Nous venons de vivre un moment historique. Le discours du Roi Mohammed VI propulse le pays dans une ère nouvelle. Il est des moments ou tout s'arrête, où le déroulement du temps bute contre un évènement si fort, si grandiose, si exhaustif dans sa portée, qu'il devient proprement impossible d'en définir la nature. Pourtant en ce mercredi 9 mars, ce jour advint. Faisant siens les sept piliers essentiels d‘une réforme constitutionnelle sans précédent, le roi Mohammed VI a impulsé une dynamique dont on peine à mesurer l'ampleur. En moins de douze minutes, le monarque a esquissé le portrait du Maroc de demain. En voici les points cardinaux. Un patrimoine uni et indivisible La pluralité identitaire est consacrée. Le roi appelle de ses vœux un Maroc uni et fier de son patrimoine. Toute extraction a vocation à se couler dans le moule patrimoniale. A ce titre, le monarque met l'accent sur l'amazighité qu'il qualifie de « patrimoine commun de tous les Marocains, sans exclusive ». Un Etat de droit L'Etat de droit et l'élargissement des libertés individuelles constitueront un des points d'orgue de la nouvelle constitution. A ce titre, le renforcement des droits de l'homme s'accompagnera de la constitutionnalisation des recommandations de l'Instance Equité et Réconciliation (IER) Une justice indépendante C'est un des points les plus puissants du discours royal. L'avènement d'une justice forte, transparente et surtout, indépendante. Cela passe par le renforcement des prérogatives du Conseil constitutionnel. L'accent est ici, sur la nécessité d'instituer la suprématie de la loi et « l'égalité de tous devant elle » Séparation des pouvoirs Peut être le projet le plus symbolique de la nouvelle Constitution, la séparation des pouvoirs devra reposer sur un bouleversement systémique de la gestion de la chose publique. Cette réforme gigogne trace les contours d'une démocratisation fondamentale. D'abord, des compétences plus étendues seront dévolues à un parlement issu d'élections « libres et sincères ». Le gouvernement élu, issu d'un scrutin transparent consacrant le principe de la nomination d'un premier ministre provenant de la majorité parlementaire et investi d'un pouvoir exécutif effectif. Le chef du gouvernement sera responsable de « l'administration publique et de la conduite et la mise en œuvre du programme gouvernemental. Enfin, la constitutionnalisation et la définition claire des compétences du Conseil du gouvernement. Les partis politiques Leur rôle devra être consolidé dans le cadre d'une diversité d'opinion effective. Ceci passe par l'affermissement des organes et des dispositifs constitutionnels d'encadrement du citoyen. Partant, le statut de l'opposition parlementaire et les prérogatives de la société civile devront être renforcés. Moralisation L'autorité sera amenée à faire sa mue. La Constitution veillera à moraliser la vie publique et tout mandat ou responsabilité publique devra se plier aux « impératifs de contrôle et de reddition des comptes ». Droits de l'homme La création du Conseil national des droits de l'homme est un pas en direction de la constitutionnalisation des instances en charge de la bonne gouvernance. La nouvelle constitution veillera à l'institutionnalisation irrévocable de la protection des libertés. C'est ainsi, que le roi Mohammed VI a tracé le chemin d'une refonte globale de la matrice politico-légale qui régit notre pays. L'occasion est désormais donnée aux uns et aux autres d'exercer leur privilège de citoyen dans la pleine étendue de leur magnitude démocratique. Nous vivons un instant mémorable. Soyons-en dignes ! Impliquons-nous, votons massivement lors des prochaines législatives et tâchons de mener cette nouvelle aventure collective à bon port. Réda Dalil (Le Temps)