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Les supplices d'un jeune entrepreneur
Publié dans La Gazette du Maroc le 18 - 04 - 2005


Escroqué, emprisonné, exilé, refoulé et déshonoré
Escroqué, intimidé, harcelé, malmené, exilé puis emprisonné, Hafid Bouchaib vient d'être bafoué dans ce qu'il a de plus cher : l'honneur de sa famille. Sa fille aînée a été kidnappée et violée par ses ravisseurs. Cet ancien émigré marocain au Canada n'est toujours pas parvenu à bout de ses peines.
L'histoire tumultueuse de ce Marocain de 43 ans remonte à 1990, quand il avait décidé de monter une entreprise spécialisée dans les appareils publics de lave-linge. Il venait du pays de l'Oncle Sam et plus précisément de Californie où il a fait, en 1989, un passage dans une entreprise mondialement réputée dans le secteur, à savoir Alliance Launddry System LLC. Celle-ci était présente dans 95 pays, à l'exception de l'Afrique. Cette absence avait nourri chez le jeune marocain l'ambition d'implanter au Maroc une entreprise spécialisée dans les appareils lave-linge grand public, et pourquoi pas, de devenir le représentant exclusif de la firme américaine dans l'ensemble des pays nord-africains. Une idée qui ne manque pas de mordant pour convaincre les responsables californiens à accepter le deal. Sitôt dit, sitôt fait. Hafid reçoit alors une formation accélérée dans le montage, l'assemblage et la réparation des machines à laver au terme de laquelle il passa un accord avec ses partenaires américains pour l'importation au Maroc desdites machines.
La liste noire
Une fois de retour au bercail, Hafid avait contacté les services de douanes pour s'enquérir des formalités d'importation des machines en question. La réponse de la douane était sans équivoque : ce type de machines était inscrit sur la liste noire. C'est à partir de ce moment-là qu'un officier supérieur de la Gendarmerie royale va entrer en scène. C'était le début de tous les malheurs, passés et présents, de Hafid et sa famille. Selon les dires de Hafid venu nous rendre visite à LGM, l'officier supérieur, ayant eu vent de l'affaire, lui avait proposé ses services : lui faciliter les démarches de dédouanement. En contrepartie, il “m'avait demandé de l'associer à ma future entreprise, chose que j'avais accepté sans hésitation en raison des problèmes rencontrés au niveau de la douane”, affirme Hafid. Des contacts s'en suivirent avec les banques pour des crédits, plus particulièrement ceux octroyés aux jeunes entrepreneurs. Le choix était tombé sur une banque de la place. “Nous avions alors décidé de déposer notre dossier près la chambre de commerce de Casablanca. L'officier avait alors été désigné directeur commercial, son beau-fils directeur administratif et moi-même directeur technique” de l'entreprise, précise Hafid. “Après l'achat du pas-de -porte d'un local destiné à abriter le siège de l'entreprise, j'ai tout enregistré conformément aux lois en vigueur”. Six mois après, dit-il, la banque a donné son accord d'agrément de notre projet et, le 22 juillet 1992, elle nous a octroyé le prêt sollicité ". Cette “accélération” de la procédure serait intervenue suite à une visite rendue par Hafid et son “associé” au directeur régional de la banque à Casablanca qui serait un ami de l'officier supérieur quand ce dernier éxerçait à Kénitra.
Les tracas
Au moment où l'affaire offrait tout l'air de bien démarrer, Hafid commence à insister auprès de son “associé” de lui verser sa part de participation au capital. Au lieu de mettre la main dans la poche, l'“associé” fait visiter à l'infortuné ses propriétés immobilières, vraies ou supposées: des terrains, des villas, des appartements, des lotissements à Casablanca, Marrakech, Rabat et Kénitra, entre autres. Histoire de lui montrer qu'il n'était pas dans le besoin. Mais qu'il s'agissait plutôt d'une simple question de temps pour vendre quelques-unes de ses nombreuses propriétés et lui verser sa part de participation ainsi que celle de son beau-fils. Entre-temps, Hafid a été sollicité par ses partenaires américains à venir en Californie superviser les lave-linge en vue de les exporter vers le Maroc. Avant son départ, il a signé un chèque de 120 mille dirhams destiné à une société chargée des travaux de rénovation du siège social de leur entreprise. Le chèque portait également les signatures des deux autres “associés”, puisque libellé au nom de leur entreprise. Lors de son voyage aux USA, le chèque en question a été rejeté pour manque de provisions. Selon lui, au cours de son absence, les “associés” ont demandé à son insu un nouveau chéquier et émis certains chèques, rejetés par la banque, pour la même raison. “A mon retour et quand j'ai appris ce qui s'est passé, j'ai demandé des explications à ma banque qui m'a promis une enquête”, poursuit-il. “Mais avant les conclusions de l'enquête, j'ai été arrêté et jeté en prison. J'étais le seul à être arrêté et pas les autres alors que les chèques incriminés étaient supposés porter les signatures de mes associés et moi-même”, s'interroge-t-il. Une interrogation restée sans réponse. “Tout en étant en prison, j'ai engagé un procès contre la banque pour falsification, faux, usage de faux et abus de confiance”. Curieusement et après l'avoir esté en justice, la banque a réglé le chèque qui portait sur 12O mille dh. “A ma sortie de prison, souligne-t-il, j'ai été abordé par les responsables de la banque qui m'ont présenté leurs excuses en prétextant qu'il s'agissait d'un malentendu. Ils m'ont demandé de retirer ma plainte, ce que j'ai refusé en leur précisant que s'ils voulaient que les relations soient assainies, ils n'avaient qu'à m'indemniser à raison de 7.000 dh par jour depuis le blocage du lancement du projet, soit une année au total”. Selon ses dires, cette offre a été rejetée par ses interlocuteurs.
La prison puis l'exil
Devant les différentes formes de pressions, de menaces et de harcèlements, Hafid avait adressé des requêtes recommandées à deux responsables de la Gendarmerie demandant leurs interventions et engagé un procès contre son “associé” et un second contre sa banque, mais ce n'était que peine perdue. Un soir, alors qu'il rentrait chez lui, il a été arrêté, à l'en croire, par trois gendarmes à Médiouna, puis présenté au tribunal d'Al-Fida, encore une fois, pour chèques sans provision. Il a beau réclamer la convocation de ses “associés”, des responsables de la banque, une expertise graphologique des signatures, mais ni le procureur du Roi, ni les juges chargés de l'instruction du dossier n'ont jugé utile de le faire. Il a été condamné à 34 mois de prison, peine réduite à 18 mois par la Cour d'appel. Pendant son emprisonnement, il a appris la mort de son père âgé alors d'environ 100 ans, que son épouse a été poursuivie en justice par ses ex-associés pour refus de remise des clés du dépôt abritant les lave- linge. A cause de sa mésaventure, son épouse a été suspendue de ses fonctions pendant 4 mois après 18 ans de loyaux services au ministère de l'Equipement, chassé de son logement de fonction qu'elle occupait depuis 15 ans, sis au Km 12, route de Médiouna etc... Une fois élargi, il avait essayé de reprendre ses activités, mais il s'est de nouveau retrouvé confronté aux mêmes problèmes : cesser définitivement ses activités pour passer le relais à ses ex-associés, ou lui fomenter un autre dossier pour le renvoyer en prison. Devant ces menaces, il avait décidé de quitter définitivement le Maroc et demander l'asile au Canada. C'est ce qui fut fait le 8 juillet 1999. Mais cet asile allait lui être refusé à cause de ses antécédents judiciaires en dépit de l'intervention de son avocat, de la presse locale et même d'Amnesty international, section du Canada qui craignaient tous pour sa sécurité en cas de retour au Maroc. Sa requête n'ayant pas abouti, il a été refoulé avec sa famille pour être cueilli fraîchement à l'aéroport Mohammed V de Casablanca et reconduit en prison. Un autre procès lui a valu 8 mois de prison en première instance, aggravés par la Cour d'appel qui a porté le verdict à 12 mois.
La dignité bafouée
Alors qu'il purgeait sa peine, sa fille aînée âgée de dix-huit ans a été enlevée par des inconnus à Rabat. Ses ravisseurs l'avaient torturée puis violée sauvagement. Après avoir accompli leur forfait, ils l'avaient menacée de taire sa mésaventure, autrement, d'autres suprises beaucoup plus désagréables l'attendraient. Ils ont abusé d'elle pendant plusieurs jours avant de la relâcher. “Ils m'ont porté le coup de grace. Ils ont piétiné et traîné dans la boue ce que j'ai de plus cher: ma dignité et mon honneur”, lance-t-il les larmes au yeux. Interrogé sur ce qu'il entendait par “ils”, Hafid a désigné certains milieux officieux, qu'on doit taire, faute de preuves tangibles. A la question de savoir comment pouvait-il être si sûr de ce qu'il avançait, il répondit: “ma fille est bien instruite et a acquis une maturité précoce à cause des souffrances que nous avons endurées ensemble. Les discussions engagées par ses ravisseurs lors de son rapt l'ont convaincue qu'ils n'étaient pas de simples voyoux...”. Le viol avait engendré une grossesse que la fille avait gardée secrète par crainte du déshonneur et des menaces proférées par ses ravisseurs. Elle avait quitté le domicile familial pour Casablanca où elle a enfanté loin des regards curieux et revanchards. Aujourd'hui, elle vit au sein d'une association d'accueil de femmes en difficulté. Son père ne l'a jamais revue depuis le jour où il a été arrêté à l'aéroport de Casablanca.


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