Trois des six partis de l'opposition légale en Tunisie considérés comme proches du pouvoir se sont démarqués mercredi du mouvement de Grève de la faim déclenché, il y a 15 jours par des opposants pour réclamer plus de libertés. Les huit grévistes représentant des associations et des partis non reconnus, à l'exception du Parti démocratique progressiste (PDP-légal) dirigé par Me Ahmed Inoubli Chebbi, revendiquent la liberté d'association et d'expression et la libération des "prisonniers politiques", dont les autorités nient au demeurant l'existence. Dans des déclarations au journal Achourouk, le chef du Parti de l'unité populaire (PUP), Mohamed Bouchiha, reproche aux grévistes de "recourir au soutien de l'étranger", condamnant ce qu'il appelle le "militantisme des chancelleries", procédé qu'il qualifie d'"infructueux et inefficace". Plus tranchant, le secrétaire général de l'Union Démocratique Unioniste (UDU), Ahmed Inoubli fait valoir que "tout progrès de la vie politique passe inévitablement par un dialogue national, sans compromission aucune avec l'étranger et sans avoir à recevoir des instructions des ambassades". Quant à Ismaïl Boulahya, dirigeant du Mouvement des démocrates socialistes (MDS), l'une des principales formations de l'opposition légale, il s'insurge contre ce qu'il considère comme une "manœuvre opportuniste, surtout dans le contexte de la prochaine tenue du SMSI, que l'ensemble des Tunisiens sont censés contribuer à faire réussir par-delà leurs différences d'opinions, (loin) de toute forme d'ingérence extérieure". Deux grévistes de la faim hospitalisés Deux des huit opposants tunisiens qui observent une grève de la faim depuis 13 jours pour réclamer plus de libertés ont été hospitalisés dimanche à la suite de la détérioration de leur état de santé, a-t-on appris auprès du Dr Fethi Touzri, membre de la commission médicale qui veille sur les grévistes. Selon le médecin, le premier évacué est l'avocat Abderraouf Ayadi, vice-président du Congrès pour la République (CPR), un parti non reconnu. Me Ayadi, qui avait eu une alerte, il y a deux jours suite à un problème hépatique et rénal, a été admis à la clinique El Manar de Tunis. Les examens qu'il y a subis ont relevé des "anomalies cardiaques sévères". Il doit être gardé sous observation médicale pendant au moins 48 heures, son état étant jugé "assez critique et inquiétant", a ajouté Dr Touzri. Dans la soirée, un autre gréviste, Mohamed Nouri, le plus âgé d'entre eux, 66 ans, a perdu connaissance à la rupture du jeûne de Ramadan et s'est blessé au visage en tombant, a précisé le praticien. Souffrant d'un "coma hypoglycémique", le président de l'Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP-non reconnue), déjà hypertendu, a dû à son tour être hospitalisé, selon le médecin. Après avoir subi des examens cliniques, il a rejoint ses camarades en grève de la faim. Les autorités accusent les grévistes de vouloir exploiter le Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) prévu à Tunis dans quelque deux semaines "à des fins de propagande". Ayadi jette l'éponge Un des huit opposants tunisiens en grève de la faim depuis 15 jours pour réclamer plus de libertés, Abderraouf Ayadi, a décidé mercredi de rompre le mouvement en raison de la détérioration de son état de santé Vice-président du Congrès pour la République (CPR), un parti non reconnu, Me Ayadi (55 ans) a pris cette décision à la demande des autres membres du groupe. Ceux-ci ont pris en considération un rapport médical attestant que "la vie du gréviste était en danger et que son traitement par des injections ne suffisait plus à arrêter la détérioration de deux de ses organes vitaux, c'est-à-dire le cœur et le foie", Dimanche dernier, l'avocat gréviste avait été évacué vers une clinique de la capitale suite à un malaise cardiaque. Selon Dr Fethi Touzri, les examens qu'il a subis ont révélé "un ralentissement inquiétant de son rythme cardiaque", s'ajoutant à un problème hépatique antérieur.