Que restera-t-il de cette Coupe du monde 2002 version asiatique et quelle place occupera-t-elle dans l'histoire au regard des seize précédentes ? Maintenant que le rideau est tombé et que les joies et les peines ont été vécues ici et là, on peut, à tête reposée, tirer les premières impressions et s'intéresser au jeu, à son organisation en matière d'animations défensive et offensive. Certes pas de grande révolution de ce côté-là car aucune véritable surprise n'est venue chambouler les schémas traditionnels de plus en plus portés sur le renforcement des défenses. Cela dit, aucun match n'a vraiment emballé outre mesure les spectateurs ou téléspectateurs pour figurer dans toutes les mémoires comme il était de coutume dans cette compétition. La première leçon a, sans doute, été la confirmation de quelques règles élémentaires de haut niveau comme, par exemple, l'effet déterminant du premier but marqué et l'ascendant psychologique que celui-ci donne dans les matches à élimination directe. Autre rappel mémorable : on ne peut s'engager dans des parties de ce niveau sans disposer de qualités indispensables pour réussir comme la vitesse, la puissance, l'équilibre et la souplesse d'équipe ainsi que l'importance de plus en plus grande de certains postes-clés, tel le gardien ou encore un tireur d'élite. Enfin, enseignement crucial : la différence que peuvent faire la force mentale, la cohésion du groupe et la valeur collective sur la durée d'une compétition, lesquelles qualités ont permis à l'Allemagne, entre autres, de réussir un parcours presque inespéré au regard de sa consistance et de ses nombreuses défections pour cause de blessures. Mais, en couronnant le Brésil et en révélant plusieurs autres nations inattendues (Turquie, Corée du Sud et Sénégal), ce Mondial a surtout récompensé les formations les plus techniques, les plus ambitieuses dans le jeu et possédant les meilleurs attaquants frais. Autant d'atouts qui ont permis à ces équipes, à états de fatigue et de préparation à peu près comparables, de faire basculer les matches, de provoquer les erreurs de l'adversaire et d'avoir le dernier mot sur celles qui avaient tout misé sur le contre (Angleterre). Si la plupart des formations ont adapté leur schéma à l'adversaire du jour, seul le Brésil, durant toute l'épreuve, est resté fidèle à son système en s'appuyant sur trois attaquants, il est vrai… incomparables puisque le trident des 3R, Rivaldo, Ronaldo, Ronaldinho a inscrit 15 buts des 18 plantés par le champion du monde. En somme, le Brésil a tiré la quintessence des qualités exceptionnelles de ses attaquants quand d'autres ont sombré en condamnant leurs avants à des tâches ingrates. Concernant la “performance” allemande, il y a des faits et des chiffres qui ne trompent pas : 12 buts sur les faits et des chiffres. 14 réussis ont été obtenus à la suite de coups de pied arrêtés dont 8 de la tête. C'est dire tout l'intérêt de disposer d'un tireur d'élite et c'est sans doute ce qui avait manqué aux Lions de l'Atlas pour gagner leur ticket à Dakar face au Sénégal…