Le Maroc, premier pays étranger à l'honneur au Salon international de l'Agriculture en France    Sahara, coopération et influence : Les axes majeurs de la diplomatie marocaine pour 2025    La Chambre des représentants adopte un projet de loi relatif au Code du médicament et de la pharmacie    Maroc : Les syndicats mènent la grève nationale dans le public et le privé    Maroc : La Chambre des conseillers adopte à la majorité le projet de loi sur la grève    MASEN: plus de 236 projets de développement local réalisés jusqu'à 2024    Edito. L'équation qui nous échappe    Nizar Baraka s'engage à accélérer les projets d'autoroutes et de voies express    Aéroports du Maroc: Environ 32 millions de passagers en 2024    Risque climatique : Bank Al-Maghrib serre la vis    Tebboune reconnaît, de sa propre bouche, la réalité du système de santé algérien : échec et promesses vides    Abdelmadjid Tebboune... Du refus à la justification de la normalisation avec Israël?    Espagne : Sept membres présumés de "Daech" interpellés grâce au soutien de la DGST    Guerre commerciale Chine/USA: Beijing riposte avec une batterie de mesures    Les tarifs douaniers américains sur les produits canadiens reportés d'un mois    La Tunisie, entre désillusion démocratique et incertitudes économiques : le spectre d'une nouvelle révolte    SM le Roi adresse ses condoléances au Président allemand suite au décès de Horst Köhler    Basket. DEX(h) / J13: L'ASS leader provisoire en attendant ''IRT-FUS'' reporté    Association des Comités Nationaux Olympiques d'Afrique: L'Algérie exclut les Marocains de la liste des "African Olympic Awards"    Botola DII / J16: RBM-OD, MCO-USYM et OCK-KAC, les affiches de la journée    L'international marocain Reda Belahyane rejoint la Lazio Rome    Températures prévues pour le mercredi 05 février 2025    Etats-Unis : Il était une fois, une tour inspirée de la Koutoubia au cœur de Manhattan    Maroc : Les salles de cinéma affichent une recette de 127 MDH (+42%) en 2024    L'industrie cinématographique marocaine en 2024 : une année historique    Mort de l'ancien président allemand Horst Köhler : les condoléances du souverain chérifien    Golf. Coup d'envoi de la 49e édition du Trophée Hassan II et de la 28e édition de la Coupe Lalla Meryem    « Ice Swim in Morocco » revient pour une 8e édition au lac Aguelmam Azegza    Nouveau camouflet pour Paris : Alger refuse l'expulsion d'un ressortissant sous OQTF    Avant la visite de Gérard Larcher à Dakhla, Gérald Darmanin attendu à Rabat à la mi-février    Salles cinématographiques : des recettes de 127 millions de dirhams en 2024    Gouvernance urbaine. Tanger et Djibouti approfondissent leur coopération    Le Maroc s'emploie à accélérer les études techniques des projets d'autoroutes et de voies express en prévision du Mondial 2030    Casablanca : La Fondation Nationale des Musées et la CDG veulent dynamiser la scène culturelle    Revue de presse de ce mardi 4 février 2025    Mercato d'hiver: Manchester City hyperactif, le Real tranquille    Les prévisions du mardi 4 février    Forum africain de la cybersécurité: Le Maroc promeut une approche collaborative et visionnaire (experts)    Interview avec Jihad Jekki : « La cuisine marocaine cartonne, mais le chef marocain reste peu valorisé »    Cinéma Marocain : Un chiffre d'affaires de 127 Millions de Dirhams en 2024    Marrakech : Arrestation d'un criminel français sous mandat d'arrêt international    La Lazio annonce l'arrivée de Reda Belahyane    CV, c'est vous ! EP – 81. Youssef Ait Seghir, consultant financier par passion    Défense du patrimoine culturel et «nationalisme»    Morocco : Post-vacation measles measures not enough    Le taux de chômage au Maroc atteint 13,3 % en 2024, avec une hausse notable des inégalités    L'ESPAGNE RENFORCE SON DIALOGUE CULTUREL AVEC LE MAROC    Tebboune : «The Sahrawis are asking for weapons, but we are not giving them»    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La confrontation
Publié dans Lakome le 25 - 08 - 2013

C'est un bien curieux discours que celui prononcé par Mohammed VI, à l'occasion de la commémoration du « Vingt août » et qui tranche sévèrement sur celui de la fête du Trône, quelques jours auparavant. Le roi aurait voulu se tirer dans le pied qu'il n'aurait pas agi autrement. Pourtant, encore une fois, les applaudisseurs de l'impossible sont montés en première ligne, pour le décrire de révolutionnaire ou de fondateur. Rien que ça !
Entre deux discours, des scandales gigognes
L'allocution de la fête du trône s'était voulue conquérante, sous la forme d'un bilan triomphateur et tonitruant. Elle manifestait une certaine volonté du roi, quelque peu ragaillardi par la contre-révolution égyptienne à laquelle il s'était empressé d'applaudir, de se réapproprier les rênes de sa monarchie exécutive, après l'essoufflement du « Mouvement du Vingt février ».
La seconde sentait le souffre et les relents de règlements de comptes. Le roi s'y en est pris au gouvernement du PJD, lui imputant la responsabilité de l'échec de la réforme de l'enseignement dans notre pays.
C'est qu'entre les deux discours, des scandales gigognes étaient passés par là. L'affaire du pédophile espagnol, Daniel Galvan Fina, en dissimulant une autre, celle d'Antonio Garcia Ancio, narcotrafiquant, gracié en lieu et place de son père et qui, lui-même en dissimulait une troisième, la libération de Mounir Molina Mohamed, quelques jours avant la tenue de son procès, pour trafic de drogue et constitution de bande armée.
Le limogeage du Délégué Général de l'Administration pénitentiaire, Hafid Benhachem improvisé bouc émissaire, n'aura trompé personne et surtout pas empêché l'affaire d'écorner un peu plus, l'image du monarque et mettre à nu les dysfonctionnements indignes du système politique marocain qui vaut à tant de criminels, d'échapper à la justice, avec le silence complice des élites marocaines, à de rares exceptions près.
Levée de boucliers et crimes de lèse-majesté
Mohammed VI est d'autant en colère, que fut grande sa solitude, au cours de ces journées, qui avaient indigné le monde entier et au cours desquelles, le Printemps marocain menaçait de reprendre, de plus belle. Car si Benkirane s'était muré dans un drôle de silence, son ministre de la justice avait affirmé à qui voulait bien l'entendre, qu'il avait bien mis au courant, en vain, le Cabinet royal de l'ampleur des crimes sexuels imputés au prédateur espagnol que l'on s'apprêtait à gracier. Le ministre de la justice avait même ordonné, sous la pression de l'indignation générale, la mise en ligne d'un communiqué sur le site Internet de son département, pour se dédouaner de toute responsabilité, dans le « DanielGate ». Une première dans le genre et un désaveu qui vaut crime de lèse-majesté au Maroc.
Et ce n'est pas tout. On doit, à présent, les sorties les plus fracassantes aux membres du PJD, ou encore à ses députés, qui n'hésitent plus à se répandre, chaque fois qu'ils peuvent le faire, particulièrement dans les pas perdus, du parlement marocain, ou sur les bancs mêmes de son hémicycle, en chuchotements ou déclarations, condamnant tantôt la décoration du lobbyiste sioniste Malcolm Hoenlein du Wissam alaouite, tantôt la mesure de grâces collectives des espagnols, tantôt le silence du Maroc, face aux exactions des militaires égyptiens.
Autant de prises de positions qui n'ont pas manqué de remonter jusqu'aux oreilles du principal intéressé qui s'est cru obligé de passer à l'offensive, à la recherche d'un nouveau bouc émissaire. Le timing choisi est loin de toute innocence, à l'heure où le PJD négocie avec le RNI, parti du palais, son sort dans le prochain gouvernement.
Où le roi se tire dans le pied
A moins que la sortie royale n'ait pour objectif avoué de dissuader les chefs de partis de se coaliser avec les islamistes, et tuer dans l'oeuf le projet de gouvernement Benkirane II, la prudence la plus élémentaire, commandait à Mohammed VI, de s'abstenir d'aborder le sujet de l'Education nationale et d'en imputer l'échec de sa réforme à un gouvernement qui n'est en place que depuis quelques mois. Car pour qui connaît le Maroc, la responsabilité historique de la destruction de l'enseignement, incombe en totalité à la monarchie et à son vieux complice et instrument, le Parti de l'Istiqlal. Une bien sombre réalité qui vaut à notre pays, la situation que l'on connaît, d'analphabétisme, d'illettrisme et de misère intellectuelle. Et ce n'est pas le projet de Charte nationale d'éducation et de formation concoctée par l'entourage royal, qui pourrait racheter en quelques mois, plus de quatre décennies d'acharnement du régime sur le système éducatif marocain.
Le souverain qui semble soudain, au détour d'une colère, découvrir que la situation de l'enseignement «s'est dégradée encore davantage, par rapport à ce qu'elle était il y a plus d'une vingtaine d'années.», ne fait oublier à personne, que jamais jusque là, lui-même ou le Parti de la balance, dont l'un des membres est, précisément, en charge de l'Education nationale, n'avait démontré un quelconque empressement, à voir figurer ce ministère parmi ses premières préoccupations. Pour preuve cette information accablante, passée sous silence et relayée par le quotidien «Al Alam», selon laquelle, soixante-quinze (75) professeurs lauréats des centres régionaux des métiers de l'éducation et de la formation, auraient été nommés pour enseigner dans le cycle secondaire, malgré l'obtention au concours d'accès, de moyennes ne dépassant pas la note de 6,80 sur une note de 20. Cinquante-neuf (59) d'entre eux ont été affectés à l'enseignement secondaire et seize (16) à l'enseignement collégial.
Soixante-quinze cas qui ne feront pas oublier les centaines de milliers d'autres médiocrités qui ont eu en main, le devenir de tant des nôtres, alors que dans son discours, le monarque se présente en bon père de famille et prétend partager « les mêmes préoccupations concernant l'enseignement dispensé à nos enfants, et les mêmes problèmes affectant notre système éducatif, d'autant plus que nos petits suivent les mêmes programmes et les mêmes cursus.». Mohammed VI oublie simplement de préciser, qu'au contraire de nos enfants, les siens bénéficient d'un enseignement dispensé par des professeurs triés sur le volet.
Des vacances à point nommé
Pendant que les siens montent au front, pour s'indigner de la teneur du discours royal, Benkirane se trompe de scène de bataille. Il fait dans le barouf, ailleurs, en mobilisant les forces de sécurité, les autorités civiles et militaires, dans un souci ostentatoire de mettre son silence sur le compte de vacances, bien commodes, parmi les siens, à Moulay Bousselham. Des vacances qui tombent à point nommé, pour lui éviter une fois de plus de commenter les propos du chef de l'Etat.
Les dictateurs sont sans surprise. Ils ont ceci de particulier, qu'ils s'aliènent, tôt ou tard, les plus inconditionnels de leurs alliés ou leurs laudateurs les plus zélés. Mohammed VI en est rendu là, à son tour.
Quant à Benkirane, ce Chef de gouvernement d'un genre inédit, il ne peut s'en prendre qu'à lui-même. Le malheureux aura eu beau ravaler toute fierté, boire toute honte, subir toutes sortes d'humiliations ou encore évoquer un pacte avec Abdelkrim El Khatib, singeant pitoyablement, Abderrahmane El Youssoufi, et le pacte secret qui le liait à Hassan II, il n'aura pas échappé au verdict qui frappe ceux qui, en voulant s'éviter un affrontement avec la tyrannie, acceptent le déshonneur, mais finissent tout de même, par avoir la confrontation.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.