Les médecins n'ont toujours pas accepté les tarifs proposés par les organismes gestionnaires. Le ministre de la Santé tranchera dans les jours à venir. La CNSS a traité 2 000 prises en charge pour hospitalisation. Alors que l'on entame le quatrième mois après le démarrage effectif de la prise en charge des dossiers Amo, les tarifs de référence devant servir de base au calcul des remboursements ne sont toujours pas officiellement fixés et les deux organismes gestionnaires (CNSS et Cnops) travaillent sur la base de la dernière proposition faite par l'Etat au corps médical. Mais tout cela ne saurait tarder, affirme-t-on. Le ministère de la Santé, qui avait demandé la prolongation des discussions, devra in fine décider d'une tarification réglementaire. Actuellement les médecins sont plus préoccupés par leurs élections Selon l'Agence nationale de l'assurance maladie (Anam), le département de Mohamed Cheikh Biadiallah est en passe de finaliser les tarifs de référence et l'arrêté ministériel doit être publié dans les prochains jours. Pour les spécialistes de la question, la mise en place d'une tarification nationale réglementaire est une décision sage car «on ne pouvait attendre plus longtemps l'issue de discussions qui ne semblaient avoir aucune chance d'aboutir en raison de la divergence d'intérêts». De plus, poursuivent-ils, «les médecins sont aujourd'hui plus préoccupés par les élections ordinales et syndicales». A l'Anam, on précise toutefois que les discussions vont quand même se poursuivre avec les prestataires de soins afin de mettre en place un système de conventionnement national auquel peuvent adhérer les praticiens qui le souhaitent. Ils devront alors spécifier sur leur plaque le conventionnement à l'Amo. Une façon de protéger les assurés et de garantir une gestion transparente du régime. La signature d'une convention nationale est, selon des observateurs, une occasion donnée au corps médical de s'impliquer et de jouer un rôle dans la mise en place d'une couverture médicale dont les médecins ont toujours déploré l'absence. Il reste beaucoup à faire pour démocratiser l'accès aux soins Le retard dans l'adoption de la tarification nationale de référence n'a pas empêché les organismes gestionnaires, CNSS et Cnops, de servir les prestations, étant entendu que l'Amo a démarré le 1er mars 2006. Le traitement des dossiers se fait sur la base des tarifs retenus en mars et des anciennes conventions signées avec les producteurs de soins. Ainsi, à la Cnops, pour qui le passage à l'Amo s'est fait dès le début de l'année, on indique que 1 220 dossiers ont été traités entre janvier et mars 2006. A la CNSS, ce sont environ 2 000 prises en charge pour hospitalisation qui ont été traitées depuis mars dernier. Quant au nombre de dossiers maladie, aucun chiffre n'est communiqué «car le régime est en phase de démarrage et la situation n'est pas arrêtée». Mais on ne manque pas de signaler qu'un certain nombre de dossiers ont été retournés aux assurés car incomplets (manque d'informations ou de documents justificatifs). Par ailleurs, durant ces trois premiers mois de fonctionnement de l'Amo, les gestionnaires ont remarqué que les prescriptions de médicaments faites par les médecins ne sont pas adaptées à la liste de médicaments retenue. Une deuxième révision est en cours pour inclure quelque 200 molécules à la liste qui, rappelons-le, compte 1 000 spécialités sur les 4 000 existantes. Elle avait déjà subi une première modification pour son extension à des produits de cancérologie. La machine de l'Amo tourne donc sans l'accord définitif des prestataires de soins qui campent sur leur position, invoquant l'impossibilité de travailler et de faire tourner les cliniques avec des tarifs qui ne correspondent pas au coût réel de la médecine. D'où la question de savoir si le régime a un apport réel pour les assurés. Pour les soins ambulatoires (enfants et femmes enceintes), l'apport est indéniable. Mais pour les hospitalisations et les opérations chirurgicales, le patient devra mettre la main à la poche pour régler le différentiel entre la facture des cliniques et les tarifs pratiqués par les gestionnaires. Donc, pour le moment, l'Amo n'a pas encore, contrairement à ce que l'on espérait, élargi l'accès aux soins