Il y a quelques mois, l'affaire Schlotzsky's avait suscité la polémique. La récente réouverture du restaurant situé sur la corniche n'a fait que raviver les rumeurs. Cet article, réalisé suite à un entretien à bâtons rompus avec Abdelmajid et Fayçal Laraki, respectivement père et frère de Saâd Laraki, ancien administrateur de la société Beethoven, gestionnaire de la chaîne de restauration rapide Schlotzsky's, livre les dessous de l'affaire. Mis en veilleuse pendant quelques mois, le Schlotzsky's a redémarré son activité le 19 avril dernier. Campagne de communication de grande ampleur, un nouveau mode de gestion comme cheval de bataille et des prévisions d'investissement de l'ordre de 4 millions de dirhams, la franchise veut prendre sa revanche sur le laxisme qui l'a poussée à fermer boutique en décembre dernier. L'histoire a commencé il y a quelques années de cela, quand Saâd Laraki, lassé de l'activité familiale (textile), a décidé de se lancer dans la restauration rapide (fast food) : secteur porteur où les enseignes étrangères installées au Maroc (Pizza Hut et Mac Donalds) se sont bien comportées. C'est donc au salon de la franchise à Washington en 1996 qu'a eu lieu le coup de foudre entre Saâd et la jeune franchise : Schlotzsky's. Cette dernière, contrairement aux autres, ne proposait pas un produit unique (soit des sandwichs soit des pizzas) mais combinait les deux, avec en prime, une gamme très variée. Etape numéro 2 : le voyage à Austin au Texas où siège la franchise. Par la suite, tout se passe comme dans les contes de fées. Les négociations prennent une bonne tournure puisque l'enseigne est intéressée par le marché marocain qui, basé sur les expériences des enseignes concurrentes (Mc Do et Pizza Hut), offre de bonnes perspectives de croissance. La franchise est donc accordée à la société Beethoven, administrée par Saâd Laraki. C'est d'ailleurs cette société qui s'occupera de la gestion des restaurants Schlotzsky's au Maroc. Les perspectives de croissance affichées en ce temps là n'étaient pas des moindres : ouverture de plusieurs restos sur Casablanca puis les grandes villes du Royaume. Des objectifs de grande envergure mais jamais atteints. Toutefois, le premier restaurant ouvert à Casablanca n'augurait pas de cet échec, ni les autres d'ailleurs. L'affaire, après une courte phase d'adaptation, semblait marcher comme sur des roulettes et le flux de clientèle laissait présager de bonnes perspectives de développement. D'ailleurs, l'ouverture sur la corniche donnait un avant goût de l'épanouissement de l'enseigne qui n'avait pas froid aux yeux au point de gêner le concurrent numéro 1 sur son terrain de prédilection. Encore mieux, l'arrivée de Schlotzsky's a soufflé le vent du changement. En effet, l'enseigne Mc Donald a été forcée de réaménager le local et d'installer une nouvelle aire de jeu capable de concurrencer celle que le Schlotzsky's avait mise en place. Bref, tout laissait croire que la nouvelle franchise avait le vent en poupe. Trompe-l'œil Mais tout cela n'était que la partie visible de l'iceberg. C'est d'ailleurs pourquoi tout le monde a été étonné de la fermeture des deux restaurants (sis au boulevard Zerktouni et à la corniche). La Cause ? Une gestion catastrophique suite à une délégation de pouvoirs excessive. Optant pour une gestion passive où le contrôle des chiffres a posteriori n'était pas jumelé au contrôle quotidien de l'activité, Laraki junior a été la proie de ses employés. C'est ce qui ressort de la déclaration de Fayçal Laraki :“le produit, d'une manière générale, est relativement accepté. Le problème du Schlotzsky's était le laisser-aller, non vis-à-vis du client, mais dans le suivi de la gestion. On a constaté qu'il y avait énormément de vols”. Et à Abdelmajid Laraki d'ajouter : “il y a deux choses à noter. La première est le vol suite au laisser-aller. Le second point est relatif à l'inexistence d'un suivi régulier du ravitaillement.”. Break bienfaiteur Pendant l'arrêt d'activité, la franchise a fait l'objet d'innombrables rumeurs. Pour certains, il était question de sa vente. Pour d'autres, c'était la reconversion du fast-food de la Corniche en restaurant haut de gamme…La version officielle par contre, comme Abdelmajid Laraki la raconte, est la suivante : “Nous ne voulions jamais vendre, mais plutôt nous associer. On a été contacté par le représentant au Maroc de l'enseigne Quick, mais cela n'a pas abouti. Puis Fayçal m'a suggéré de relancer le Schlotzsky's avec cette fois-ci, une gestion plus rigoureuse. C'est là qu'on a décidé de redémarrer mais sur de nouvelles bases”. S'agissant du local sis boulevard Zerktouni, il est prévu d'ouvrir un restaurant “chawarma” avec la participation d'un investisseur égyptien. Et le franchisseur dans tout cela ? Apparemment, il s'est montré très compréhensif selon les dires de Fayçal Laraki : “Ils voyaient beaucoup mieux que nous les raisons de l'échec et ils ont vécu cette aventure avec nous. Ils comprenaient aussi qu'on ne pouvait faire tourner une affaire à perte même si la franchise nous a coûté 175.000 dollars. Toutefois, l'avantage avec cette franchise qui est relativement jeune, c'est sa flexibilité et sa réactivité. C'est ce qui lui a facilement permis de s'adapter à nos problèmes. Il n'a donc jamais été question de révoquer le contrat d'exclusivité qui nous lie. ” Aujourd'hui, l'affaire est relancée et la gestion est confiée à Nadia Laraki. Cette dernière s'y déploie avec beaucoup plus d'implication et d'efficacité. Et c'est sur cette base que les projets d'expansion évoqués par Saâd il y a quelques années de cela, sont remis sur la table par Abdelmajid Laraki, désormais administrateur unique de la société Beethoven.