Marché des changes Avec la circulaire n° 1688, les autorités monétaires donnent de nouvelles perspectives au marché des changes. Afin de mieux cerner la valeur ajoutée de cette mesure, nous avons contacté plusieurs professionnels de la place qui n'ont pas hésité à nous donner leurs points de vue. Le marché des changes national est en pleine mutation. C'est ce que suggèrent les nouvelles dispositions prises par les autorités monétaires durant l'exercice 2002. La circulaire n° 1688 du 20 mai 2002 ouvre de nouveaux horizons aux banques nationales en termes de diversification. En effet, les établissements financiers nationaux peuvent désormais constituer des dépôts en devises auprès des banques étrangères, ce qui élargit leurs possibilités de placements en devises. Ces dernières se limitaient, auparavant, au placement auprès de confrères nationaux ou de BAM. Parallèlement, les banques qui ne pouvaient placer que les dépôts des comptes en devises des MRE, peuvent, grâce à cette nouvelle circulaire, placer les encaisses de leur clientèle nationale. En outre, les dépôts en devises dans des banques étrangères permettraient aux banques de répondre à temps aux échéances de leur clientèle (paiement des fournisseurs en devises) et d'éviter les fréquents retards actuels, qui occasionnent des paiements d'agios. Les opérateurs du marché sont d'ailleurs unanimes : “cette nouvelle mesure ouvre de larges opportunités en termes de placement, puisque les banques auront plus de liberté pour confronter les offres de placement (nationales et internationales) et choisir celles qui conviennent le mieux à leur objectif de rentabilité et de diversification”. Pourtant, le placement de l'excédent en liquidité ne pourra se faire de manière systématique. Il devra obéir à un certain nombre de contraintes, d'ordre réglementaire, d'une part, liées à la rentabilité des placements, d'autre part. Concernant le premier volet, les autorités ont fixé le plafond de 20% de fonds propres comme limite des positions de change. Cette règle ne doit toutefois pas être interprétée comme le fait que les banques vont automatiquement placer à l'étranger leur excédent à hauteur de 20 % de leurs fonds propres. Le choix de placer à l'étranger doit obéir à plusieurs critères liés à l'échéance, à la rentabilité… Le second volet (rentabilité des placements) est le plus sensible. La banque ne pourra envisager de placer son excédent de trésorerie à l'étranger qu'après avoir épuisé l'ensemble des possibilités de placement offertes au niveau national. Ce n'est que par la suite qu'elle pourra opter pour un placement à l'international. Cette situation conforte l'idée que les 20 % des fonds propres ne peuvent être atteint. Parallèlement, “les banques auront constamment à arbitrer entre le “spread” (différence entre le taux d'achat et de vente), le risque de change et les opportunités de placement qui s'offrent à elles”. D'autant plus que les taux à l'étranger sont relativement bas en cette période. Par exemple, mis à part le risque de change auquel sera confrontée la banque, pour un taux de rendement annuel de 3 % sur une durée d'un mois, le taux de 0,25 % de rendement mensuel doit être supérieur au spread. Ce qui laisse une marge négligeable. Sans oublier le risque de change, qui reste très important sur le court terme. Selon les analystes de la place, pour contrecarrer le risque de change et garder une bonne marge, comparée à la différence entre le cours achat/vente, les banques auraient à investir dans une vision à moyen long terme. D'ailleurs, historiquement, le cours du dirham ne fait que se déprécier à long terme. Les banques pourraient ainsi gagner au niveau du taux et au niveau du change. Parallèlement, pour éviter l'effet spread, les banques ne placeraient que les devises dont elles disposent déjà à l'étranger. Ceci étant, les taux à l'étranger ne sont pas figés. On pourrait, dans ce cas-là, supposer que les banques convertissent leur excédent et le placent à l'étranger. En effet, dans l'état actuel des choses, les marchés monétaire et obligataire connaissent une importante sur-liquidité, qui reste toutefois conjoncturelle. Pourrait-on redouter que les banques placent leur excédent non adjugés sur le marché national à l'étranger (ce qui entraînerait la hausse des taux) ? Pour que cette possibilité se concrétise, il faut, d'une part, que les banques trouvent où convertir leurs fonds (Qui voudrait bien acheter du DH!) et, d'autre part, que les marchés internationaux offrent des opportunités de placement très attrayantes. Dans ce cas de figure, on pourrait s'attendre à une conversion d'une partie de cet excédent en devises et à son placement sur le marché international. Ceci étant, on est très loin d'en arriver là. Les taux sur les marchés étrangers sont très bas, et la sur-liquidité du marché national n'est que conjoncturelle ayant pour objectif de faire baisser les taux. D'ailleurs, les analystes prévoient, pour 2002, un certain équilibre entre l'offre et la demande. Ainsi, tout laisse croire que les fonds qui seront placés sur les marchés internationaux ne concerneront que les positions en devises que possèdent les banques et qu'on n'assistera pas à une conversion massive des excédents des banques.Il est vrai que les initiatives des autorités monétaires marquent leur réel intérêt à développer le marché de change national. Elles sont toutefois insuffisantes. La prochaine étape ? Les professionnels du marché des changes s'accordent à dire qu'après les possibilités de placement sur les marchés étrangers, il conviendrait de leur permettre d'emprunter sur ces mêmes marchés. Cette proposition a déjà été faite, mais il n'est pas sûr qu'elle aboutisse rapidement