Trop onéreux, le désenvasement n'est envisagé que pour des cas extrêmes. Un entretien préventif est effectué à l'aide d'un système mis au point avec l'assistance d'Electricité de France. Théoriquement, un barrage a une longévité de 50 ans, mais les ouvrages résistent plus longtemps. L'eau est une denrée de plus en plus rare. Et dans un pays situé dans une zone aride à semi-aride, les barrages constituent une importante infrastructure de sécurité. Le Maroc en a beaucoup construits. Mais le plus important est de savoir les entretenir pour préserver leur capacité de rétention. Selon les travaux programmés, les dépenses y afférentes se situent chaque année entre 150 et 200 MDH. La Loi de finances de 2008 prévoit, justement, un budget de 170 MDH à ce titre. Globalement, sur les 120 ouvrages qui constituent le patrimoine hydraulique du pays, 115 ne présentent aucun dysfonctionnement pour ce qui est de leur exploitation. Ce qui ne dispense pas d'établir, pour chaque ouvrage, une «fiche médicale», explique le secrétaire d'Etat chargé de l'eau et de l'environnement, Abdelkébir Zahoud. Chaque année, un suivi est assuré par les 400 cadres et techniciens (dont 40 ingénieurs) affectés à ce genre de tâches. Cependant, il faut signaler qu'une partie du processus, selon les besoins, est «externalisée» auprès de bureaux d'études, d'ingénieurs conseils, d'experts nationaux ou internationaux ou encore du Centre national de recherche scientifique et technique. Bien entendu, c'est l'administration centrale qui supervise maintenance et entretien des ouvrages sur la base d'un référentiel appelé «méthode de conduite de l'entretien préventif» (Mecep), qui a été élaboré par le Secrétariat d'Etat chargé de l'eau et de l'environnement (SEEE), avec la collaboration d'EDF (Electricité de France) dans les années 1980. La procédure comporte aussi bien des visites d'inspection, des interprétations de mesures d'auscultation sismique, que le contrôle des équipements hydromécaniques et électromécaniques… Le désenvasement revient à 30 DH le m3 Les contrôles, qui peuvent être périodiques ou consécutifs à un événement ou à une alerte, prennent en compte les informations récoltées par les équipes d'exploitation des barrages qui sont sur place et les éléments centralisés par le SEEE, et des mesures sont programmées pour assurer la pérennité des ouvrages. Par exemple, en 2006, la vanne de vidange de fond du barrage de Mechraâ Hamadi avait été bloquée par des corps solides (cailloux, troncs d'arbres…), et il a fallu recourir à des plongeurs et utiliser des pompes suceuses pour en rétablir le fonctionnement et chasser les corps intrus. Le barrage Hassan Addakhil, lui, a connu un incident similaire. Il a fallu plusieurs tentatives pour venir à bout de l'incident qui, non seulement, empêchait une exploitation normale, mais pouvait, à terme, présenter un danger pour la sécurité du barrage lui-même et des habitants alentours. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard, explique un haut cadre du SEEE, si le Maroc n'a pas connu d'accidents au niveau de son patrimoine hydraulique, à part pour deux petits ouvrages (dont l'un dans la région de Khénifra) datant de la colonisation et qui avaient été emportés par des crues. Mais, précise-t-on au SEEE, ces deux petits barrages ne dépendaient pas dudit département. Mais le plus gros danger pour les barrages reste cependant l'envasement, surtout dans un pays où la nature du sol (argileux) et le manque de couverture végétale, à cause d'une pluviométrie réduite, favorisent l'arrivée de corps solides qui vont réduire sa capacité de retenue et par conséquent sa fonction de régulation des flux d'eau. Même si les ingénieurs envisagent cette échéance en prévoyant ce qu'on appelle une «tranche morte» pour recevoir les corps étrangers, les moyens de lutte contre ce phénomène sont limités et onéreux. Un barrage a une longévité théorique de 50 ans. Cependant, la plupart des ouvrages résistent beaucoup plus longtemps, même si l'envasement réduit leur capacité. Désenvaser un barrage n'est envisagé que si l'on ne trouve pas dans la région un autre site pour en construire un autre. Le coût de chaque mètre cube de vase extrait est de 30 DH, sans compter la quantité d'eau colossale qui va être perdue au cours de l'opération. Dans certain cas, si l'ouvrage est important, on en construit un second en amont, de manière à y transvaser l'eau du barrage à désenvaser pour la récupérer une fois l'opération effectuée. L'autre grand aspect demeure, comme relevé précédemment, la sécurité des ouvrages. Et une grande opération est en cours d'exécution au niveau du barrage Abdelmoumen qui se trouve dans une zone de forte sismicité.