Mourad Yelles-Chaouche sonde la société algérienne Natif de Sidi Belabbès dans l'Oranie, Mourad Yelles est un anthropologue de talent qui tente d'extirper le mal à la racine des mystères et des complexes déterminant le comportement des cultures et des traditions dans son pays, l'Algérie. Enseignant à l'université d'Alger, Mourad est actuellement professeur à l'université de Paris VIII. Il planche, depuis de nombreuses années, sur les thématiques des littératures francophones au Maghreb , aux Antilles et au Canada ainsi que sur l'anthropologie culturelle du Maghreb. Cet écrivain de talent très attentif aux mutations de la société qui l'a vu grandir compte des amis parmi les Marocains d'Algérie retournés au Maroc. Longtemps compagnon de collège de Yelles-Chaouche Mourad, Abdelkader Aissaoui, rentré au bercail en 1968, a fait sa carrière à l'ONEP. Les autres compagnons sont tous …médecins ou chirurgiens. Le consensus du groupe a décidé de laisser le soin de la littérature à notre écrivain en solo. Quelle différence entre lui et un Addi Lahouari sociologue qui vient de se manifester dans un séminaire organisé sur nos terres pour plaider la préservation des valeurs traditionnelles positives dans l'évolution moderne des sociétés algérienne et maghrébine ? Si le second nommé s'intéresse aux évolutions et aux développements des sociétés, l'anthropologue s'attache plus spécifiquement à l'analyse des cultures, des traditions et des coutumes ancestrales des peuples. A l'instar de Malek Chabel, bien connu sur les ondes de Médi I, doublé d'un psychanalyste. Les contrastes de l'identité algérienne Mourad Yelles s'applique, dans son ouvrage " Les fantômes de l'identité " à tenter de répondre à son interrogation : "mais, précisément, de quelle identité parle-t-on aujourd'hui, lorsque force est de constater tous les jours, dans la plupart des domaines pratiques et symboliques, l'influence grandissante des modèles de consommations culturelles importées d'Amérique ou du Moyen-Orient et, surtout, des extraordinaires combinaisons auxquelles ils peuvent donner lieu ? ". Il pousse l'analyse plus loin pour saisir les tendances opposées de cultures formant la personnalité nationale, aussi différentes et diversifiées que la “culture arabo-berbère-andalouse “, "l'arabisme et la berbérité", “les héritiers de Jugurtha“, les “métissages algériens“, " maghrébinités et mondialisation " la " Rome en Afrique "… Au passage, l'auteur a publié d'autres ouvrages traitant de " Hawfi, poésie féminine et tradition arabe au Maghreb " et " Les miroirs de Janus, litttérateurs et écritures postcoloniales". Les recherches de l'écrivain aboutissent à la conclusion que “même si les fantômes d'une identité décidément problématique continuent de hanter la mémoire des Algériens de ce troisième millénaire, il faut compter qu'au final, et pour reprendre la formule du poète, c'est la vie tout court qui finira par l'emporter ". La mission du chercheur est redoutablement complexe et peut même sembler insolite et dérisoire à une époque où la mondialisation culturelle galopante est reléguée derrière les représentations identitaires. Mais si Mourad s'acharne à vouloir réveiller " les fantômes ", c'est qu'il est parti du constat que la " mémoire collective algérienne reste encore traumatisée ". Pour mieux décrire le contexte, Mourad s'appuie sur Kateb Yacine qui remarquait que " ce sont des âmes d'ancêtres qui nous occupent, substituant leur drame éternisé à notre juvénile attente, à notre patience d'orphelins ligotés à leur ombre de plus en plus pâle, cette ombre impossible à boire ou à déraciner, l'ombre des pères, des juges, des guides que nous suivons à la trace, en dépit de notre chemin, sans jamais savoir où ils vont brusquement déplacer la lumière, nous prendre par les flancs, ressusciter rien qu'en soufflant sur les cendres chaudes, les vents de sable qui nous imposeront la marche et la soif, jusqu'à l'hécatombe où gît leur vieil échec chargé de gloire, celui qu'il nous faudra prendre à notre compte, alors que nous étions faits pour l'inconscience, la légèreté, la vie tout court… ". Le professeur Nadir Maârouf, ami de longue date de l'anthropologue, témoigne de l'importance de cet ouvrage qui a consacré les qualités d'essayiste et d'enquêteur de Mourad : " le mérite de ce livre est de nous imprégner à la fois de la complexité du fantôme identitaire et de l'impérative nécessité de le déconstruire pour reconstruire notre être-au-monde autour du métissage, une réalité refoulée de nous-mêmes, sur nous-mêmes et qu'il va falloir prendre à bras-le-corps afin de nous réconcilier avec nous-mêmes d'abord, pour être ensuite au rendez-vous avec l'histoire qui est en train de se faire ".