Le projet, en cours d'élaboration, concerne aussi bien le générique que le princeps. Pour les produits trop chers, l'idée est de réduire la marge de 30% accordée aux pharmaciens. Trop chers ou, au contraire, à la mesure du pouvoir d'achat ? L'éternel débat sur le prix du médicament au Maroc n'a jamais été tranché. En attendant, c'est le ministère de la santé qui apporte du nouveau dans le dossier en mettant à l'étude un nouveau système de fixation du prix des médicaments. Le département de Yasmina Baddou a lancé la réflexion, en partenariat avec toutes les parties concernées, notamment l'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique (Amip) et les conseils de l'ordre des médecins et des pharmaciens. Les discussions sont entourées d'une grande discrétion. Au ministère, on se contente de souligner que cette démarche s'inscrit dans le cadre de la stratégie globale de la Santé. Mais la direction du médicament indique pour sa part que «ce chantier en est à ses balbutiements dans la mesure où une seule réunion s'est tenue à ce jour». Une autre rencontre aura lieu prochainement. Ce sera l'occasion pour le département de la santé et l'Amip d'exposer leurs propositions respectives. Selon des sources proches du dossier, «la démarche découle d'une vision sociale destinée à permettre aux consommateurs d'avoir accès aux médicaments de façon générale». Et, contrairement à ce qui a été avancé, ce dossier ne concerne pas seulement les génériques dont les prix devaient être revus dans le cadre de l'Assurance maladie obligatoire (Amo). La révision du mode de fixation du prix des médicaments touchera également les princeps et les médicaments aux prix élevés. C'est le cas, notamment, des anti-cancéreux, coûtant plus de 3 000 DH, et pour lesquels les patients doivent s'adresser directement aux laboratoires car ils ne sont commercialisés ni dans les pharmacies ni par les grossistes. Pour remédier à cette situation, l'idée est de réduire la marge des pharmaciens, qui se situe aujourd'hui à 30 %. La proposition leur a été faite et, selon une source proche du dossier, ils sont d'accord sur le principe et prêts à en discuter. Le générique victime de son bas prix En ce qui concerne les génériques, ils sont généralement moins chers de 30 à 40 % que le princeps, et le différentiel de prix peut parfois aller jusqu'à 70%. Or, contrairement à ce que l'on pourrait croire, au lieu de les avantager, ce prix bas pénalise les génériques. En effet, comme l'explique un spécialiste du secteur, «les pharmaciens proposent le plus souvent des médicaments plus chers pour éviter la baisse de leur chiffre d'affaires». L'implication des médecins est également nécessaire pour augmenter la consommation des génériques qui représentent 25 % du marché du médicament. «Et cela relève d'un travail de marketing qui doit être effectué par les laboratoires afin de promouvoir le générique et convaincre les médecins qui ne le prescrivent pas souvent», explique un source proche du dossier. La réflexion pour la refonte du système de détermination des prix aussi bien pour les médicaments importés que pour les médicaments fabriqués localement est certes aujourd'hui engagée, mais les industriels du médicament rappellent néanmoins que le prix de nombreux médicaments a enregistré une baisse entre 2007 et 2008 et insistent sur le fait que le prix du médicament, contrairement à ce qui est souvent avancé, n'est pas élevé. Un constat que la profession avait déjà mis en avant, en 2005, à la veille du lancement de l'Amo, lorsque le gouvernement avait demandé une révision à la baisse, sur la base d'une étude réalisée par un cabinet étranger. Les conclusions de l'étude démontraient que le prix du médicament au Maroc est, en moyenne, moins élevé de 32% que dans les autres pays. Quoi qu'il en soit, pour les industriels, toute nouvelle architecture de fixation des prix doit s'intégrer dans une politique nationale du médicament articulée autour de deux axes principaux : le type de médicament que l'on veut promouvoir et la base du remboursement à retenir pour l'assurance maladie .