Compétitivité des pays arabes Le 7è rang qu'occupe le Maroc dans le classement du Forum économique mondial sur 12 pays choisis peut être relativisé. N'auraient été le pétrole et le gaz, le Maroc aurait pu se positionner parmi les trois premiers pays. Analyse. Le Maroc a été classé par le Forum économique mondial 7è pays arabe sur 12 dont les économies sont les plus dynamiques en termes de compétitivité. C'était la semaine dernière, au Qatar, lors d'une rencontre axée sur le thème : " la compétitivité du monde arabe". Outre le Forum économique mondial, y étaient aussi présents quelque 200 experts internationaux dont ceux du FMI et de la Banque mondiale. Ce classement est-il justifié ? Ou a-t-on choisi d'autres critères comme les richesses pétrolières et gazières pour expliquer la compétitivité des pays arabes. Selon les conclusions du Forum économique mondial, le Qatar est le pays le plus compétitif, suivis par les Emirats arabes unis et Bahreïn. Les autres pays qui arrivent dans ce classement avant le Maroc sont dans l'ordre, la Jordanie, la Tunisie et l'Arabie saoudite. Le trait commun de tous les devanciers du royaume, exceptés, la Tunisie et la Jordanie, sont des grands pays producteurs de l'or noir. Ce qui expliquerait certainement cette position du pays. En revanche, dans ce classement, le Maroc devance l'Algérie, le Liban et le Yémen. D'après le rapport du Forum économique mondial publié le 26 mars 2005, il ressort que le rang du Maroc est dû notamment à son succès dans son programme de privatisation. A cet égard, il est à rappeler que les flux des investissements directs étrangers au Maroc ont connu un bond en avant. Ainsi, les IDE et prêts privés ont augmenté de 213 % ces 5 dernières années et ont atteint 11 milliards de dollars américains, alors que pour la période allant de 1994 à 1998 ils ne représentaient que 3.6 milliards de dollars. Cette forte augmentation des IDE est notamment due au climat devenu beaucoup plus favorable pour les investisseurs. Le principal investissement réalisé ces dernières années est sans conteste le 1.7 milliards de dollars investis par le franco-espagnol Altadis pour le rachat de la Régie des tabacs. Les Espagnols arrivent en tête en 2003 parmi les investisseurs étrangers avec 2 milliards de dollars, suivis par les Français (300 millions) et les Américains (53 millions). En termes de secteur, 2 milliards sont allés à l'industrie contre 210 millions à l'immobilier, 90 millions aux services et 63 millions aux télécommunications. Tous ces investissements étrangers ont représenté, en 2003, 5.6 % des 40 milliards de dollars du produit national brut. Il n'y a qu'en 2001 que les IDE ont représenté un pourcentage supérieur au PNB avec un taux de 8.7%. On voit que ce genre d'investissements est indispensable pour l'amélioration de la compétitivité d'un pays. D'autant plus que ces investissements sont accompagnés de transfert de technologies. Ce qui va permettre au pays de mieux se positionner par rapport à ses concurrents. Grâce à cet attrait, on a pu drainer des investissements extérieurs particulièrement importants vers les secteurs industriels, des télécommunications, du tourisme… Cela n'a pas été sans conséquence sur l'attractivité de la destination Maroc. Dans le concert des nations arabes, le Maroc est passé de la troisième place en 2003 à la première en 2004 en termes d'IDE. C'est la raison pour laquelle il faut relativiser ce classement du Forum économique mondial. À supposer qu'on ait fait table rase sur les instruments d'analyse utilisés pour déterminer les pays arabes les plus compétitifs, le Maroc aurait été troisième derrière ses éternels alter ego, la Tunisie, et la Jordanie. Deux pays ne disposant pas comme lui de rente pétrolière et gazière.