Le parti de l'Istiqlal confirme son positionnement Le champ politique commence à chauffer. Quelques part, ça crame même. Dans ce contexte, l'Istiqlal visé de toutes parts reconfirme ses positions de toujours. Chaque fois que se pose la question des alliances du parti de l'Istiqlal en vue des élections ou de la formation d'un gouvernement, les regards se tournent quasiment par réflexion vers les Islamistes. Sans doute, le référentiel islamique très présent dans l'idéologie istiqlalienne explique-t-il en partie cette réaction. De même, l'opposition de l'Istiqlal, farouche tout au long des années soixante et soixante-dix au marxisme pour combattre la forte dose d'athéisme qu'il recèle, l'a-t-elle classé du côté d'une droite religieuse aux relents conservateurs. Abusivement d'ailleurs, puisqu'en même temps qu'il proclamait haut et fort son attachement aux valeurs de l'Islam et son rejet du communisme, l'Istiqlal se retrouvait politiquement toujours du côté de la gauche marocaine. Son appui pendant les années soixante-dix à l'extrême gauche – sa presse et ses avocats défendant ses militants détenus, son action commune avec l'UNFP puis l'USFP à travers des organismes comme l'Union des écrivains, le Syndicat national de la presse marocaine ou encore l'Association marocaine pour le soutien du peuple palestinien, démontrent bien que tout en étant résolument planté dans le socle islamique et tout en s'attachant à la Monarchie constitutionnelle, Allal El Fassi et sa descendance politique ont toujours agi sur l'essentiel des objectifs avec les partis de gauche. Lorsqu'Allal El Fassi cherchait à créer un front commun, c'est naturellement vers l'UNFP que le patriarche istiqlalien s'était tourné pour former la Koutla nationale. Quand bien plus tard, son successeur, M'hamed Boucetta a cherché à rééditer l'exploit, c'est à Abderrahim Bouabid et son parti l'USFP qu'il s'était adressé pour créer le bloc démocratique. Abbas El Fassi, malgré des relations pas toujours faciles avec Abderrahmane Youssoufi, n'agit pas moins dans le même sens en proclamant sans cesse sa fidélité à la Koutla, comme condition sine qua non, aux côtés de l'institution monarchique, à la progression démocratique du Maroc. Il n'y a pas jusqu'au plan pour l'intégration de la femme dans le développement où l'Istiqlal ne s'est pas trouvé dans le camp opposé aux Islamistes. Malgré ses observations sur la manière dont l'affaire avait été menée, c'est à Rabat, et non pas à Casablanca où ont manifesté les Islamistes, que les troupes et la direction de l'Istiqlal ont défilé pour défendre le plan. Dans une récente interview à l'hebdomadaire “ Le Journal ”, Abbas El Fassi, pince sans rire, assure que c'est chez Abderrahmane Youssoufi qu'il a rencontré pour la première fois des hommes de la direction du PJD, comme Daoudi et Othmani, faisant partie de la majorité gouvernementale. Et s'il affirme qu'au niveau parlementaire, il n'est pas rare que les groupes coordonnent leurs positions sur certaines questions, que sur certains points il y a convergence, Abbas El Fassi assure que sur bien d'autres, il y a divergence et qu'en tout état de cause personne n'a parlé ou invité pour l'instant à une alliance. Comme par le passé on continue à Bab El Had de privilégier la Koutla. Lors de son passage à l'émission “ Fil Wajiha ”, le secrétaire général de l'Istiqlal n'avait pas manqué de rappeler qu'il aurait préféré que la question des alliances soit résolue avant le scrutin législatif. Car, estime-t-il, “ c'est la tradition dans les pays démocratiques, la France notamment, que chaque parti dise avant les élections avec quel camp il entend gouverner. C'est un devoir moral envers l'électeur ”. Abderrahmane Youssoufi, puis Abdelouahed Radi, par voie de presse, lui ont fait savoir qu'ils n'entendaient pas les choses de cette oreille. Voulant fort probablement garder toute sa liberté de manœuvre sans s'enfermer dans un schéma préalable, l'USFP a fait savoir qu'elle ne traiterait la question des alliances qu'au vu des résultats. Contraint de faire avec “ l'isolationnisme usfpéiste et sa fébrilité électorale”, l'Istiqlal persiste et signe en brandissant la Koutla, partenaire majeur dans la transition en cours, comme le seul moyen de poursuivre et réussir le passage à la démocratie. Le parti de Abbas El Fassi qui se félicite du rapprochement du MP et du MNP, encourage la gauche unie en assistant à son congrès avec une forte délégation, voit dans ces actions de rassemblement une réponse à un vœu qui lui est cher : le regroupement des forces politiques et le début de la fin de l'émiettement. Avec la même logique, il aborde ce qu'il considère comme son camp naturel, la Koutla est mise en veilleuse à ses yeux, par la faute de Abderrahmane Youssoufi. Le bloc reste pour Abbas El Fassi et ses amis le cadre idoine. Il faut certes l'ouvrir à tous les démocrates, et d'abord à ceux qui en faisaient partie à l'image du Congrès ittihadi de Abdelmajid Bouzoubaâ ou du PSD de Aïssa Ouardighi, mais il faut auparavant le préserver.