une vingtaine des agences de voyage. Ceux-ci ont répondu présents à l'opération Kounouz Biladi 2012, qui intègre pour la 1re fois, les agences de voyages, qui proposent des packages complets, à l'instar de ce qui est fait pour la clientèle étrangère, avec une offre diversifiée comprenant une multitude d'activités d'animation et de loisirs. Pour cette année, il est prévu que l'opération Kounouz Biladi ne se limite pas aux vacances d'été, mais qu'elle s'étalera du mois de juin à décembre 2012. Même les prochaines saisons d'hiver et de printemps bénéficieront de campagnes spécifiques. Ceci, à condition que le point de discorde entre les opérateurs (hôteliers et agents de voyages) et l'ONMT soit résolu. Une autre menace vient bousculer les calculs des acteurs touristiques et risque de marginaliser les offres intéressantes de Kounouz Biladi. Il s'agit de l'avalanche des sites de ventes groupées au Maroc qui proposent des deals pour des voyages à prix cassés. Ils sont aujourd'hui plus de 260 deals à mener la vie dure aux professionnels du tourisme, qui misent gros sur le tourisme interne pour pouvoir sauver les meubles. Ali Ghannam, Président de la Fédération nationale du tourisme. «Les nuitées en baisse de 4% au premier semestre» Les Echos quotidien : Quel bilan établissez-vous de l'activité touristique au terme du premier semestre 2012 ? Ali Ghannam : Nous avons terminé sur une baisse de 4% des nuitées touristiques dans les hôtels classés. Cette tendance peut paraître déficitaire, mais si on la compare à 2010 ou 2009, l'activité est en évolution positive. La baisse de l'activité en 2011 s'explique par la crise économique et sociale dans les pays émetteurs de touristes. D'autres phénomènes conjoncturels, sont venus aggraver la situation tels que le printemps arabe, Argana, ... Quel a été alors le rôle de la Task force créée pour gérer cette situation de crise ? La Task-force a tenu plusieurs réunions. Plusieurs propositions ont été formulées et présentées au ministère du Tourisme. Parmi elles, l'augmentation du budget de l'Office national marocain du tourisme, le lancement de Rénovotel pour un montant de 500 MDH et dont la convention a été signée il y a quelques jours. S'y ajoute aussi la reprise du tourisme interne pour faire des projections sur les trois prochaines années avec 15 mesures permettant son développement, dont celle relative à la mise en place d'une plateforme que nous avons développé avec l'ONMT. Comment vous préparez-vous aux Assises nationales du tourisme prévues en décembre prochain ? Un comité de pilotage est mis en place pour traiter les deux aspects logistique et scientifique de ce grand rendez-vous. L'ambition est d'établir un bilan des réalisations de la vision 2020 et des mesures à prendre à partir de janvier 2013.