Hélène Flautre, présidente de la sous-commission des droits de l'Homme du Parlement européen, a déclaré lors de sa visite en Tunisie que la situation des droits de l'Homme est «inquiétante» et «insupportable». «La situation des droits de l'homme en Tunisie est inquiétante», a déclaré samedi une parlementaire européenne après avoir rencontré deux opposants qui ont entrepris une grève de la faim d'un mois pour tenter de promouvoir la liberté d'expression. Hélène Flautre, présidente de la sous-commission des droits de l'homme du Parlement européen, a déclaré à des journalistes, lors d'une brève visite en Tunisie, que les cas de Maya Jribi, 46 ans, et d'Ahmed Nejib Chabi, âgé d'une soixantaine d'années, suscitaient des inquiétudes en Europe. «Je suis ici en Tunisie pour soutenir les grévistes de la faim et pour évaluer la situation des droits de l'Homme, que j'ai trouvée inquiétude (...) et insupportable», a déclaré Hélène Flautre, qui a rencontré les deux grévistes de la faim peu après son arrivée, vendredi. Elle devait quitter la Tunisie samedi en fin de journée. Peu après la déclaration d'Hélène Flautre à la presse, des collaborateurs de Jribi et de Chabi ont dit qu'ils avaient décidé d'arrêter leur grève de la faim entamée le 20 septembre pour protester contre un jugement leur ordonnant d'évacuer les locaux de leur parti politique. Ils refusaient toute nourriture solide, survivant par moments grâce à une intraveineuse. Les deux grévistes de la faim ont obtenu samedi du propriétaire du local l'autorisation d'y retourner, ont rapporté des collaborateurs. Le propriétaire s'était plaint de ce qu'ils utilisaient les lieux à des fins politiques ce qui, selon lui, n'était pas conforme au bail. Jribi dirige le Parti démocratique progressiste (PDP) et Chabi, fondateur de ce groupe d'opposition, est responsable de l'organe du parti. Mme Flautre a dit cette semaine qu'elle avait demandé dans une lettre au président tunisien Zine al Abidine Ben Ali de suspendre la mesure d'éviction et de respecter la liberté d'association. Le parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique, domine le Parlement où 80% des 189 sièges lui sont réservés. Six partis d'opposition se disputent les 20% de sièges restant. Le PDP a boycotté les élections législatives de 2004. Le gouvernement affirme que Ben Ali est déterminé à établir progressivement une véritable démocratie dans son pays. Le gouvernement dit avoir récemment commencé à financer les groupes légaux d'opposition pour renforcer la démocratie. Des défenseurs des droits de l'Homme expliquent que la Tunisie échappe aux critiques formulées à l'encontre d'autres dirigeants autoritaires de la région parce que ses alliés occidentaux mettent l'accent sur ses bonnes performances économiques et sur ses efforts pour contenir l'activisme islamiste.