La participation d'un géant du cinéma mondial Né à Téhéran en 1940, où il sera formé à l'Ecole des Beaux-Arts, Abbas Kiarostami est reconnu depuis le début des années 90 comme l'une des grandes figures du cinéma contemporain. Peintre et dessinateur d'affiches de cinéma avant de devenir cinéaste, il se consacre toujours activement à la photographie, notamment de paysages. À partir de 1970, il réalise des courts métrages et des films pour enfants. Il fut révélé avec “Où est la maison de mon ami ?” (1987, Nantes 1988, Locarno 1989), premier volet d'une trilogie qui comprend “Et la vie continue...” (1992) et “Au travers des oliviers” (1994). Suivront, entre autres, “Le goût de la cerise” (1997, Palme d'or à Cannes), “Le vent nous emportera” (1999, Grand Prix du jury à Venise) et tout récemment “Ten” (2002), tourné en vidéo numérique. Ses films, réalisés dans des conditions difficiles, sont salués dans les festivals du monde entier où ils ont reçu de nombreuses récompenses. Abbas Kiarostami est l'auteur d'une oeuvre, d'un monde-cinéma qui associe la fiction et le documentaire en une dialectique fondatrice où liberté du réalisateur et authenticité du réel sont inséparables. Romanesque et document s'annexent mutuellement et concourent à l'émergence d'un univers où le vrai, le juste et l'authentique surgissent à la faveur d'un détail, d'une image simplement effleurée, modestement, pudiquement. Kiarostami a recours au procédé de la fable et signe des oeuvres caractérisées tout à la fois par leur beauté plastique (sens du paysage, de la couleur) et par leur néoréalisme (tournage en extérieurs réels, comme par exemple dans Le vent nous emportera tourné dans un village du Kurdistan avec des acteurs non professionnels, notamment des enfants). Ses films se distinguent par leurs dispositifs formels et narratifs complexes, allégoriques et ironiques (goût pour la forme littéraire), par leur manière oblique mais incisive d'interroger la société iranienne, la condition des femmes, et plus généralement les rapports entre tradition et modernité. Abbas Kiarostami nous invite à considérer le film comme un regard et un voyage, et le cinéma comme un instrument de réflexion et d'analyse, sans jamais tomber dans le didactisme ni le militantisme étroit. Chef de file d'une école cinématographique iranienne révélée dans les conditions qui viennent d'être évoquées, il est unanimement considéré comme l'un des grands auteurs et créateurs du 7e Art, dans la lignée de Robert Bresson, Roberto Rossellini, Jacques Tati ou Francesco Rosi. Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture et de la Communication, l'a élevé au rang d' “Officier des Arts et Lettres” en janvier 2003.