Un texte du Collectif Mamfakinch Les entreprises de cyber flicage se font beaucoup d'argent.. Après les révolutions arabes de 2011, les régimes de la région semblent s'être résolus à l'idée qu'il fallait désormais contrôler internet. Ces gouvernements ont donc noué d'étroits liens avec des entreprises d'espionnage numérique privées, pour la plupart occidentales. Gamma Group, Hackers Team, Amesys, Siemens, Philips, Blue Coat, la concurrence est rude pour un marché qui brasse des milliards de dollars chaque année. Le but de ces transactions est clair : l'espionnage massif des populations. Et ne comptez pas sur ces sociétés de surveillance numérique, ni sur leurs gouvernements en France, au Royaume Uni en Italie aux Etats Unis ou en Allemagne pour s'inquiéter des dangers que leurs technologies peuvent représenter pour les droits de l'homme. La guerre est ouverte entre des gouvernements de mieux en mieux équipés et une cyber dissidence qui apprend à se défendre. Amesys était l'entreprise française d'espionnage en ligne préférée du régime sanglant de Gaddafi. En 2011, cette même entreprise, avec l'absolution du gouvernement de M. Nicholas Sarkozy et sous couvert de la lutte contre le terrorisme, avait vendu son programme d'espionnage de masse Pop Corn au régime marocain pour une valeur estimée à 2 millions de dollars US. Et ce ne serait qu'un début. En collaboration avec Alten, une entreprise française spécialisée dans le conseil en technologies de l'information, des ingenieurs d'Amesys travailleraient d'arrache-pied au Maroc pour installer leur système. L'opacité entoure leur présence au Maroc ansi que le coût qu'engendrent leurs prestations pour le contribuable marocain, qui se retrouve a payer le prix d'une technologie dont la finalité est pourtant la surveillance de ses propres communications privées. Le programme est en tout point similaire à un autre, Eagle, que la même entreprise avait pourtant vendu en Libye au plus fort de la répression du régime policier du « Frère Guide. » Au Maroc, a quoi pourrait bien servir un tel programme sinon qu'à espionner l'ensemble de la population ? Le manuel d'utilisation du logiciel Eagle, qui sert de base pour Pop Corn, est on ne peut plus explicite : Source:Fhimt. En 2012, le site Mamfakinch fut la cible d'une attaque par un virus sophistiqué, fabriqué par une entreprise italienne basée à Milan, Hackers Team. Un trojan (cheval de troie) élaboré nous avait été adressé dans l'espoir d'infiltrer nos ordinateurs pour pouvoir ensuite nous espionner à la source. A qui profite le crime ? Qui au Maroc a les moyens et les ambitions pour pouvoir se procurer une telle technologie ? Nous sommes bel et bien engagés dans une guerre froide d'un autre genre—une guerre cybernétique qui ne dit pas son nom, opposant régimes oppresseurs et leur dissidence numérique. Une étude publiée par le groupe de recherche canadien Citizen Lab cette semaine montre la prolifération de l'usage des technologies de surveillance en ligne made in USA a travers le monde. Il est montré a quel point les entreprises de flicage numérique les plus avancées pactisent tous les jours et sans scrupule avec les régimes les plus répressifs et les plus sanguinaires de la planète. Il faut que cela cesse. Les citoyens du net en sont de plus en plus conscients. La contre-offensive se prépare. Pour mieux vous mettre en perspective les dangers de l'espionnage en ligne nous vous invitons a regarder le documentaire ci-dessous, diffusé l'an dernier sur la chaîne de télévision française Canal+. Une belle enquête réalisée par Paul Moreira: