L'affaire de l'hôtel Lincoln refait surface. Une procédure de sécurisation a été lancée par la commune de Casablanca pour éviter l'effondrement complet de l'immeuble, qui ne cesse de faire des victimes. L'information a été diffusée il y a quelques jours sur la deuxième chaîne nationale. «L'hôtel Lincoln sera restauré». Cette nouvelle aurait été tout à fait anodine s'il s'agissait d'un autre bâtiment que celui de l'hôtel Lincoln situé sur l'avenue Mohamed V. Mais il s'agit là de l'affaire d'un fleuron de l'architecture coloniale qui a été sujet à polémique. Une polémique qui oppose les autorités de la ville de Casablanca et le propriétaire de cet hôtel, Driss Bendra. Cet hôtel, construit en 1916 par l'architecte français, Hubert Bride, a atteint un seuil affolant de dégradation vers les années 94. C'est à ce moment-là, que plusieurs éboulements ont eu lieu. Ces écroulements mettent en danger la vie des passants de l'avenue Mohamed V. Entre le démolir et le restaurer, la position de la société civile marocaine était claire. Au nom de l'association Casa-mémoire, la société civile a pendant longtemps lutté pour préserver ce bâtiment. Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer l'état de délabrement dont est témoin de l'hôtel Lincoln. Après des années de silence, le ministère de la Culture a classé l'hôtel patrimoine historique par un arrêté en l'an 2000. Mais ceci n'a pas empêché le bâtiment très vétuste de continuer de s'écrouler. Il fallait donc agir et vite. Cependant,rien ne pouvait être fait tant que le propriétaire de l'immeuble refusait de donner son accord pour restaurer l'Hôtel et lui redonner vie. Contacté par ALM, Driss Bendra n'a pas voulu s'exprimer à ce sujet et sur l'avancement de l'afffaire. Depuis que l'hôtel a commencé à subir des éboulements, les négociations ont été entamées avec le propriétaire. Mais il semblerait que les négociations n'ont pas abouti et c'est pour cette raison que les autorités de la ville de Casablanca ont entamé une procédure d'expropriation ce que Driss Bendra a démenti. « L'hôtel Lincoln est en cours d'expropriation, une procédure qui risque de prendre beaucoup de temps » a déclaré une architecte casablancaise qui a souhaité garder l'anonymat. Cette décision d'expropriation est venue suite au refus d'agir du propriétaire. Mais, contrairement à ce qui se dit, ce dernier déclare qu'il veut restaurer ce bâtiment. Alors où est le fond du poblème? «C'est un problème de financement, j'ai besoin d'argent pour restaurer», rétorque Driss Bendra. En attendant de trouver une issue à toute cette polémique, les autorités de la ville ont obtenu l'autorisation de stabiliser le bâtiment. «Les échafaudages qui bloquent l'avenue Mohamed V seront supprimés et le bâtiment sera sécurisé en attendant d'être restauré». Le verdict est clair, pour l'instant, le Lincoln sera tout simplement sécurisé pour éviter qu'il ne continue de s'effondrer. L'architecte qui s'occupe du projet, de stabilisation de l'hôtel a déclaré que ces travaux marquent le début du processus de restauration. «La stabilisation de l'immeuble est en fait la première démarche vers sa restauration». Pour l'instant, seule la façade est concernée. «Tant que l'expropriation n'est pas obtenue, le bâtiment ne peut pas être restauré» a déclaré la même source précitée du côté des autorités. Les travaux de stabilisation devraient débuter au mois de mai. Cette information est démentie par Driss Bendra. «Tout cela c'est du n'importe quoi». Mais alors quelle est la vérité dans tout ça ? Personne ne sait ; face aux déclarations des uns et des autres c'est le flou total. L'hôtel Lincoln cessera-t-il vraiment de menacer la vie de centaines de passants du boulevard Mohammed V ? En tout cas il en va de la sécurité des habitants de la ville de Casablanca.