Abdallah Kadiri, Saâdeddine Othmani Il appartient à ces hommes politiques marocains (je le lui concède) qui ont toujours porté haut les métaphores de la bêtise. Même, qu'il le sera pour longtemps. Lui, c'est mon préféré : Abdallah Kadiri, le chef du PND. Du déjà vu, dites-vous ? Détrompez-vous, Si Abdallah a un don que les autres peinent à garder, car ils finissent toujours par se taire, lui, il innove, excelle et même se surpasse. Rarissime, il n'y a que lui qui soit capable de cet exploit. Des preuves ? En voici une: Assabah rapporte que le patron du PND est allé voir ses ouailles et bien d'autres badauds à Kénitra. Peu importe la raison, ce qui est par ailleurs important voire impératif, c'est de saisir l'occasion pour faire le tour de l'actualité. L'actualité, comme vous n'êtes pas sans le savoir, pour être sous ses feux il n'y a pas mieux qu'un écart de langage. Quoi au juste ? “Le Parlement est plein (sic) de barmen ( non les serveurs, mais les propriétaires. Nuance, donc)”, s'insurge le vertueux chef qui aime bien s'identifier à ces petites gens du bled. Rien que ça ? Làs ! Kadiri trouve qu'il y a aussi “plein de trafiquants de drogue.“ A en croire Assabah du 18 janvier courant, au parlement il n'y a que des mafiosi, des Al Capone et autres Mounir Erramach. Franchement, ce Parlement qu'on a, n'est pas une fierté. Mais de là à dire qu'il n'y a que la pègre, dépasse tout entendement. Bon, continuons : cet état de fait a ses conséquences bien entendu. Kadiri en est conscient. Toujours à cheval sur les principes, on ne badine pas avec lui, ni avec la suite de son raisonnement : “le résultat de cet état des lieux c'est que le Parlement est une institution qui ne produit rien !” Même pas du cannabis ? La réponse importe peu. Il n'en demeure pas moins qu'une autre question s'impose : Kadiri étant bel et bien un chef de députés, serait-il le chef d'alcooliques anonymes ou d'accros du shit ? C'est mon raisonnement et il est simple : ou bien il fait partie de ces “délinquants”, ou il est simplement un abstentionniste invétéré. Les siens, au moins. Dans un cas comme dans l'autre, il est dans le tort. Franchement, je ne vois pas comment les élus du PJD, de l'USFP, de l'Istiqlal et autres prendront la chose. Néanmoins, il m'est un peu inconcevable d'imaginer un Abdelilah Benkirane avec un joint au bec ! Pas la peine d'aller chercher plus loin, et contentons-nous de la suite de ces perles apparemment offertes aux lecteurs à l'occasion de l'Aïd Al Adha. “Certains militaires, analyse Kadiri, ont tué injustement des gens à Skhirat”. Personne ne dira le contraire, et encore moins défendra cette félonie ou ses auteurs. Kadiri trouve, également que “ces gens-là ont eu droit à des indemnités faramineuses prélevées des deniers publics”. Encore une fois, Kadiri est dans le droit de contester ce qu'il prend pour une anomalie. Alors ? Alors là où le bât blesse et la raison fait sourire c'est quand il ajoute : “nous sommes tous responsables”. Autrement : responsable de ce putsh et ses victimes inocentes qui sont tombées sous les balles de fous enragés ? Décidément, Kadiri ne sait plus à quel saint se vouer. Ni au présent, ni au passé d'ailleurs. Saâdeddine Othmani, maintenant. Rassurez-vous je n'ai rien contre lui. Et encore moins contre son parti. Je ne parlerai pas de l'affaire du Tsunami. Juré. Il ne m'en souvient pas moins que Othmani avait, comme les siens d'ailleurs, jugé inique la campagne qui les a visés concernant un article sur le séisme sud-asiatique. Et partant, ils ont organisé, Saâdeddine (vous voyez bien que je l'appelle par son prénom) en tête, un sit-in contre cette cabale à leur encontre. Droit de défense. Point. Mais Saâd (ne me voilà-t-il pas plus intime maintenant) dit “ne pas avoir lu l'article”. Il jure par ses grands dieux qu'il n'a pas eu vent de l'écrit par qui le scandale arriva, ne pas l'avoir vu. Et pourtant, il n'a pas mâché ses mots pour répondre à tous ceux qui l'ont mis (et son parti) dans la ligne de mire. Ça, c'est une guerre vraiment sainte. Et je peux vous confier sans détour et le plus humblement possible que les voies du Seigneur sont impénétrables. Amen. P.S. : je ne suis pas sûr que le directeur va apprécier. Mais une chose est sûre : il sera d'accord que ces bêtises nuisent d'autant plus aux gens qui s'en offusquent qu'à leurs détracteurs. Aussi bien Kadiri que Othmani “pensent là où ils ne se trouvent pas”. Et c'est un cogito qu'un psychanalyste comme Lacan n'hésite pas à nommer : l'haïnamoration. En clair : aimer soi-même en se haïssant. Le moi est haïssable ?