Près de 163 800 dossiers ont été déposés depuis le démarrage du système en mars 2006. La plupart des rejets sont dus au manque d'informations sur l'étendue de la prise en charge. La CNSS prévoit des séminaires de formation pour les professionnels. Depuis le démarrage effectif de l'Amo, en mars 2006, quelque 163 784 dossiers ont été déposés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Le nombre de dossiers visés (donc validés et ordonnancés) s'élève, selon le bilan de la CNSS présenté lors de la dernière réunion de la commission sociale du Parlement, à 119 334 dossiers. Quel sort a été réservé aux 44 450 dossiers restants ? Selon la CNSS, «ces dossiers ont fait l'objet soit d'un rejet définitif – car il s'agit de personnes non éligibles à l'Amo ou de maladies non comprises dans le panier des soins -, soit de rejet temporaire pour complément d'information». Le bilan de la CNSS ne faisant pas de distinction entre les deux types de rejet, on ignore le nombre exact des rejets définitifs. Dans le milieu médical, les praticiens avancent qu'«il y a de nombreux rejets et que l'application de l'Amo connaît des difficultés». Une déclaration qui n'est cependant étayée par aucune donnée chiffrée mais seulement fondée sur les critiques des patients relatives à l'Amo, critiques qui révèlent un grand déficit d'information dans le grand public, notamment en ce qui concerne le périmètre des pathologies prises en charge. Pourtant, la CNSS avait accompagné le lancement du nouveau régime de couverture médicale par une large campagne de communication. Sans oublier, précise-t-on à la CNSS, que «toutes les informations sont disponibles, notamment dans les dépliants confectionnés à cet effet, dans les 60 agences de la CNSS implantées à travers le pays». Le manque d'information concerne, selon les médecins, le panier des soins, les taux de remboursement et les procédures. 36 468 dossiers de maladies lourdes traités en 2006 «De nombreux patients reviennent me voir, et c'est pareil chez mes confrères, avec des dossiers rejetés concernant des soins ambulatoires. Ce qui prouve que les malades ignorent tout du panier des soins», raconte un médecin généraliste de Casablanca. Le système de l'Amo ne couvre pas, en effet, et cela a été largement expliqué avant sa mise en place, les soins ambulatoires, sauf pour l'enfant jusqu'à l'âge de 12 ans et la femme enceinte. Hormis ces deux catégories de population, les bénéficiaires de l'Amo sont couverts, selon la loi 16-05, pour l'hospitalisation et pour 41 maladies dont la plupart sont lourdes et coûteuses (diabète, cancer…). Les praticiens signalent certes l'ignorance des malades mais n'ont-ils pas également un rôle à jouer pour le bon fonctionnement de l'Amo ? Ne devraient-ils pas sensibiliser leurs patients et leur expliquer les dispositions à prendre ? Peut-être contribueront-ils ainsi à réduire le nombre de dossiers rejetés… En tout cas, selon le bilan établi par la CNSS, celle-ci a traité, durant les dix premiers mois de l'Amo, 36 468 dossiers de maladies chroniques qui ont été déposés par 22 729 assurés Amo. Ce qui a nécessité un financement de l'ordre de 25 MDH. Par ailleurs, les soins ambulatoires pour l'enfant et la femme enceinte ont concerné 14 597 dossiers, soit un montant de 6 MDH. La deuxième lacune signalée par les médecins porte sur les taux de remboursement. «Des malades ignorent qu'ils ne seront pas remboursés sur la base des frais réellement payés aux médecins mais sur la base d'une tarification nationale de référence, raconte M.B., cardiologue à Rabat. Il ne manque pas de relever par ailleurs que «les patients assurés Amo arrivent chez [lui] sans formulaire. Comment alors faire les démarches nécessaires ?». La CNSS, tout en reconnaissant que «pour les médecins il existe une difficulté pratique de l'Amo en raison de la nouveauté des outils mis en place, notamment la codification, la nomenclature, la tarification», tient toutefois à préciser que des «réunions ont eu lieu avec les instances représentatives du corps médical pour vulgariser le système et son fonctionnement». Outre ces mesures, la CNSS planche actuellement, en collaboration avec l'Agence nationale de l'assurance maladie obligatoire et la Cnops, sur la préparation de séminaires prévus dans plusieurs villes du Royaume. L'objectif étant d'expliquer aux professionnels de la santé (médecins, pharmaciens et paramédicaux) les mécanismes et les procédures. Par ailleurs, pour une plus grande clarté, la CNSS exigera prochainement des médecins de spécifier au niveau de leurs plaques leur non- conventionnement à l'Amo. Une précision qui rendra certainement service aux patients et évitera d'éventuels rejets de dossiers.