Le conseil de la ville de Fès a décidé la fermeture des cybers à 21h en hiver et à 22h en été. Une mesure de sécurité qui ne fait pas l'unanimité auprès des gérants. «Pour l'intérêt général, on peut très bien consentir des sacrifices». Comme plusieurs autres de ses collègues, le gérant du cyber, situé au quartier populaire Bab El Khokha dans l'arrondissement de Fès Médina, a été convoqué, la semaine dernière, par le caïd. Les autorités de la ville veulent avertir les gérants des cybers d'une décision qui a été prise par le conseil de la ville : obligation de baisser les rideaux à 21h en hiver et à 22h en été. Beaucoup ont cru, au départ, qu'il s'agissait d'un effet collatéral de l'attentat, dont a été la cible un cyber à Sidi Moumen, à Casablanca. Mais, il s'avère que cette décision a précédé l'événement : «Le conseil de la ville a émis sa décision de fermer l'ensemble des cybers tôt le soir, à l'issue de sa session ordinaire du 27 février. C'est donc bien avant l'attentat du 11 mars de Casablanca. Le Conseil de la ville a agi ainsi, tout d'abord, en réponse aux nombreuses réclamations des habitants», déclare à ALM Jawad Hamdoune, troisième vice-président de la commune urbaine de Fès. Selon ce dernier, les habitants se plaignaient très souvent du vacarme que suscitent les cybers qui s'installent de plus en plus au rez-de-chaussée des immeubles et dans les quartiers populaires. Les plaintes rendaient aussi les cybers responsables du retard que prennent les enfants à rentrer chez eux. Des plaintes auxquelles s'ajoutent, bien entendu, d'autres soucis encore plus importants: «En fait, ces cybers devenaient trop nombreux et sans aucun contrôle. Le conseil de la ville a estimé qu'il était urgent pour ces entités d'être mieux organisées et donc plus transparentes», précise ce responsable. Le hasard fait bien les choses et c'est le cas. La décision de fermeture des cybers à Fès tombe à pic dans le contexte actuel qui la transforme logiquement en un moyen de sécurité. L'entrée en vigueur n'a pas été encore fixée. Les autorités locales devraient se prononcer à ce sujet dans deux semaines au plus tard, comme nous l'a souligné M. Hamdoune. Car, il faut avant tout préparer le terrain, c'est-à-dire informer les gérants des cybers à travers les six arrondissements que compte la ville : Agdal, Fès Médina, Jnane El Ward, Zwagha, les Mérinides et Saiss. Chacun de ses arrondissements devra s'en charger pour expliquer aux concernés le pourquoi de la décision. D'ores et déjà, dans des quartiers populaires de Fès, l'attentat du 11 mars a entraîné une grosse panique, amplifiée par la présence renforcée des agents de police. «On a l'impression qu'on a décrété l'état d'urgence dans ces quartiers et avec ce qui s'est passé à Casablanca, je préfère fermer tôt», confie ce gérant de cyber. Certains n'attendent, donc, pas l'entrée en vigueur de la décision pour quitter les lieux très tôt le soir. Il y en a même qui en font une habitude depuis bien longtemps comme ce gérant à Bab El Khokha qui ferme ses portes au plus tard à 22h30 pour se prémunir de tout risque de sécurité. Mais si quelques uns ne voient aucune objection à la décision de fermer boutique à 21h ou à 22h, d'autres pensent que c'est injuste . A l'arrondissement de Saiss, par exemple, ce gérant de cyber trouve que c'est «trop tôt de fermer à 21h, car c'est le moment où arrivent les étudiants qui veulent effectuer leurs recherches. Ce serait mieux que l'heure de la fermeture soit portée à 23h au moins». Dans les cybers qui fleurissent dans les quartiers, l'affluence des clients monte le soir et cela veut dire, pour le propriétaire, un manque à gagner lorsqu'il sera contraint de fermer un peu plus tôt. «Il ne faut pas oublier que le cyber est devenu pour plusieurs habitants des quartiers populaires une source de vie. Rien que dans ce quartier de Aouinat Hajjaj, on en compte une vingtaine», indique ce jeune militant associatif. L'approche sécuritaire semble prendre le dessus sur les intérêts personnels.