Visite express de José Luis Rodriguez Zapatero, chef du gouvernement espagnol, au Maroc. Un court séjour qui ne l'a pas empêché de baliser le chemin vers un renouveau des relations bilatérales. Il l'avait promis avant même son investiture, et il a tenu parole. Le premier déplacement officiel du chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, à l'étranger a été réservé au Maroc. C'était le samedi 24 avril 2004. Courte visite certes, mais chargée de symboles. Le déplacement du locataire de la Moncloa inaugure une nouvelle ère dans les relations maroco-espagnoles détériorées depuis l'éclatement de l'affaire de l'îlot Leïla. À Rabat comme à Madrid, l'harmonie est aujourd'hui de mise. La page des discordes est tournée et la tension qui a caractérisé les rapports entre les deux pays, tout au long de la législature de l'ancien chef du Parti populaire, Josè Maria Aznar, relève désormais du passé. En effet, la primeur accordée au Maroc par le nouveau chef du gouvernement espagnol marque le coup d'envoi d'une réconciliation manifeste sur fond de lutte antiterroriste. La plaque commémorative, à la place Mohammed V, inaugurée à la mémoire des victimes des attentats terroristes perpétrés le 16 mai 2003 à Casablanca, par S.M le Roi Mohamed VI et José Luis Rodriguez Zapatero, témoigne, si besoin est, de la détermination et de l'engagement des deux pays dans la lutte antiterroriste. Solidarité agissante Ce jour-là, une foule dense représentant le tissu associatif et des anonymes brandissaient des banderoles où l'on pouvait lire notamment des messages comme «le terrorisme ne passera pas», ou «El terrorismo no vencera», ou encore «le peuple marocain n'est que plus solide, plus tenace, et plus déterminé à construire le Maroc de l'unité, de la démocratie, du progrès, de la solidarité et de la tolérance ». Le Maroc et l'Espagne, qui ont souffert de la pieuvre intégriste, sont plus que jamais déterminés à coopérer et à renforcer leur collaboration dans la lutte contre le terrorisme. “Nous nous sommes engagés à consolider la coopération antiterroriste entre nos deux pays victimes de dramatiques attentats”, avait assuré Zapatero au cours de la conférence de presse tenue à la Wilaya de Casablanca. Les deux peuples de par la compassion qui les a unis ont évité les amalgames comme n'a pas manqué de le souligner le chef de l'exécutif espagnol qui s'est félicité de la réaction des Espagnols qui n'ont “à aucun moment confondu quelques fanatiques terroristes avec les ressortissants marocains”. Des Marocains qui continuent à braver régulièrement les dangers de la mer Méditerranée pour aller quérir une fortune hypothétique en terre d'Espagne. À ce propos, José Luis Rodriguez Zapatero a appelé à favoriser une “immigration ordonnée et régulière” tout en renforçant les moyens de lutte contre les réseaux d'immigration clandestine. Malgré les progrès enregistrés par le Maroc, loués au passage par le chef du gouvernement espagnol, il a été convenu d'aborder ce problème épineux au cours des prochaines réunions ministérielles qui devraient donner corps à plusieurs décisions arrêtées lors de l'entrevue avec les responsables marocains. Au cours de son court périple, José Luis Rodriguez Zapatero a également eu l'occasion de s'entretenir avec S.M. le Roi Mohammed VI, le Premier ministre, Driss Jettou et Mohamed Benaïssa, ministre des Affaires étrangères. Passage obligé de ces discussions, le conflit du Sahara a été au menu des discussions. Pour José Luis Rodriguez Zapatero, il est possible de trouver un “point d'équilibre qui respecte les droits de toutes les parties” et permettra de déboucher sur un «grand accord entre toutes les parties, dans le cadre des Nations Unies». Une telle possibilité, a averti le Premier ministre espagnol, ne pourrait voir le jour sans un «véritable dialogue» et tant que les parties auront des «positions de principe trop absolues». Loin des thèmes politiques, José Luis Rodriguez Zapatero a affirmé que son pays apportera un appui inconditionnel à la candidature du Maroc pour l'organisation de la Coupe du monde 2010. Une manifestation qui aura des effets certains sur l'économie marocaine. Celle-ci devrait profiter du prochain renforcement des investissements ibériques au Maroc. Autant dire que c'est une nouvelle page de la coopération bilatérale qui s'est écrite à Casablanca samedi 24 avril 2004.