La réélection de Sepp Blatter à la tête de la FIFA n'aura finalement pas surpris grand monde. Sauf ceux qui ont voulu s'illusionner avec la farce d'Issa Hayatou jeté dans les jambes du président en poste, pour faire le jeu des Européens qui cherchaient à déstabiliser l'instance fédérale dans l'espoir de s'assurer une mainmise sur cette autorité. Et c'est à une très forte majorité que le dirigeant suisse l'a emporté sur le candidat africain pour un second et dernier mandat, comme promis aussitôt les résultats proclamés. Car Blatter a retenu la leçon de tout le battage fait autour de sa gestion, il est vrai pas toujours rigoureuse. Il faut revenir un petit peu en arrière pour comprendre les raisons de ce bras de fer entre Blatter et tous ses adversaires déclarés, même ceux qui étaient tapis dans l'ombre en attendant le moment propice pour sortir du bois et se répandre en graves accusations (comme le secrétaire général de la FIFA, le Suisse Zen-Ruffinen). C'est en 1998 que Blatter succède à l'inamovible brésilien Joao Havelange, qui dirigeait la FIFA comme une entreprise, disons, familiale, pour rester dans les normes de la décence. Longtemps dans l'ombre de Havelange, Blatter, aussitôt installé, se comporte comme le maître absolu en matière de gestion. Et surtout, il refuse d'adopter les plans et stratégies de l'UEFA, qui entend élargir son hégémonie sur le football mondial, notamment au niveau des compétitions ouvertes aux clubs les plus riches. Dès lors, les frictions commencent entre Blatter et Lennart Johanson, le président de l'UEFA, candidat malheureux à la tête de la FIFA lors de cette élection. Si bien que la détermination du clan des Européens à faire tomber Blatter à la prochaine élection de 2002 est allée en s'accentuant. En bons stratèges, ils lui ont trouvé un concurrent tout heureux de cette soudaine confiance du Vieux continent, le Camerounais Issa Hayatou. Malgré la grosse artillerie déployée par les anti-Blatter, avec toutes sortes d'accusations à la clef (détournements de fonds), le dirigeant suisse, sans jamais se départir de son calme, a contré petit à petit toutes les manœuvres, pour gagner haut la main le droit à un deuxième mandat. Aussitôt, il a prôné la réconciliation de toute la famille du football et, en l'espèce, on peut faire confiance à ses talents de rassembleur autour de la bonne cause du ballon rond.