* L'AMO gérée par la CNSS a permis l'accès à la couverture médicale, pour la première fois, à 2.8 millions de personnes. * Un projet est en phase d'étude, sous l'égide de l'ANAM, dans le but d'exonérer le patient du ticket modérateur pour certaines pathologies onéreuses, de manière systématique. Finances News Hebdo : Un an après son avènement, pouvez-vous nous décrire l'étape actuelle de mise en place de l'Assurance Maladie Obligatoire ? Mohamed Afifi : La couverture médicale obligatoire gérée par la CNSS pour le secteur privé, suit sa vitesse de croisière dans la prise en charge des dossiers maladies, conformément au panier de soins couvert. Actuellement, le nombre de dossiers déclarés par jour au régime AMO CNSS avoisine, en moyenne, 1.000 dossiers et le montant mensuel engagé des dossiers dépasse les 42 millions de DH. Nous sommes conscients qu'un assureur maladie est jugé souvent par rapport aux délais de remboursement. L'effort de la CNSS a porté sur la compression du délai réglementaire en le ramenant à 20 jours pour les dossiers de remboursement et à 12 heures pour la remise des prises en charge. A signaler qu'une décision importante a été prise tout récemment par le Conseil d'Administration de la CNSS : c'est l'extension de la couverture médicale aux pensionnés ayant une pension mensuelle entre 500 DH et le revenu minimum réglementaire d'ouverture de droit à la prestation médicale, qui est de 1.289 DH pour les pensionnés relevant du régime général, et de 910 DH pour les pensionnés du régime agricole, soit plus de 500.000 bénéficiaires. Autre action en cours : une réflexion conjointe avec les assureurs privés en vue d'étudier les modalités de mise en uvre de l'Assurance Maladie Complémentaire. Pour réussir cette réforme sociétale, la CNSS a adopté un mode de pilotage du système moderne et un service de qualité à travers : la mis en uvre d'un système d'information qui traite la liquidation des dossiers et gère par ailleurs la traçabilité et qui permet aussi le suivi des délais ; la mise en place d'une cellule de permanence pour les prises en charge, service assuré 24h/24 et 7j /7; la mise en place d'un centre d'appel; la distribution des formulaires AMO aux entreprises déclarant 50 salariés et plus; la désignation d'un interlocuteur AMO avec ces entreprises afin de faciliter le dépôt des dossiers ; la connexion des professionnels de santé au système d'information de la CNSS (projet en cours) pour s'assurer que le patient peut prétendre à une prise en charge ; un service de proximité à travers un réseau de plus de 60 agences (qui ont vertu à se développer). Ces acquis sont à consolider et plusieurs actions sont planifiées pour d'amples améliorations. F. N. H. : À combien s'établit le nombre actuel de dossiers à traiter et quel est réellement le taux de couverture médicale au Maroc ? M. A. : Depuis le démarrage effectif de l'AMO, en mars 2006, plus de 176.000 dossiers ont été traités à la CNSS. A noter que l'AMO gérée par la CNSS a permis l'accès à la couverture médicale pour la première fois à 2,8 millions de personnes et nous espérons que ce chiffre connaîtra une augmentation significative dans les prochaines années. Avec la mise en place de l'AMO, le Maroc a connu un bond social remarquable . Le taux de couverture médicale au Maroc, après la mise en place de l'AMO pour le secteur public et privé, est passé de 16% (un peu moins que la moyenne mondiale) à 30% ; le reste suivra avec la remontée en charge du régime des indépendants et du Ramed. F. N. H. : L'un des points qui revient en boucle chez les praticiens, au-delà du faible taux de couverture, c'est le taux de prise en charge des maladies chroniques et lourdes, comme le cancer ou l'insuffisance rénale, ainsi qu'un faible barème de tarifications. Ces inquiétudes sont-elles fondées ? M. A. : Concernant la tarification nationale de référence, cette base de remboursement est le résultat d'une négociation et d'un consensus avec les professionnels de la santé, et cela s'est traduit par la mise en place de conventions. Je qualifie cette tarification de réaliste. L'aboutissement de cette convention plaide pour la maturité des deux parties et doit faire le bonheur des malades qui peuvent aspirer à des soins appropriés en temps opportun et éviter des aggravations difficiles à gérer pour les praticiens. Les médicaments par contre sont limitatifs ; la prise en charge est opérée sur la liste admise au remboursement et il est clair que la liste est améliorable. Le rôle des praticiens est décisif de par leur position en amont dans toute la chaîne. Un an déjà, et permettez-moi de remercier tous les médecins d'avoir donné vie à l'AMO. F. N. H. : Pour revenir aux affections de longue durée, la prise en charge de la CNSS est à hauteur de 70 % seulement dans les centres de soins privés, et de 90 % dans les hôpitaux publics, sachant que les 30 % restants, en cas d'ALD, sont loin de la portée du malade. Dans ce sens, la CNSS ne prévoit-elle pas de revoir sa prise en charge à la hausse ? M. A. : Par rapport à ce point, il est vrai que pour la prise en charge de certaines pathologies lourdes, le ticket modérateur (30% pour les soins dispensés dans les établissements privés et 10% dans les établissements publics) constitue une charge importante, voire non supportable par les assurés, surtout que la grande majorité des adhérents au régime AMO CNSS ont des revenus relativement faibles. Pour ces raisons, un projet est en phase d'étude, sous l'égide de l'ANAM, dans le but d'exonérer le patient du ticket modérateur pour certaines pathologies onéreuses d'une manière systématique. F. N. H. : Quels rapports entretient la CNSS avec l'ANAM ? M. A. : La CNSS en tant qu'organisme gestionnaire de l'assurance maladie entretient des rapports réguliers avec l'instance de régulation de la couverture médicale de base, à savoir l'ANAM, notamment par des échanges d'informations et des contacts périodiques ; l'objectif commun étant la réussite de cette réforme sociétale. La CNSS participe, dans le cadre de commissions dédiées, auprès de l'ANAM sur des items tels que la communication, la tarification, la liste des médicaments, les référentiels etc