La marge bénéficiaire sur les financements pour la clientèle standard équivaut à un taux d'intérêt de 5,7% contre 5,3% pour le crédit acquéreur conventionnel. Les financements sont proposés sans assurance Takaful à la clientèle qui s'engage contractuellement à y souscrire dès que les produits seront disponibles. Les établissements participatifs s'installent dans le paysage bancaire. Bank Assafa, filiale d'Attijariwafa bank, Umnia Bank, filiale commune de CIH Bank et de Qatar International Islamic Bank, ainsi que Bank Al Yousr, fruit d'un partenariat entre le groupe Banque Centrale Populaire et Guidance Financial Group, ont établi depuis quelques semaines une trentaine d'agences au niveau national pour proposer des services aux clients. Les établissements auraient pu espérer mieux comme timing de lancement, les clients n'étant pas tellement disponibles en cette période estivale prolongée par la Fête du sacrifice. Pour autant, auprès de Bank Assafa on fait état d'ouvertures de comptes qui se chiffrent en centaines. La moisson semble encore meilleure pour Umnia Bank où l'on dit être débordé par les demandes. Il faut préciser que la filiale de CIH Bank a mis en rodage des agences à Rabat et Casablanca depuis le 22 mai déjà, ce qui lui a permis de constituer une base de prospects avec qui il ne restait plus qu'à concrétiser. Sur un marché qui s'annonce très concurrentiel (5 autres entités, quasiment toutes officiellement agréées, démarreront sous peu leur activité), les offres ne manquent pas d'agressivité. Ainsi, Bank Assafa n'applique pas de frais de tenue de compte. «Cela décline une volonté de ne facturer aux clients que des frais correspondant à un service effectif», explique le management de la banque. Une critique à peine déguisée des 25 DH de frais mensuels qu'applique Umnia Bank, laquelle réplique en offrant la gratuité de son compte jusqu'à la fin de l'année. Les établissements participatifs avancent en outre que leurs commissions sur les opérations classiques restent comparables à ce qui a cours au niveau de la banque conventionnelle, ce qui suppose tout de même des tarifs un peu plus élevés. Hamish Al Jiddiya fixé à 10% de la valeur du bien à financer chez Bank Assafa Les comptes participatifs conservent néanmoins des arguments, dont principalement le fait qu'ils écartent le principe des dates de valeur qui s'opposent aux règles de la Charia. Au-delà du compte bancaire, ce qui intéresse le plus la clientèle c'est la Mourabaha immobilière, la seule solution de financement que les banques peuvent proposer à l'heure actuelle. «A voir les premières réactions de la demande, c'est indéniablement le financement qui jouera le rôle de produit d'appel pour la finance participative», constate un directeur d'agence de Bank Assafa. En théorie, les banques peuvent proposer à la clientèle deux variantes de Mourabaha immobilière. Dans une première formule, l'établissement acquiert de sa propre initiative un bien qu'il revend aux clients intéressés. Dans la deuxième, le client demande à la banque d'acquérir un bien qu'il s'engage à racheter en signant une promesse d'achat et en fournissant un dépôt de garantie (appelé Hamish Al Jiddiya). A l'heure actuelle, les établissements ne mettent en avant que la deuxième variante. Autant auprès d'Umnia Bank que Bank Assafa on affirme que plusieurs demandes de financement sont en cours de traitement et que des dossiers ont même déjà été autorisés. En termes de coût, il ressort, comme l'on pouvait s'y attendre, des premières simulations obtenues en agence que le financement participatif est plus cher que le crédit conventionnel. «La marge bénéficiaire appliquée aux financements participatifs pour la clientèle standard, sur la fourchette haute du marché, équivaut à un taux d'intérêt de 5,7%», dévoile un directeur d'agence d'une banque participative. En face, le même profil de clientèle peut actuellement négocier un crédit acquéreur conventionnel à 5,3%. Il faut néanmoins préciser que les établissements participatifs sont encore en phase d'ajustement de certains paramètres. Par exemple, les opérateurs n'ont pas encore accordé leurs violons pour ce qui est de Hamish Al Jiddiya sur lequel Umnia Bank ne se prononce pas encore, et que Bank Assafa a établi à 10% de la valeur du bien à financer. Pour se faire une idée globale du coût du financement Halal, il faut aussi attendre de savoir ce que coûtera l'assurance participative, Takaful. En effet, les banques ont effectué un passage en force pour proposer des financements en se passant d'assurance pour l'heure. Les établissements n'engagent pas leur responsabilité en agissant ainsi, puisque la réglementation précise que c'est le client qui est tenu de souscrire une assurance dans le cadre de son financement. «Nous faisons néanmoins signer un document au demandeur qui atteste qu'il est conscient que son financement n'est pas adossé à une assurance et qu'il y souscrira dès que ce produit sera disponible», explique un directeur d'agence.