Ancien patron de la Direction des investissements extérieurs, Hassan Bernoussi dirige depuis 2008 sa propre entreprise dénommée Interface. Il conseille et accompagne des investisseurs nationaux et étrangers dans leur développement au Maroc. Après une vingtaine d'années dans l'administration, quitter la fonction publique pour lancer son propre business n'a rien d'exceptionnel, sauf lorsqu'il s'agit de celui qui pendant une telle durée incarnait, à lui seul, au Maroc, Monsieur Investissements étrangers. Hassan Bernoussi, alors aux commandes de la Direction des investissements extérieurs, a notamment œuvré pour la libéralisation des produits pétroliers ou encore il a été à l'origine de la première convention d'investissement entre le Maroc et le groupe de la chaîne hôtelière Accor. D'ailleurs, lui-même reconnaît que son «cas est très particulier». Si depuis 2008 il évolue dans le secteur privé, à la tête du groupe Interface, société spécialisée dans le conseil et l'accompagnement des investisseurs nationaux et étrangers dans leur développement au Maroc, c'est qu'il estime avoir «passé suffisamment de temps au niveau du département des investissements» et qu'il était temps de céder la place à d'autres personnes et à de nouvelles idées. «D'ailleurs, l'agence des investissements a été créée, alors que je venais de quitter mes fonctions. Ce qui a sans doute contribué à accélérer le processus de modernisation de ce département», ne manque-t-il pas de souligner. Aucun regret d'être absent des médias Un développement dont toutefois l'un des principaux artisans n'était plus au-devant de la scène. «Je n'existe plus sur le plan médiatique car je n'ai plus de contribution à l'échelle nationale. Elle n'est qu'à une échelle microscopique, celle de mon entreprise. Je n'ai plus rien à communiquer», explique-t-il. Et d'ajouter : «Je vis très bien le fait d'avoir totalement disparu de la scène médiatique». Selon lui, son activité actuelle s'inscrit toujours dans ses domaines de compétence. «Quand j'étais en fonction dans l'administration, mes principaux interlocuteurs étaient dans le secteur privé. Du coup, j'adoptais le langage de l'entreprise et défendais les intérêts privés auprès des administrations». Aujourd'hui, l'ancien patron de la Direction des investissements extérieurs (DIE) tient le rôle d'«interface» entre les investisseurs et l'administration marocaine nationale ou territoriale. Au sein de sa structure qu'il qualifie de «petite et [de] légère», il précise travailler pour le compte d'une douzaine de clients auxquels il offre «des prestations de conseil, de plateformes bureaux, de chasseurs de têtes en matière de ressources humaines et de gestion d'actifs». Une approche et une méthode de travail bien différentes de celles dont il usait dans la fonction publique. Chose qu'il confirme. L'administration, une bonne école «Dans l'administration, il convient de respecter un certain nombre de pratiques, de règles, une hiérarchie et une discipline. Quand je me suis retrouvé de l'autre côté de la barrière et que j'ai dû prendre les commandes, je ne consulte que moi-même. Je m'octroie donc beaucoup plus de liberté et de facilité dans la prise de décisions», indique-t-il. «Ce sont deux mondes complètement différents», avoue-t-il. Et de poursuivre toujours sur le ton de la confidence: «Si je devais conseiller à mes enfants d'opter pour une carrière dans le privé ou dans le public, je leur conseillerais les deux. Car ce sont deux expériences extrêmement formatrices». Son parcours dans l'administration lui «a permis de tout apprendre, comme la lecture des textes et des lois, le respect des décisions prises par la hiérarchie et la rectitude». Selon lui, l'impératif de la «bonne réputation et le respect de la parole donnée» a son importance autant dans la fonction publique que dans l'entreprise. Toujours est-il que le secteur privé pousse à «prendre des décisions rapidement». Il constate avoir personnellement «évolué vers la prise de risque, vers l'aventure. Vers plus d'ouverture d'esprit également», dans le sens où, dit-il «je suis plus perméable aux autres, à leurs idées, à ce qu'ils peuvent m'apporter. Je suis beaucoup plus dans l'écoute et dans l'indulgence». [tabs][tab title ="Dix-huit ans dans l'administration…"]Né à Rabat, en 1965, Hassan Bernoussi, ancien directeur de la Direction des investissements extérieurs (DIE), est lauréat de l'Ecole supérieure de mécanique et d'électricité de Paris. A l'âge de 31 ans, il a été propulsé à la tête d'un département qui comptera dans le développement économique du Maroc. Son parcours a commencé en 1990 au ministère du commerce extérieur, en tant que chef de cabinet de Hassan Abouyoub. Près de quatre ans plus tard, ce département hérite des Investissements extérieurs et du tourisme. Hassan Bernoussi se retrouve aux investissements extérieurs, puis, sous l'ère de Mourad Chérif, le département est transféré au ministère des finances. Avec la nomination de Driss Jettou au poste de Premier ministre, le département en charge des investissements migre vers la Primature, Hassan Bernoussi aussi. De 1990 à 2008, ce sont dix-huit ans durant lesquelles il s'est mis au service de l'administrationn.[/tab][/tabs]