Après la reconnaissance de la fantomatique RASD par l'Afrique du Sud Aussi incroyable que cela puisse paraître, c'est une minorité constituée d'une poignée de pays africains (une dizaine) emmenés par l'Algérie, qui continue d'imposer son diktat à la majorité des Etats du continent. Preuve de l'extrême défaillance et de la mollesse caractérisée de la diplomatie marocaine, la majorité relative dont dispose le Maroc dans le continent ne lui sert finalement à rien. L'entrée en jeu de l'Afrique du sud parmi les pays reconnaissant officiellement la fantomatique RASD, au lieu de mieux éclairer les choses, risque ainsi de brouiller les cartes et d'avoir des conséquences fâcheuses sur l'avenir du dossier du Sahara et peut-être même d'influer négativement sur la décision que le Conseil de Sécurité de l'ONU serait amené à prendre avant la date butoir qu'il s'est fixée pour le 31 octobre prochain. La Gazette du Maroc revient sur la situation de la diplomatie marocaine en Afrique et met nos politiques en garde contre les mauvaises surprises que leur réserverait Abdelaziz Bouteflika et ses deux grands alliés : les Sud-africains qui viennent de franchir le rubicon en reconnaissant la RASD et le Nigéria qui assume depuis le dernier sommet de l'UA à Addis-Abeba la présidence tournante de la nouvelle Union Africaine. On savait depuis le 31 juillet 2003, que l'affaire du Sahara marocain est entrée dans une phase délicate et sans doute déterminante dont l'issue risque d'être périlleuse pour l'unité et la stabilité de la nation marocaine. Déjà en juillet 2003, le Conseil de Sécurité de l'ONU avait en effet adopté une résolution américaine votée à l'unanimité par ses 15 membres appelant à l'application du plan de règlement concocté par l'ancien secrétaire d'Etat américain, James Baker, et prévoyant notamment une phase de transition étalée sur cinq années, “pouvant favoriser un règlement négocié susceptible de conduire à la mise en place d'un Conseil Consultatif Sahraoui (CCS) qui gérerait le territoire durant une période de cinq années et permettrait un règlement de la question du Sahara sur la base des principes négociés et adoptées à Houston”. Un plan qui n'a jamais été pris en considération, ni le jugement rendu par la Cour Internationale de Justice de La Haye (CIJ) confirmant l'existence de liens d'allégeance entre les populations du Sahara et les Souverains marocains, ni la détermination du peuple marocain à défendre jusqu'au bout la marocanité de ses provinces sahariennes, ni les accords du 14 novembre, signés par le Maroc et l'Espagne du Général Franco au lendemain de la glorieuse “Marche Verte” et enregistrée par l'Assemblée Générale de l'ONU, ni les atteintes graves et les préjudices que l'application précipitée du plan Baker pourrait avoir sur la souveraineté marocaine et encore moins les risques de déstabilisation qu'un partage, une partition ou l'émergence d'un sixième Etat maghrébin pouvaient avoir sur l'ensemble des pays de la région. Mais si la classe politique marocaine, toutes tendances confondues, autant que la diplomatie ont continué à se cantonner dans un rejet catégorique et systématique des dispositions contenues dans le plan Baker , en particulier celles relatives à l'association du Front Polisario à la gestion directe du Sahara durant la période transitoire, il faut bien relever qu'en dehors des initiatives Royales en direction de certains pays occidentaux tels la France, les USA et l'Espagne, la diplomatie marocaine, toujours handicapée par sa gestion bicéphale n'avait pas été suffisamment opérationnelle et efficace en vue de mettre en valeur tous les acquis accumulés par le Maroc durant les quinze dernières années et qui ont notamment conduit des dizaines de pays de par le monde, à geler ou à retirer purement et simplement leur reconnaissance à la fantomatique RASD. Ainsi, à six semaines de la nouvelle réunion du Conseil de sécurité de l'ONU et de sa nouvelle résolution sur le Sahara attendue pour le 31 octobre 2004, les adversaires du Maroc semblent affûter leurs armes en vue de faire ressortir une résolution onusienne encore plus contraignante pour le Royaume. Alors que l'Espagne, membre du Conseil de sécurité tout au long des deux dernières années, s'apprête à laisser son siège au soir du 31 décembre prochain, plaide déjà pour une nouvelle prorogation du mandat de la Minurso (Mission de l'ONU au Sahara Occidental) dirigé depuis le retrait de James Baker par le Péruvien Alvaro De Soto , “il est temps, affirme le ministre espagnol des Affaires étrangères Angel Moratinos de mettre en place les mécanismes susceptibles de conduire à un règlement négocié applicable”, les voisins algériens qui avaient fait leur entrée au Conseil de Sécurité le 1er janvier 2004 misent cette fois sur leurs nom-breux alliés, en Afrique et ailleurs, en particulier l'Angola et le Brésil mem-bres du Conseil de Sécurité pour tenter de damer le pion aux Marocains. Une démarche qui semble sur le point d'aboutir avec notamment cette reconnaissance contre nature de la RASD par la République sud-africaine. Une reconnaissance qui pourrait sans doute influer sur nombre d'Etats et de régimes africains anglophones d'Afrique orientale et australe qui continuent de se déclarer “non concernés” par une tension qui ne regarde que les pays du nord-ouest africain. Toujours est-il que même si la reconnaissance de la RASD par une puissance aussi crédible que celle d'Afrique du Sud, ne risque pas , du moins dans l'immédiat, de peser trop lourd dans le bras de fer maroco-algérien sur le Sahara, il est certain que cette nouvelle donne risque d'aggraver la situation de notre diplomatie, aussi longtemps qu'une riposte efficiente et efficace n'aura pas été effectuée d'ici là. Les pays favorables à la thèse marocaine (21 pays sur 53) 1- Sénégal 2- Gabon 3- Burkina Faso 4- Guinée Conakry 5- Gambie 6- Côte d'Ivoire 7- Congo Brazzaville 8- Centrafrique 9- Cameroun 10- Niger 11- Togo 12- Bénin (membre du Conseil de sécurité ) 13- République Démocratique du Congo (RDC) 14 - Liberia 15- Sierra Léone 16-Sao Tomé 17- Soudan 18- Djibouti 19- Iles Comores 20- Guinée Equatoriale 21- Somalie En plus de ces 21 pays africains considérés comme étant nos amis et alliés traditionnels et qui appartiennent à la zone d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale, une diplomatie marocaine efficace et entreprenante a réellement les moyens d'enrôler au moins une quinzaine d'autres pays anglophones d'Afrique orientale, d'Afrique australe et de l'océan indien. Avec un pactole de 36 voix, soit les deux tiers des pays membres de l'Union Africaine , le Maroc aura non seulement les moyens de mieux démasquer les manœuvres de ses adversaires mais également de réunir les deux tiers des voix majoritaires susceptibles de conduire à l'expulsion de la RASD et à accélérer le processus de son retour au sein de l'organisation panafricaine. Les pays officiellement neutres 1- Mauritanie 2- Tunisie 3- Egypte 4- Libye 5- Nigéria Généralement pour des raisons géopolitiques et dans un souci d'équilibrer leurs rapports avec les deux frères ennemis du nord, le Maroc et l'Algérie, six pays se sont tenus jusque-là à une position de stricte “neutralité” : La Mauritanie interprétant sa neutralité par une reconnaissance de la RASD tout en cherchant constamment à normaliser et à améliorer ses relations avec Rabat et Alger. La Tunisie et l'Egypte, quant à elles, adoptent une neutralité qui leur permet de ne s'aliéner aucun des deux pays maghrébins belligérants. La Jamahiriya Libyenne du Colonel Kadhafi, après avoir été parmi les plus actifs soutiens financiers et militaires du Polisario s'en tient depuis 1985 à une forme de neutralité au même titre que le Nigéria du Général Obasanjo et l'Afrique du Sud de Nelson Mandela puis de Thabo M'beki lesquels soutenaient depuis toujours la thèse séparatiste du Polisario en catamini sans jamais pouvoir franchir le rubicon d'une reconnaissance officielle comme vient de le faire les Sud-africains. Les Africains membres du Conseil de sécurité L'Algérie et l'Angola avec le Polisario, le Bénin avec le Maroc Après la fin du mandat du Cameroun et de la Guinée Conakry en tant que membres du Conseil de sécurité, le Maroc ne peut plus compter que sur le Bénin de Mathieu Kérékou, lequel reconnaissait la RASD avant de revenir à de meilleurs sentiments à l'égard de notre pays. Lors du prochain débat sur le Sahara, on suivra plus particulièrement l'attitude de la France, qui soutient le Maroc, l'Espagne qui a demandé une prorogation du mandat de la Minurso , mais aussi des mem-bres permanents que sont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine Populaire ainsi que de pays influents tels l'Allemagne, la Roumanie et la Bulgarie en Europe, le Pakistan et les Philippines en Asie sans oublier le Brésil, qui se déclare disposé à améliorer ses relations avec le Maroc tout en persistant à reconnaître la fantomatique RASD.