Dans l'état actuel des choses, vivre de l'Internet est une activité à haut risque. Le développement anarchique des cybers et le monopole d'Ittisalat Al Maghrib sont pour certains opérateurs, la principale cause de cette crise. Encore inaccessible en 1996, l'Internet est aujourd'hui à la portée de tout le monde. Preuve à l'appui, selon une étude commandée par l'ANRT, le nombre d'internautes avoisine les 500.000 avec une croissance annuelle prévisionnelle de plus de 100 %. En 2010, ce nombre devrait atteindre les 10 millions. Pour les observateurs avertis, cette évolution n'est pas due au nombre de ménages branchés ni à l'ouverture des entreprises sur le net. Cet essor, le net le doit aux cybercafés. Métier à grande valeur ajoutée il y a quelques années, les Cybers (comme les habitués les appellent) sont considérés actuellement par les banquiers comme des activités à haut risque. La cause ? La concurrence qui ne cesse de se multiplier. “On en arrivera bientôt au chaînage comme pour les télé-boutiques” a déclaré un propriétaire de cyber, qui depuis quelque temps, rentabilise difficilement son commerce. Il est vrai que cette activité s'est largement répandue au point de trouver un cybercafé, presque, à chaque ruelle, mais comme dirait l'autre : il y a de la place pour tous. Au-delà de la concurrence, les problèmes de rentabilité que connaissent actuellement les cybers sont d'ordre de gestion. A part les problèmes de confusion entre la caisse personnelle et celle du commerce, les propriétaires se bornent à leur activité de fournisseurs de postes connectés à Internet. Cette spécialisation limite leur rendement et les expose aux dégâts de la concurrence. Il est donc conseillé d'intégrer des services annexes tels que la conception de pages WEB, organisation de séances de formation aux sociétés, voire l'installation de postes téléphoniques dans le cas où le local est spacieux. L'emplacement joue aussi un rôle très important pour garantir la pérennité de l'activité. Certains cybers sont constamment vides alors que d'autres affichent complet toute la journée. La cause de ce déséquilibre réside dans l'absence d'étude préalable à l'installation. L'investissement de base aussi laisse à désirer (ordinateurs très anciens) faisant en sorte que les internautes les fréquentent très peu. Toutefois, certains propriétaires ne paraissent pas touchés par la crise des cybers. Il s'agit de ceux installés dans des quartiers BCBG avec en prime, un investissement initial important. Ces propriétaires gèrent leur commerce comme une véritable entreprise et ne lésinent pas sur les moyens. Les prix sont en contre-partie légèrement plus élevés, sans toutefois déplaire aux clients. Quant au coût de connexion, la majorité des propriétaires de cybers contactés pensent qu'il est quelque peu élevé et qu'il serait nécessaire de le réduire vu l'état actuel du marché. D'ailleurs, pour les propriétaires avisés, l'avenir des cybers est bien tracé. Les clients sont devenus de plus en plus sélectifs et exigeants. Pour subsister, il faudra dorénavant répondre à leurs besoins avec efficacité et à moindre coût. Les cybers ne sont pas les seuls à subir la crise Internet de plein fouet. Les “providers” (fournisseurs de connections ) sont dans la même situation. Selon un professionnel du métier : “Avec le monopole d'Ittisalat Al Maghrib, être provider au Maroc est une dure affaire”. En effet, sur le marché, deux entités à peine sont rentables à travers l'activité de fourniture de connexion : Ittisalat AL Maghrib et Wanadoo. Si la première jouit amplement de sa position monopolistique, la seconde, quant à elle, a réussi cette prouesse grâce à sa politique commerciale agressive (s'attaque à la masse) d'une part et d'autre part, à travers le soutien technique et financier que lui procure Wanadoo France. Les autres entités survivent, quant à elles, à travers la vente de services à forte valeur aux entreprises clientes (l'hébergement de sites Web, réseau intra-net, solutions réseau…). Par ailleurs, le secteur souffre de sur-investissement, d'où la difficulté de rentabiliser l'activité. Il est vrai que le nombre d'internautes est en constante évolution, mais pour la quasitotalité, ils le font à travers des cybers. Rares sont ceux qui possèdent des connexions à domicile vu l'importance du coût de la communication téléphonique. Parallèlement, les difficultés que connaissent actuellement les cybers n'encouragent plus la prolifération de ce métier, ce qui représente un handicap supplémentaire pour les providers. Pour les professionnels, développer le métier ne peut se réaliser sans l'arrivée d'un nouvel opérateur sur le marché. Dans le cas où cela se réalise, les coûts connaîtront une baisse très importante, ce qui encouragera les particuliers à se connecter à leur domicile, point essentiel dans le développement de la profession.