Les infrastructures se développent à Casablanca en dépit de la baisse des arrivées de touristes d'affaires français. L'activité stagne à Marrakech. Dans le Nord, le projet Tanger Métropole et la zone franche donnent du tonus à l'activité. Casablanca, Marrakech, Rabat et récemment Tanger sont considérées comme les villes où le tourisme d'affaires jouit d'un environnement propice. L'organisation de congrès, séminaires, salons ou simplement la signature de contrats B2B profitent à l'industrie hôtelière du pays. Le créneau est très porteur, particulièrement dans la capitale économique où le développement des opportunités d'affaires encourage les investissements. «Après l'arrivée du Sofitel et du Four Seasons, le Grand Mogador Casablanca, l'enseigne portugaise Sana Hotel, JW Mariott et Oberoi à la marina de Casablanca, entre autres, sont en cours d'ouverture ou de construction. Dans un marché en dépression, on ne retrouverait pas autant de projets en pipeline», remarque Laurent Ebzant, DG du Hyatt Regency Casablanca. Pour sa part, Azeddine Skalli, DG de S'Tours, agence de voyages spécialisée dans le MICE (Meetings, incentives, conferencing, exhibitions) et président de la commission «Promotion» à la Confédération nationale du tourisme, confirme la bonne santé du secteur. «Contrairement au tourisme de masse en déclin, le tourisme d'affaires se porte bien. Par ailleurs, la création du Moroccan Convention Bureau, outil de commercialisation du produit MICE, permettra d'améliorer les performances du secteur qui constitue une belle alternative au tourisme classique, d'autant plus qu'on a gagné en qualité et en notoriété avec les enseignes hôtelières qui s'installent...», affirme Azeddine Skalli. Néanmoins, le segment qui affiche une santé moins reluisante reste l'incentive (stimulation des équipes commerciales par des voyages). «Le Maroc n'échappe pas à la tendance baissière des incentives remarquée au niveau mondial. Cela dit, le tourisme d'affaires constitue un secteur d'activité très intéressant pour l'image du Maroc en termes de valeur. Le taux de retour des voyageurs d'affaires avec leur famille est très intéressant», déclare M. Skalli. Dans ce cadre, la ville «star» du tourisme d'affaires reste Marrakech. Des annulations constatées dans la ville ocre Selon les professionnels, il y aurait une stagnation de l'activité dans la ville ocre. Et pour cause, certains hôtels ont connu des annulations de groupes internationaux privés déplacés au Maroc dans le cadre d'incentives et de team buiding. Palmeraie Resorts a su tirer son épingle du jeu. L'activité MICE représente 54% de son business mix et près de 5% des réservations individuelles. Selon Soumia Chraibi, directeur communication et relation presse à Palmeraie Développement, malgré une conjoncture internationale difficile, une augmentation de près de 2% de l'activité issue de ce tourisme est observée par rapport à août 2015. «Nous remarquons un développement du tourisme d'affaires national. Pour booster l'offre, on continue de renforcer nos actions commerciales et marketing et le développement de packages», déclare-t-elle. L'infrastructure se met elle aussi à niveau. Selon elle, la ville connaît des développements en termes d'infrastructures et d'équipements des unités hôtelières dédiées au tourisme d'affaires. «En outre, le renforcement des compétences, la promotion des agences de voyages et la maîtrise des technologies et du savoir-faire exploités (mise en scène, son, lumières) contribuent à cette évolution», renchérit Mme Chraibi. A Casablanca, la concurrence se fait plus rude, particulièrement avec l'arrivée de nouvelles enseignes hôtelières. A titre d'exemple, Hyatt Regency qui a très longtemps bénéficié d'une situation de quasimonopole s'active aujourd'hui à préserver ses parts de marché. Les opérateurs explorent de nouveaux marchés Avec une activité dédiée à 85% au tourisme d'affaires, le Hyatt Regency Casablanca revoit son modèle. «Nous sommes à l'heure de la remise en question avec un redéploiement de nos ressources, sans compter la recherche de nouveaux marchés. Avec celui de la France qui se voit comprimé, on lorgne dorénavant le marché chinois», précise Laurent Ebzant. Un autre hôtel casablancais situé au cœur de la ville, le Movenpick, dont l'activité est à 70% dédiée au tourisme d'affaires, arrive à s'en sortir malgré la baisse du marché français (la clientèle d'affaires française y a affiché cette année un recul de 10% par rapport à 2015). «Vous savez, le marché du 5* est un marché spécial, que ce soit au niveau des prestations, des services ou de la propreté. La concurrence arrive à prendre des parts de marché dans le Leisure (loisirs). Mais dans le Corporate, elle s'avère plus compliquée car les clients ont leurs habitudes qu'ils changent difficilement», rassure Amr Kallini, directeur général de l'hôtel. Et pour améliorer le taux d'occupation et de dépenses du touriste d'affaires, il est primordial de retenir le client à l'hôtel. Movenpick dit s'aligner sur la fourchette 5* de la ville. «Dans le cadre d'un tarif groupe, un touriste d'affaires qui réserve une chambre d'hôtel, bénéficie de la salle de séminaires, d'un déjeuner et 2 pauses-café à 1 820 dirhams/jour. Le tarif n'incluant pas la chambre est de 420 dirhams/personne», note Kallini qui estime la durée de séjour moyenne de cette catégorie de touristes de 2,4 nuits avec une clientèle africaine de plus en plus importante. Les arrivées continuent d'augmenter à Tanger Tanger qui connaît déjà un bouillonnement des affaires a vu son activité de tourisme dédiée aux affaires augmenter de 9% en mai dernier (des chiffres plus récents ne sont pas encore disponibles). «Nous avons connu une amélioration nette depuis Tanger Métropole et le développement de la zone franche TFZ qui a attiré beaucoup d'industries notamment collatérales au projet Renault. Nous assistons également à l'organisation de séminaires et congrès, d'autant plus que l'infrastructure s'est étoffée avec l'ouverture du Hilton Garden Inn City center, un hôtel dédié à la clientèle des affaires, sans compter le Movenpick et le Royal Tulip avec sa salle de conférences de 1 000 m2 (une première à Tanger) qui présente un atout indéniable pour le développement de l'activité dans la ville»,explique Abdelghani Ragala, directeur du CRT de Tanger.